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Dans le comté d'Homa Bay qui borde le lac Victoria, dans l'ouest du Kenya, le sida reste une préoccupation majeure. Chaque jour, une équipe de Médecins sans Frontières (MSF) part en arpenter à pied les endroits les plus isolés pour convaincre les gens de se faire dépister.
Entre les bananiers, manguiers, avocatiers et les plantations de maïs, Patrick Kibira Ochoro et ses hommes sillonnent les sentes ravinées par les pluies de novembre. Ils frappent aux portes, prennent le temps de discuter, d'expliquer et tentent de persuader. "Pour de nombreuses personnes ici, le VIH (virus du sida) n'est pas vraiment un problème. Pour eux, la priorité, c'est la nourriture et l'eau", souligne Patrick. "C'est pour ça qu'on leur parle, pour s'assurer qu'ils comprennent que c'est important pour eux d'être testés au moins une fois par an." Le nombre d'infections par le VIH a beau avoir diminué de 35% sur les 15 dernières années au niveau mondial, selon l'ONU, la lutte contre le sida est encore loin d'être gagnée à Homa Bay. Le comté a la proportion de malades du sida la plus forte du Kenya et l'une des plus élevées au monde. Confrontée à la sinistre réalité des chiffres, MSF a modifié son approche: l'ONG a décentralisé son mode d'action pour aller au-devant des gens, plutôt qu'attendre qu'ils viennent à elle.
MSF concentre ses efforts sur le sous-comté de Ndhiwa, à l'intérieur des terres. Une étude menée par l'ONG en 2012 portant sur Ndhiwa avait révélé des chiffres très inquiétants. Le sous-comté présentait un taux de prévalence (pourcentage de personnes infectées) de 24,1% - contre 5,5% la même année à l'échelon national, selon des chiffres de l'Onusida - et un taux d'incidence (pourcentage de nouveaux cas d'infection) de 2% - contre 0,25%. Selon cette étude, 41% des personnes infectées ne savaient pas qu'elles étaient séropositives.Un ensemble de raisons socioculturelles expliquent que cette région est plus touchée que d'autres.
L'échange de faveurs sexuelles contre du poisson y est une pratique courante et la prostitution y est répandue. Autre facteur: le remariage des veuves avec un homme de la famille de l'époux défunt - qui ainsi "hérite" de la veuve - est une coutume de l'ethnie Luo qui habite la zone. Avant de retrouver leur nouveau mari, ces femmes doivent avoir des relations sexuelles avec un homme, dont la fonction est de les "purifier".
Lillian Atieno Ochola, 37 ans, est devenue séropositive il y a 14 ans, après un tel "héritage": la maladie lui a été transmise par son second mari et elle a elle-même contaminé son fils en le nourrissant au sein, avant de savoir qu'elle était malade.
Depuis, elle essaie de mettre en garde ses voisines. "Je conseille vivement aux autres femmes de ne pas se laisser +hériter+ avant que leur futur mari soit testé", dit-elle, assurant que les gens "réagissent bien, demandent conseil et se font dépister". Les Luo pratiquaient aussi traditionnellement la polygamie. Même si elle n'est plus trop ouvertement en usage, les hommes continuent tout de même souvent à avoir des concubines cachées. Enfin, les Luo rejetaient traditionnellement la circoncision. Or, celle-ci est recommandée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), car elle réduit le risque de contracter le VIH de 60%, selon plusieurs études.
Entre les bananiers, manguiers, avocatiers et les plantations de maïs, Patrick Kibira Ochoro et ses hommes sillonnent les sentes ravinées par les pluies de novembre. Ils frappent aux portes, prennent le temps de discuter, d'expliquer et tentent de persuader. "Pour de nombreuses personnes ici, le VIH (virus du sida) n'est pas vraiment un problème. Pour eux, la priorité, c'est la nourriture et l'eau", souligne Patrick. "C'est pour ça qu'on leur parle, pour s'assurer qu'ils comprennent que c'est important pour eux d'être testés au moins une fois par an." Le nombre d'infections par le VIH a beau avoir diminué de 35% sur les 15 dernières années au niveau mondial, selon l'ONU, la lutte contre le sida est encore loin d'être gagnée à Homa Bay. Le comté a la proportion de malades du sida la plus forte du Kenya et l'une des plus élevées au monde. Confrontée à la sinistre réalité des chiffres, MSF a modifié son approche: l'ONG a décentralisé son mode d'action pour aller au-devant des gens, plutôt qu'attendre qu'ils viennent à elle.
MSF concentre ses efforts sur le sous-comté de Ndhiwa, à l'intérieur des terres. Une étude menée par l'ONG en 2012 portant sur Ndhiwa avait révélé des chiffres très inquiétants. Le sous-comté présentait un taux de prévalence (pourcentage de personnes infectées) de 24,1% - contre 5,5% la même année à l'échelon national, selon des chiffres de l'Onusida - et un taux d'incidence (pourcentage de nouveaux cas d'infection) de 2% - contre 0,25%. Selon cette étude, 41% des personnes infectées ne savaient pas qu'elles étaient séropositives.Un ensemble de raisons socioculturelles expliquent que cette région est plus touchée que d'autres.
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