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200 arrestations après une nouvelle nuit de heurts en Tunisie

49 policiers ont été blessés lors des échauffourées à travers le pays


Jeudi 11 Janvier 2018

Plus de 200 personnes ont été arrêtées et des dizaines blessées lors d'une nouvelle nuit de troubles à travers la Tunisie, alimentés par une grogne sociale persistante et de récentes mesures d'austérité.
Des manifestations pacifiques sporadiques ont débuté la semaine dernière dans le pays contre la hausse des prix et un budget d'austérité entré en vigueur au 1er janvier, prévoyant des hausses d'impôts.
La contestation a dégénéré en émeutes qui se sont propagées dans le pays dans la nuit de lundi à mardi, avec des heurts après la mort d'un homme durant une manifestation à Tebourba, à l'ouest de Tunis.
Selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Khlifa Chibani, 49 policiers ont été blessés lors des échauffourées à travers le pays dans la nuit de mardi à mercredi, et 206 personnes impliquées dans les troubles ont été arrêtées.
Mardi soir, un supermarché de la banlieue sud de Tunis a été pillé. Selon un témoin, des jeunes, la plupart mineurs, ont jeté des pierres sur les vitrines en début de soirée, profitant de la confusion ainsi semée pour voler des biens, notamment électroménagers. La police est intervenue à coups de gaz lacrymogène.
Dans la soirée et la nuit, la police et l'armée ont été déployées dans plusieurs villes de Tunisie, dont Sidi Bouzid, ville défavorisée du centre du pays d'où était partie en décembre 2010 la contestation sociale marquant le début des Printemps arabes.
Des jeunes ont coupé des routes, jeté des pierres et la police a répliqué à coups de gaz lacrymogène une bonne partie de la nuit, a indiqué un correspondant de l'AFP.
Sur l'île de Djerba, deux coktails molotov ont été jetés sur l'entrée de deux écoles talmudiques du quartier juif, Hara el-Kbira. "Il n'y a pas eu de dégâts à l'intérieur", a précisé Perez Trabelsi, un responsable de la communauté juive tunisienne.
Des incidents ont également eu lieu à Kasserine (centre), Gafsa (sud), Jedaida (nord) ou encore Zahrouni et Djebel Lahmer, des quartiers populaires de Tunis, ont constaté des correspondants de l'AFP, mais le calme était revenu mercredi matin.
A Tebourba, à 30 km à l'ouest de Tunis, des jeunes sont descendus par centaines dans les rues après l'enterrement mardi après-midi d'un homme décédé lors de heurts dans la nuit précédente, et des heurts ont éclaté avec la police.
La polémique perdurait sur les causes de la mort de l'homme, âgé de 45 ans, présenté par des manifestants comme un martyr alors que les résultats de l'autopsie organisée mardi n'ont pas encore été rendus publics. Le ministère de l'Intérieur a démenti que cet homme ait été tué par la police, assurant qu'il ne portait aucune marque de violence.
Après plusieurs années de marasme économique et d'embauches massives dans la fonction publique, la Tunisie est confrontée à d'importantes difficultés financières.
Elle a obtenu en 2016 une nouvelle ligne de crédits du Fonds monétaire international (FMI), d'un montant de 2,4 milliards d'euros sur quatre ans, en échange d'un programme visant à réduire les déficits.
Le puissant syndicat UGTT, tout en reconnaissant la légitimité des revendications de nombreux jeunes sans emploi, a condamné "la violence et le pillage", appelant à "protester de manière pacifique pour ne pas être utilisés par des parties qui ne veulent pas le bien de notre expérience démocratique naissante."
Les militants de la campagne "Fech Nestannew" (Qu'est-ce qu'on attend, ndlr) lancée en début d'année pour protester contre les hausses de prix ont appelé à manifester massivement vendredi.
Ils réclament une révision de la loi de Finances, qui a augmenté la TVA et crée différentes autres taxes, ainsi qu'une meilleure couverture sociale pour les familles en difficulté et un plan de lutte contre la corruption.
Le mois de janvier est traditionnellement marqué par une mobilisation sociale en Tunisie depuis la révolution de 2011. Le contexte est particulièrement tendu cette année à l'approche des premières élections municipales de l'après-révolution, plusieurs fois reportées et prévues en mai, et de la présidentielle prévue en 2019.
En janvier 2016, lors de la dernière importante vague de contestation sociale, la colère déclenchée par le décès d'un chômeur protestant à Kasserine s'était propagée à travers le pays, et les autorités avaient dû décréter un couvre-feu des jours durant.

 


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