​Hicham Laidi : Notre objectif est de mettre en place une stratégie de ciné-tourisme


Entretien réalisé par Mustapha Elouizi
Dimanche 30 Avril 2017


Depuis sa naissance, il s’annonçait parmi les festivals les plus 
prometteurs. Pourtant, l’absence d’une prise en conscience collective, de la part des acteurs et intervenants locaux, de l’importance d’un tel rendez-vous et de son rôle dans le développement, a fait qu’il manque de soutien. Aujourd’hui, une nouvelle génération reprend le flambeau pour renouer avec ce rayonnement et permettre aux jeunes de la 
région de tirer profit des bienfaits d’une grande manifestation. 
Entretien avec Hicham Laidi, directeur de ce festival.

Libération : Votre festival reprend après trois ans d’arrêt. Racontez-nous ce qui s’est passé.
 H.L : Pour être objectif, il existe des raisons objectives et subjectives en matière d’organisation. D’abord, les associatifs actifs dans le secteur cinématographique dans la province d’Errachidia ne se sont jamais sentis soutenus par les autorités locales ni par d’autres intervenants institutionnels en dépit des efforts communicationnels et d’ouvertures permanentes à leur encontre. Le cinéma n’était pour eux qu’un luxe et non une nécessité. De notre part, nos prédécesseurs n’ont rien fait pour promouvoir cet art auprès des  responsables, dans la mesure où leur « campagne» était occasionnelle et se limitait à demander des aides et des subventions ; du coup la relation n’avait jamais été au beau fixe. Nous avons ainsi été obligés de marquer un temps de réflexion et d’évaluer la situation à sa juste valeur.
Avec ce retour, la situation a-t-elle changé pour autant ?
Pas du tout, mais notre stratégie se base actuellement sur un plan de communication avec deux maîtres mots : l’ouverture et le dialogue. Nous sommes conscients que la confiance est un élément majeur que les gens doivent avoir pour pouvoir contribuer à l’édification d’une expérience singulière dans la région. Convaincre les institutionnels et même les autres acteurs associatifs que le cinéma est un secteur porteur et qu’il figure parmi les champs à investir pour pouvoir rentrer de plain-pied dans le développement, en s’appuyant sur les expériences du ciné-tourisme, comme c’est le cas de notre consœur Ouarzazate qui est allée loin dans ce domaine est  notre objectif. En tout cas, nous ne manquons pas de volonté ni de savoir-faire. Il suffit de conjuguer les efforts pour déboucher sur un programme global et stratégique concerté et même négocié. En effet, ce genre de projet n’est point un tremplin pour se faire une carrière ou s’enrichir. C’est une politique publique dont la mise en application nécessite un travail coordonné et recoupé. La synergie est capitale dans ce sens, et le travail personnel et individuel est à bannir.
 Qu’avez-vous prévu comme programmation ?
 Initiée sous le thème révélateur « Le cinéma, un renouveau de la prise de conscience artistique », cette édition, la neuvième pour être plus précis, est dédiée à l’une des figures les plus en vue du cinéma marocain : Mustapha Cherkaoui. Malheureusement, l’artiste est malade. Mais on a eu droit à la présence de son frère Abdelkrim, lui aussi réalisateur et directeur de photo, et d’une pléiade de comédiens marocains tels que Mohamed Rzine, Aicha Slimani, Salima Benmoumen, et du réalisateur et producteur omanais Mohamed El Kindi. Un colloque débattra exclusivement des œuvres et de la filmographie de cet éminent  réalisateur.
 Et pour la compétition officielle ?
 Il s’agit de douze courts-métrages qui entrent en lice pour remporter les prix du festival. Ces films sont réalisés généralement par des jeunes qui entament leur carrière et qui viennent de plusieurs villes du Royaume notamment Rabat, Casablanca, Taza, Ouarzazate, Errachidia, Settat, Oujda, Khouribga, Marrakech et Imouzer Kandar. Le jury qui départagera les films est présidé par Abdelkrim Derkaoui. Les autres membres sont  le comédien Mohamed Rzine, l’actrice et réalisatrice Salima Benmoumen et l’écrivain Hassan Lechhab, ainsi que le critique et réalisateur omanais Mohamed El Kindi.
 Qu’en est-il du colloque prévu pour cette édition ?
 Plusieurs critiques vont, en effet, se pencher sur l’expérience de Mustapha Derkaoui et ses différents volets artistique, esthétique et culturel … Hamid Tbatou, Mohamed Chouika, Bouchta Ferkzayd, entre autres, vont ainsi revisiter l’œuvre de Derkaoui pour élucider sa touche artistique, ses tendances intellectuelles et ses choix culturels.  Les communications présentées seront par la suite regroupées dans un ouvrage, comme c’est la tradition pour l’Association Al Qabass.
En effet, nous avons édité depuis la première édition de ce festival des livres compilant des articles autour des expériences d’artistes et surtout de réalisateurs marocains. Notre bibliothèque compte jusqu’à présent des livres sur Saâd Chraibi, Mohamed Bouâanani, Ahmed Maânouni, Daoued Oulad Sayed, Hakim Belabbès...
 Et les jeunes de la ville ont-ils une part dans la programmation ?
 Nous ne pouvons pas les oublier, puisqu’une grande partie d’entre eux constitue la fourmilière de tout ce travail. Un cycle de formation sous forme de workshops est prévu, afin de les initier aux techniques élémentaires, l’objectif étant de leur donner envie d’entamer une carrière dans le domaine ou du moins susciter chez eux une passion qui développe le sens de la vision, de la critique et de l’esthétique.





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