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Le Maroc porte la voix d’un tourisme responsable et durable à la COP30

Dimanche 16 Novembre 2025

Le Maroc fait de la durabilité un pilier de son ambition touristique, un choix stratégique que la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) a mis en avant, vendredi à la COP30, lors d’un side-event consacré aux réponses climatiques d’un secteur soumis à une double pression : préserver son attractivité tout en réduisant son empreinte carbone.

Organisée au Pavillon de la Confédération nationale de l’industrie brésilienne, la session, tenue sous le thème «Voyage & Durabilité : un tourisme responsable pour répondre aux enjeux climatiques», a réuni des acteurs institutionnels et touristiques.

Un débat crucial à l’heure où le tourisme, qui représente près de 10% du PIB mondial et 357 millions d’emplois, se trouve parmi les secteurs les plus vulnérables aux impacts climatiques (vagues de chaleur, incendies, érosion côtière, stress hydrique) tout en générant 8,8% des émissions mondiales de CO₂, dont 90% liées au transport.

Ouvrant les débats, Youssef Chaqor, vice-président de la Commission Développement durable de la CGEM, a souligné la pertinence des initiatives visant à concilier attractivité touristique, mobilité à faibles émissions et transition écologique. Il a mis en avant la place stratégique de la préservation de l’eau et l’importance de modèles fondés sur une utilisation circulaire des ressources, inscrivant ces efforts dans l’engagement global du Maroc pour un tourisme durable, rapporte la MAP.

Présentant une étude de cas sur la Palmeraie de Marrakech, Ayman Cherkaoui, directeur du Centre international Hassan II de formation à l’environnement relevant de la Fondation Mohammed VI pour la protection de l'environnement, a détaillé les actions de restauration écologique et de valorisation durable menées autour de cet héritage naturel, au cœur d’une destination touristique majeure.

Un panel consacré aux solutions pour un tourisme bas carbone a ensuite permis d’exposer diverses approches opérationnelles, allant de la mobilité aérienne durable à l’innovation dans les services touristiques, en passant par l’écotourisme.

Amine El Joudani, représentant de l’ONMT au Brésil, a mis en avant la dynamique croissante des flux touristiques entre le Maroc et l’Amérique latine, portée par le retour des vols directs et l’intérêt accru du public brésilien pour l’offre culturelle et immersive du Royaume. Il a rappelé que cette attractivité s’inscrit pleinement dans l’engagement du Maroc pour un modèle touristique durable, structuré notamment par la Charte marocaine du tourisme durable.

Il a également souligné les efforts visant à renforcer la résilience des infrastructures en amont des grands événements sportifs, ainsi que la montée en puissance du label « Eco-Hôtel Maroc», destiné à encourager la gestion responsable des ressources au sein des établissements touristiques.

Intervenant au nom de Royal Air Maroc, Othman Baba a rappelé l’engagement « ferme et profond » de la compagnie en faveur de la neutralité carbone à l’horizon 2050, conformément à la feuille de route internationale du secteur aérien. Il a rappelé que l’aviation représente 2,5% des émissions mondiales et pourrait atteindre 20% d’ici 2050 sans action résolue, soulignant l’urgence d’accélérer la transition.

Le représentant du transporteur national au Brésil a détaillé les quatre axes de la stratégie de décarbonation de la compagnie : optimisation des opérations de vol via un programme de fuel efficiency, renouvellement progressif de la flotte avec des appareils de dernière génération consommant 20% de kérosène en moins, intégration du carburant d’aviation durable (SAF) déjà utilisé sur les vols en provenance d’Europe, et partenariat technologique pour réduire les traînées de condensation par l’optimisation des trajectoires. Des efforts qui confirment, selon lui, le rôle pionnier de RAM dans la transition énergétique du transport aérien en Afrique.

Ali Zerouali, vice-président de la Commission Afrique de la CGEM, a, pour sa part, souligné la position géostratégique singulière du Brésil, ouvert à la fois vers l’Est et le Sud, en faisant l’un des hubs les plus compétitifs au monde. Il a souligné le rôle du Maroc comme porte d’accès à l’Afrique et au bassin méditerranéen, mettant en avant la complémentarité naturelle entre les deux pays. D’où l’importance, selon lui, de renforcer les corridors aériens et maritimes afin de consolider leur place dans les chaînes des carburants propres et devenir des plateformes régionales de référence.

Enfin, Helio Alves de Brito, fondateur de DMC Incentives & Corporate Events et CEO d’ESG Pulse Strategy, a insisté sur la nécessité de critères et de données vérifiables pour crédibiliser les engagements ESG dans le tourisme et l’événementiel. Il a expliqué que le Brésil a développé un écosystème d’indicateurs harmonisés destiné aux hôteliers, agences, organisateurs d’événements et municipalités, afin de combler le « vide technique» qui freine encore la mise en œuvre concrète de la durabilité.

Il a relevé que ni l’Afrique ni l’Amérique du Sud ne figurent dans les grands indices mondiaux de destinations durables, un déficit de visibilité qui prive les deux régions d’investissements croissants dans le tourisme responsable. D’où, selon lui, la nécessité de standards partagés pour permettre au Maroc, notamment à l’approche de la Coupe du monde 2030, comme aux pays sud-américains, de s’intégrer pleinement aux chaînes mondiales du tourisme durable.

Libé

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