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Tropicale Amissa Bongo : La dure vie des cyclistes africains

Mercredi 2 Mai 2012

«Je suis artiste peintre, plasticien. Je fais des tableaux, des portraits et... un peu de vélo!», explique le Camerounais Arthuce Tella, qui a disputé la 7e édition de la tropicale Amissa Bongo aux côtés de «grands» comme Thomas Voeckler la semaine dernière.
Sur les 15 équipes présentes, cinq seulement étaient véritablement professionnelles. Parmi les concurrents, des peintres comme Arthuce, mais aussi des étudiants, coiffeurs, manoeuvres, ouvriers... Une compétition plutôt inégale mais très instructive pour certains, qui espèrent bien un jour ou l’autre intégrer le peloton pro. Au sein de l’équipe camerounaise, «quatre sont dans des clubs, les autres sont comme ci comme ça, des indépendants», explique Arthuce qui se dit «peintre avant d’être cycliste», et qui avoue avoir du mal à joindre les deux bouts: «Là bas (à Yaoundé), on peut vendre une toile peut-être 10.000 francs CFA (15 euros), c’est vraiment minable mais on essaie...» Arrivé 62e sur 72 au classement général, et sous les applaudissements nourris des Librevillois, le Gabonais Ghislain Ndong, dit «Rasta» ou encore «Jésus» à cause de ses dreadlocks, fait lui aussi partie de ces «petits» de la course. «Le vélo c’est un sport très dur. Nous ne sommes pas des fonctionnaires du vélo, nous ne sommes pas payés, les clubs ne nous paient pas, on gagne un peu quand on fait une compétition, mais après la compétition, c’est fini», explique cet homme de 30 ans devenu une célébrité chez lui à Oyem, au nord du Gabon.
Ghislain travaille dans une carrière de sable et, pour lui, la priorité est évidemment de gagner sa vie: «On a des petites familles, nous sommes des responsables, on ne peut pas se sacrifier, s’entraîner, s’entraîner... Et en retour, on gagne quoi pour nourrir la famille?», déplore-t-il.
«Nous, on fait des petites bricoles de gauche à droite, les fédérations ou les ministères ne nous donnent pas de travail, donc chacun pour soi, individuellement, se débrouille à son niveau» ajoute-t-il.
Des moyens dérisoires
Pour Arthuce, qui a abandonné à la 4e étape, comme pour Ghislain, le manque d’entraînement pèse lourd.
Pour le Gabonais, «on évolue en dents de scie. Après une compétition comme la Tropicale, le vélo est garé (...) Les jours de compétition, il faut partir au Cameroun, au Burkina et ainsi de suite, sans préparation, donc vous voyez que, avec des coupures, on peut pas vraiment gagner»...  Mais pour le vainqueur de la Tropicale, le Français Anthony Charteau, rien n’est perdu: «Le cyclisme africain est un cyclisme que j’aime beaucoup (...) On a vraiment vu une grosse évolution sur les trois dernières années. Il faut juste que leurs fédérations leur trouvent un petit peu de matériel et je pense que dans les prochaines années on va vraiment les voir sur le devant de la scène».
Face à ces coureurs, l’une des grandes figures de cette édition de la Tropicale, le Français Thomas Voeckler, ex-champion de France et maillot jaune du «Tour», n’a pas manqué d’exprimer son admiration: «Quand on prend le départ pour une course c’est toujours pour gagner, maintenant il faut savoir rester à notre place quand on voit les moyens dont on dispose: on a les structures, on est salariés à plein temps pour aller s’entraîner et faire des courses (...) Il faut savoir avoir beaucoup d’humilité et ne pas sauter au plafond, parce qu’il y a sans doute beaucoup de coureurs qui ont plus de mérite que nous».

Libé

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