Tarik Sijilmassi : Le commerce agricole est aujourd’hui au centre des enjeux du développement


Propos recueillis par Mohamed Taleb
Jeudi 2 Mai 2013

Tarik Sijilmassi : Le commerce agricole est  aujourd’hui au centre des enjeux du développement
Tarik Sijilmassi est un homme qui porte plusieurs casquettes. Il est en même temps, président directeur général du Crédit agricole du Maroc, et président du Salon international de l’agriculture de Meknès.
En tant que PDG du
Crédit agricole, il est très attaché à sa mission de veille sur le bon
déroulement du plus grand Salon de
l’agriculture en Afrique.
Il considère cet événement comme une bouffée
d’oxygène pour toutes les composantes du secteur et en premier lieu les
agriculteurs. Il estime  que son établissement constitue une structure «très citoyenne» engagée au quotidien auprès de l’agriculteur marocain. Mais il sait bien faire la différence entre cette
vocation de service public et l’activité commerciale du CAM en tant que banque.
Dans cet entretien, il nous expose les progrès du SIAM et du PMV en
mettant en exergue le rôle joué par sa banque dans ce cadre.


Libé : Quelle place le Plan Maroc Vert occupe-t-il dans votre stratégie ?

Tarik Sijilmassi : Depuis l’annonce du Plan Maroc Vert en 2008, le Groupe Crédit agricole du Maroc (CAM) s’est réorganisé pour accompagner au mieux les principes fondateurs de ce plan ambitieux et structurer son intervention.
Le Groupe CAM s’est ainsi engagé, en octobre 2008, à accompagner la mise en œuvre du Plan Maroc Vert en mobilisant une enveloppe de 20 milliards de DH pour la période 2009-2013. Pour cela, il a mis en place trois systèmes de financement distincts et adaptés à chaque segment de la population agricole.
Il s’agit en l’occurrence de la Fondation ARDI pour le microcrédit à laquelle nous avons dédié 1 milliard de dirhams. Mais également de la société Tamwil El Fellah, qui est une réponse innovante créée pour intégrer dans le circuit de financement les agriculteurs qui en étaient jusque-là exclus et qui représentent 50% des exploitations agricoles du pays.
En ce qui concerne  ce segment, nous lui avons dédié 5 milliards de dirhams de notre enveloppe globale.
Outre ces deux systèmes, il y a aussi le système bancaire classique auquel nous avons alloué 14 milliards répartis selon les filières de production identifiées par le Plan Maroc Vert.
Parallèlement, le Crédit agricole a mis en place des formules de financement, à même de permettre l’accompagnement des projets d’agrégation tant pour les agrégateurs que pour les agrégés. Ces formules font intervenir, selon les cas,  le financement classique à travers le CAM et/ou le financement à travers Tamwil El Fellah pour couvrir tous les besoins de financement, en termes des charges de fonctionnement, de l’investissement, et de commercialisation (…), des différentes parties prenantes.  Indépendamment à ces structures, le Groupe CAM met également à la disposition des opérateurs du secteur, sa banque d’affaires – Holdagro - dédiée exclusivement à l’agriculture et l’agro-industrie.
Au-delà de l’accompagnement purement financier, le CAM offre une assistance technico-financière, un accompagnement à l’international à des conditions privilégiées, et plusieurs services pour assurer la bancarisation du monde rural.
Nous avons également mis en place une stratégie de développement durable à même de renforcer l’engagement durable du Groupe envers le secteur agricole et le monde rural, ainsi qu’une plateforme d’information «Fellah-Trade» qui offre une information agricole et agro-alimentaire de «qualité». Nous avons également créé un club export dédié aux exportateurs de l’agriculture et de l’agro-industrie.

Cinq ans après le lancement du Plan Maroc Vert, quel bilan dressez-vous de l’action que vous avez initiée dans ce cadre ?

Notre engagement se traduit concrètement par des objectifs annuels de concours financiers qui sont mis à la disposition des acteurs du secteur agricole aussi bien pour ceux du pilier I que ceux du pilier II. Aujourd’hui, nos objectifs intermédiaires sont atteints voire dépassés.
En termes de produits, notre offre est déclinée sous forme de packs selon deux axes, un packs filières de production, spécifiques à chaque filière, en l’occurrence, les céréales et les légumineuses, les fruits et légumes, le lait, les viandes rouges, l’aviculture, le sucre et les corps gras, puis les produits de terroirs et les plantes aromatiques et médicinales (PAM), et l’agriculture biologique…
S’agissant du deuxième packs, il concerne les filières transverses, notamment l’irrigation, la mécanisation, les activités économiques en milieu rural, la lutte contre le morcellement des exploitations agricoles, et aussi pour répondre aux besoins globaux d’exploitation, et également les avances sur subventions et primes dans le cadre du Fonds de développement agricole.

Comment la micro-finance peut-elle servir le développement agricole ?

40% des exploitations agricoles au Maroc sont des micro-exploitations qui ne répondent pas aux normes de financement bancaires et qui s’appuient principalement sur des activités para ou extra-agricoles génératrices de revenus.
La nature des besoins de cette population dont l’activité agricole se caractérise par des cycles de production courts auxquels la banque classique ne peut pas répondre, fait que la micro-finance reste la solution idoine puisqu’elle peut proposer des produits de financement adaptés.
La micro-finance est donc un levier de développement important pour l’agriculture marocaine.

En quoi cette édition s’est-elle  différenciée de ses précédentes?

Au bout de huit éditions, le Salon a gagné en maturité et en ampleur. Cette année, le SIAM, qui s’est tenu sur une superficie de 10 ha dont 8 couverts, a connu la participation d’un peu plus de 1000 exposants. Aujourd’hui, la dimension internationale du SIAM est confirmée puisque le nombre de pays étrangers participant à cet événement s’est élevé à 51 faisant ainsi du Salon la vitrine de l’agriculture marocaine par excellence.

Le choix du thème de cette édition n’a été, assurément, pas fortuit. Quelles étaient les motivations de ce choix ?

Comme vous le savez sans nul doute, le SIAM a accompagné le Plan Maroc Vert (PMV) depuis son lancement. Toutes les éditions sont dédiées à des thématiques en droite ligne avec les problématiques du PMV : agriculture solidaire,  recherche et innovation…
Le commerce agricole est aujourd’hui au centre des enjeux du développement agricole dans notre pays ; il était donc tout à fait naturel que le SIAM s’inscrive dans cette optique.

Est-ce que vous pouvez nous dresser les grandes lignes du bilan financier du SIAM ?

 Le SIAM est une manifestation de grande envergure qui compte sur l’appui de l’ensemble de ses partenaires pour garantir son équilibre financier. Nous sommes accompagnés par des sponsors institutionnels qui nous soutiennent depuis 2008, à savoir le ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime, les 16 régions du Royaume, l’OCP, Maroc  Telecom, le Crédit agricole du Maroc, la Mamda-Mcma, la Sorec, la Banque Populaire et MedZ


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