Soulaiman El Hajjam, coordonnateur national adjoint de l’Initiative nationale de développement humain : “L’INDH est un chantier de société par excellence”


Propos recueillis par KAMAL MOUNTASSIR
Vendredi 27 Mai 2011

Soulaiman El Hajjam, coordonnateur national adjoint de l’Initiative nationale de développement humain : “L’INDH est un chantier de société par excellence”
En marge de la
rencontre organisée par la coordination de l’INDH
à l’occasion du 6ème anniversaire
du lancement de ce grand chantier national qui a pour objectif la lutte contre la pauvreté et la précarité, Libé
a rencontré Soulaiman
El Hajjam,
coordonnateur national adjoint de ce grand projet lancé par le Souverain en mai 2005.
Dans cet entretien, M. Hajjam nous livre le bilan
de ces six années,
de la stratégie à entreprendre dans l’avenir et des
difficultés que
rencontrent certains projets. Entretien…

Libé: Quel bilan de l’INDH  peut-on dresser après  six ans  de mise en œuvre ?

Soulaiman El Hajjam: Permettez-moi avant de vous présenter quelques éléments de réponse, de souligner que l’Initiative nationale pour le développement humain est un chantier de règne,  un projet de société par excellence, qui n’a de synonyme, que démocratie, droits et obligations et ses fondamentaux comme dignité, confiance, participation, pérennité et  bonne gouvernance, couplés des principes de proximité, de concertation, de partenariat, de contractualisation et de transparence. Lesquels fondamentaux, indicateurs d’une transformation sociale profonde initiée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, dès son intronisation, notamment par la mise en place d’un nouveau concept d’autorité.
Certes, cette Initiative, reconnue à l’échelle nationale et internationale, comme un  projet de société novateur, démocratique et participatif a permis, malgré son jeune âge,  d’imprimer l’action publique du renouveau, de l’efficacité et de l’efficience.
Le bilan à ce jour, tant qualitatif que quantitatif, résultat des différentes missions d’audit, de suivi et d’évaluation, réalisées par les partenaires nationaux et internationaux rend compte : de la performance de ce chantier  mobilisateur, cas d’école unique d’apprentissage de la démocratie de proximité, de la qualité des femmes et hommes -élus, associatifs et administratifs- engagés pour la cause du développement humain et de l’importance de l’œuvre réalisée et de l’efficience des choix faits.
En chiffre, et à titre indicatif, depuis septembre 2005 à fin 2010,  plus de 22.000 projets ont été initiés au profit de plus de 5,2 millions de bénéficiaires directs.
Ces projets,  dont l’investissement global est de 14  milliards DH, ont été pris en charge par  l’INDH  à hauteur de 8,4 milliards DH, permettant ainsi l’amélioration des conditions de vie de la population ainsi que la dynamisation de l’économie locale, dans un cadre participatif et partenarial. De même, l’INDH a  consacré l’émancipation économique des porteurs d’activités génératrices de revenus, qui sont au nombre de plus de 3.700.
L’ensemble de ces projets ont concouru de manière très significative à la promotion de la femme et des jeunes, à l’amélioration des conditions de vie de la population bénéficiaire  et à la réduction du taux de pauvreté au niveau des zones cibles de l’INDH. Ajoutés à cela,  un indicateur est non des moindres, les 290.000 homme/jour/formation pilotés par la Coordination nationale de l’INDH et les organes de gouvernance au niveau territorial, à qui un grand hommage doit être rendu

Certains parlent tout de même d’échecs pour certains projets, de ratages, de clientélisme pour d’autres, et  de la place du tissu associatif. Qu’en pensez-vous?

Parler d’abord de la place des associations et de leur rôle dans l’œuvre de développement, évoque l’idée du renouveau de l’action publique introduite par l’INDH, en termes de gouvernance, de conception, de financement et de réalisation de projets.
En effet, l’INDH a mis en place une nouvelle gouvernance basée sur un design organisationnel spécifique, inclusif et participatif et a assuré la représentativité des associations, au même titre que les élus au niveau des Comités développement humain, leur permettant ainsi d'accéder à des espaces décisionnels pour la gestion des affaires publiques locales, en élargissant le cercle des opportunités pour une participation citoyenne à l’édification du Maroc du troisième millénaire.
Quant aux associations porteuses de projets, leur sélection se fait conformément aux manuels des procédures et dans le cadre de l’appel à projet, source de créativité et d’innovation. En outre, dans un souci de transparence, les résultats de la sélection  des projets sont motivés et font systématiquement l’objet de publication. De même, les principes de réédition des comptes et de la transparence prônés par l’INDH font que l’ensemble des projets sont soumis de manière systématique à l’audit conjoint des inspections générales de l’administration territoriale et des finances et à des enquêtes et des missions fréquentes de suivi-évaluation réalisées par les partenaires nationaux et internationaux. A la connaissance de ceux qui suivent de très près la mise en œuvre de l’INDH, la lecture des différents rapports n’a permis de soulever aucun échec d’un projet INDH, sachant que nous sommes dans un processus d’apprentissage et de mobilisation de grande envergure. Il me semble que vous voulez dire difficultés que certains projets ont connues. C’est normal que les difficultés existent, qu’elles soient liées au projet ou lui soient exogènes. En effet, certains projets, de par le passé, ont connu des difficultés ou plutôt des retards relatifs à leur mise en œuvre, incombant à des facteurs climatiques ou à des questions d’apurement de l’assiette foncière ou de mobilisation de la contribution de certains partenaires. Ces projets dont le nombre est insignifiant par rapport au nombre des projets ou actions initiés qui dépassent les 22.000 ont fait l’objet d’un accompagnement soutenu. A ce titre, je pense que cette question d’«échec» ou de difficulté ne traduit en fin de compte que l’ambition de tous les Marocaines et des Marocains d’aller au-delà de la performance réalisée et à la quête de la perfection. Toutefois, cette ambition partagée appelle à ce que des efforts soient fournis davantage et des améliorations soient apportées, en matière essentiellement de renforcement de la convergence, de la poursuite des actions de formation et de renforcement des capacités, notamment du tissu associatif, de l’adoption de l’approche filière et territoriale pour les activités génératrices de revenus et de la pérennité des projets.

Quelle stratégie envisage la coordination pour la seconde phase de ce grand chantier qui s’étalera de 2011 à 2015   ?

L’INDH est un chantier de règne, un projet de société qui procède d’une vision politique majeure, dont le cadre stratégique est consacré par les fondamentaux annoncés dans le discours fondateur du 18 mai 2005.
Par ailleurs, pour donner une nouvelle impulsion à la mise en œuvre de l’INDH,  les discours du Souverain       en date de 30 juillet 2009 et 2010, ont donné corps à des hautes orientations Royales, constituant une feuille de route comprenant des pistes d’amélioration, à même de garantir davantage d’efficacité, d’efficience et de performance de l’action publique en matière de développement humain.
Il s’agit de la convergence et de la synergie, du renforcement du contrôle et de l’évaluation, de la pérennité des projets et de la promotion des microprojets générateurs d’emplois et de revenus stables.

Certains pensent qu’une gestion de l’INDH par une Agence nationale ou un haut commissariat serait plus dynamique et plus rentable. Qu’en pensez-vous ?

Tout d’abord, il convient de rappeler que l’INDH est un grand  chantier  national pour lutter contre la pauvreté et la précarité. Un projet porté par le gouvernement, approprié par les Marocaines et les Marocains et salué par l’ensemble des partenaires, comme projet inédit.
 Ce projet a mis en place des dispositifs de coordination assidue entre l’ensemble des acteurs de développement, notamment les départements ministériels et les établissements publics à travers les Comités stratégique et de pilotage au niveau central et les Comités de développement humain au niveau territorial. Au niveau territorial, cette coordination s’apprécie à travers les Comités de développement humain dans lesquels siègent les représentants des différents départements ministériels qui participent à la validation des projets à réaliser dans le cadre de l’INDH.
Au niveau national, cette coordination se concrétise par l’adoption de stratégies d’affaires, la définition du cadrage budgétaire et la promotion de la coopération internationale, dont la responsabilité de mise en œuvre incombe à la coordination nationale de l’INDH.  Force est de constater que le consensus dégagé quant à la mise en œuvre concertée de l’INDH est un indicateur de cette coordination assidue et du caractère transversal de cette initiative qui rompt avec les « schémas traditionnels de raisonnement et de gestion des affaires publiques ». 

Définitions de l’IDH

L’indicateur du développement humain (IDH) mesure le niveau moyen d’un pays en termes de potentialités humaines! élémentaires. Il indique ainsi dans quelle mesure les habitants du pays considéré mènent une vie longue et saine, ont accès à l’éducation et à la culture et jouissent d’un niveau de vie décent. L’IDH porte sur la situation moyenne de l’ensemble des habitants d’un pays!: les inégalités entre différents groupes sociaux doivent donc être calculées séparément.
L’indicateur sexospécifique du développement humain (ISDH) mesure le niveau de développement atteint en ce qui concerne les mêmes potentialités humaines que l’IDH, mais en tenant compte des inégalités sociologiques entre hommes et femmes.
Plus les écarts entre hommes et femmes en termes de potentialités élémentaires sont importants, plus l’ISDH d’un pays est faible par rapport à son IDH pondéré, ou corrigé à la baisse, en fonction des inégalités entre les sexes.
L’indicateur de la participation des femmes (IPF) se concentre sur la question de savoir si les hommes et les femmes sont à même de participer activement à la vie politique et économique et de prendre part aux processus de décision.

Conclusions et recommandations sur les AGR

Les AGRE est un véritable fer de lance de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.
Nécessité d’un environnement favorable et incitatif à la promotion des AGR.
Les modalités de financement des AGR doivent évoluer et s’adopter aux spécificités des différentes activités.
Nécessité d’une souplesse et flexibilité des procédures pour promouvoir les AGR.
L’évaluation devient une nécessité et devrait devenir une véritable culture pour assurer une efficacité des politiques publiques.
6 . La convergence entre les différentes composantes du gouvernement devient de plus en plus nécessaire et même obligatoire pour créer des synergies et mutualiser les efforts.
L’ESS, avec toutes ses composantes, est devenu un secteur à part entière et constitue donc un véritable gisement d’emplois et d’investissement qui reste à exploiter.
L’importance de la formation, de la qualification et de l’accompagnement pour professionnaliser les acteurs de l’ESS dont notamment les coopératives et les associations.
La pérennité des AGR est une nécessité pour assurer une stabilité socio-économique aux porteurs de projets et contribuer de façon efficace à  la création de richesse.




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