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Réparation communautaire et justice transitionnelle

Le devoir de mémoire fait escale à Agdz


Narjis Rerhaye
Vendredi 30 Janvier 2009

Réparation communautaire et justice transitionnelle
Après le bagne de Tazmamert, ceux et celles du Conseil consultatif des droits de l’Homme font un nouveau voyage mnémonique à Agdz. Au cœur d’une oasis et dans un silence assourdissant, l’ancien Ksar du pacha Glaoui a été un centre de détention secrète. Pendant de trop  nombreuses années, des victimes de la disparition forcée y ont vécu l’horreur. Répertorié officiellement et grâce à l’action de la commission Vérité marocaine de présidait feu Driss Benzekri comme un centre de détention échappant à toute règle de droit, cette kasbah qu’entourent une très haute muraille et des tours d’observation est synonyme d’enfer pour tous ceux qui y ont connu l’enfermement dans la plus grande des illégalités entre 1976 et 1982.
Le retour sur les années de plomb et de braises est d’abord un devoir de mémoire. L’Instance Equité et Réconciliation avait donc choisi la préservation de la mémoire contre l’oubli. De Tazmamert à Agdz, de Derb Moulay Chrif à Kelaât M’Gouna ou Dar Mokri, tous ces centres de détention secrète, ces symboles noirs de la torture, du non-droit, de l’insoutenable, doivent contribuer à garder intacte une mémoire meurtrie. Ailleurs, dans quelques-uns de ces pays qui ont fait l’expérience de la justice transitionnelle, les sites de mémoire sont gérés dans la perspective de la réparation communautaire. Le Maroc a emprunté le même chemin. Des villages entiers ont été marginalisés parce qu’ils abritaient des bagnes. Agdz, Tazmamert, etc, ont été, sans autre forme de procès, exclus de toute politique publique de développement. Les habitants de ces villages, geôliers malgré eux et presque toujours sans le savoir, ont longtemps été les oubliés des autorités marocaines. Le devoir de mémoire, c’est aussi rendre justice à ces lieux et à leurs populations tout en faisant le pari de la réhabilitation et du développement.  Que faire donc de ces lieux de détention secrète ? Comment préserver la mémoire tout en donnant corps et forme au « plus jamais ça » de tous ceux qui ont fait le pari de l’Etat de droit et des institutions ? C’est la réflexion que mène le Conseil consultatif des droits de l’Homme, en charge du suivi des recommandations de la commission Vérité marocaine. Après Tazmamert, le CCDH et le Centare international de justice transitionnelle se rendent à Agdz pour y organiser, ce samedi 31 janvier, un atelier de travail sur «La préservation active de la mémoire : cas de l’ancien centre de détention d’Agdz ». Pour ceux du Conseil, la démarche est claire. 
Il s’agit ici de faire « croiser les regards des différents acteurs, internationaux, nationaux et locaux, concernés par la mémoire liée aux violences politiques, et ce dans l’objectif d’enrichir les propositions initiales relatives à la mémoire de cet ancien bagne ».  Pour les anciens disparus d’Agdz, le moment est « très fort ». Abdenaceur Bnouhachem est particulièrement ému. Il a connu les affres de la disparition forcée et l’enfer d’Agdz. « Nous, les membres du groupe qui avons été enfermés pendant plusieurs années dans ce bagne, nous sommes très satisfaits. D’abord, parce que le CCDH a associé les anciennes victimes à la réflexion. Le projet est basé sur une démarche participative. Ce qui, à nos yeux, lui donne une viabilité essentielle ».
Le groupe Bnouhachem se rend à Agdz et accomplit ce douloureux retour sur le site avec des propositions concrètes relatives à l’avenir du Palais Glaoui devenu bagne. « En fait, nous avons réfléchi à la préservation de ce bagne qui aurait une mission d’éducation et de culture aux droits humains.
En faire un musée qui préserverait la mémoire, sensibiliserait les gens de la région à la citoyenneté active et au respect de la dignité humaine et en même temps un centre de développement social et économique et un espace de culture  conclut A. Bnouhachem.


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