Face aux efforts déployés par les ONG et vu les progrès enregistrés par le Maroc en matière des droits de l’Homme, les premières implications de l’Etat n’ont pas tardé à prendre corps. Les jalons en ont été jetés dès les années 90 d’abord lors des discussions afférentes à la Constitution de 1992 puis celle de 1996 axée sur les droits de l’Homme ; ensuite lors des préparatifs du sommet de Pékin et à l’occasion de la réforme partielle du statut personnel.
Plus tard, le couronnement a été atteint lors de la constitution d’un gouvernement d’alternance. C’est ainsi que la Journée mondiale pour la lutte contre la violence faite aux femmes a été célébrée pour la première fois en 1998. Une structure gouvernementale chargée du dossier de la femme a même été créée.
La réforme de la législation se rapportant au sujet représente un grand pas dans cette stratégie notamment le Code de la famille, le Code du travail, le droit pénal et dernièrement le Code de la nationalité. La création de structures pour le soutien des femmes violentées dans les tribunaux et dans les hôpitaux va aussi dans le même sens.
Dans ce cadre, force est de constater que bien des handicaps gênent la réalisation de cette stratégie comme le manque de ressources humaines et financières et l’insuffisance du soutien apporté aux centres relevant de ces associations.
Le plus gros handicap demeure cependant le manque d’intérêt affiché par les élus locaux face à ce phénomène alors que les collectivités locales par leur proximité des citoyens et les moyens dont elles disposent s’y prêtent très bien.
Afin de soutenir l’effort national pour la protection des femmes violentées, le Centre Annajda de Casablanca organise cette année un programme destiné aux collectivités locales de la ville.
Il ressort des dispositions de la charte communale du 3 octobre 2002 et des lois organiques y afférentes qu’une nette évolution a été enregistrée quant aux prérogatives des collectivités locales par rapport au Dahir de 1976 relatif à l’organisation communale et ce, notamment au niveau du volet social. En effet, l’article 30 dudit Dahir ne parle de ce volet que d’une façon très générale alors que l’article 41 de la charte communale accorde plus de compétences aux collectivités locales par la création et la gestion de centres sociaux, le soutien des organisations et des associations sociales, culturelles et sportives…Ainsi outillés, les arrondissements ainsi que le conseil communal pourront créer des centres d’accueil pour les femmes violentées ainsi que des centres d’aide juridique et sociale. Il faut prévoir également des maisons pour accueillir leurs enfants, les aider dans leur scolarité voire organiser leurs loisirs.
Malheureusement, les collectivités locales de Casablanca ne se sont pas investies de façon très profonde dans ce cadre. C’est pourquoi une campagne est lancée afin de mieux les sensibiliser. Ce faisant, il s’avère que le chantier entamé revêt autant sinon même plus d’importance que la réforme du Code du statut personnel. Un combat qui milite pour plus de démocratie et qui nécessite la mise en œuvre de beaucoup de moyens.
Quoique ladite lutte ne touche qu’ « une tranche sociale bien déterminée » et ne constitue de ce fait qu’ « un combat partiel et particulier », de l’avis de presque tous, il n’en demeure pas moins qu’elle peut servir à renforcer les mécanismes de démocratisation. Pourtant, rares sont les élus locaux qui accordent aux dossiers sociaux l’attention qu’ils méritent, occupés qu’ils sont par les transactions financières, les gestions déléguées et autres. D’aucuns sont même persuadés que la lutte contre la violence des femmes ne relève pas de leurs compétences. Habile façon d’être démissionnaire.