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Présidentielle en Mauritanie : De joyeuses soirées sous la tente rythment la campagne


Mardi 18 Juin 2019

La campagne pour l'élection présidentielle du 22 juin en Mauritanie permet aux habitants de cet immense pays sahélien de renouer avec la tradition des soirées électorales sous la tente, événements festifs où les candidats défendent leur programme au son de la musique des griots.
Ils sont six à espérer succéder au président Mohamed Ould Abdel Aziz, au pouvoir depuis 10 ans et interdit de troisième mandat par la Constitution.
Un favori émerge: l'ex-général Mohamed Ould Ghazouani, compagnon de toujours du président sortant, crédité samedi de 29,5% des intentions de vote par un sondage du Centre mauritanien des études et des recherches stratégiques (Cmers) réalisé auprès de 13.000 électeurs à Nouakchott, où vit près d'un quart de la population.
Le candidat du pouvoir est suivi par l'ancien chef de gouvernement de transition (2005-2007), Sidi Mohamed Ould Boubacar, crédité de 23%, qui espère le pousser au moins à un second tour, le 6 juillet.
Sidi Mohamed Ould Boubacar est soutenu par une coalition comprenant le parti islamiste Tewassoul, principale force d'opposition, et par l'homme d'affaires franco-mauritanien en exil Mohamed Ould Bouamatou, bête noire du régime.
Comme eux, le militant anti-esclavagiste Biram Ould Dah Ould Abeid (9,5% dans le sondage), l'opposant historique Mohamed Ould Moloud (3,7%), le journaliste Baba Hamidou Kane (2,6%) et le néophyte Mohamed Lemine El-Mourteji El-Wavi (2,1%) se sont lancés dans la campagne pour le premier tour du 22 juin.
A Nouakchott, les partisans de Mohamed Ould Ghazouani ont dressé leur tente traditionnelle à côté de celle des soutiens de Sidi Mohamed Ould Boubacar.
Une occasion pour les deux camps d'attirer du monde et de faire passer leur message, alors qu'aucun débat télévisé n'est prévu jusqu'au premier tour.
Vêtue d'un "voile de campagne" aux couleurs de son candidat, Salka Mint Cheikh raconte que les militants de la tente d'à côté "ne se privent pas d'assister à nos soirées dansantes". "Nous ferons sans doute la même chose s'ils organisent la leur".
Nagi Ould Ahmed, jeune partisan du candidat du pouvoir, affirme ne rater aucun de ces rendez-vous électoraux nocturnes, les qualifiant de "belles occasions de plaisirs partagés, qui ont fait notre spécificité depuis belle lurette".
"C'est aussi l'occasion d'une redistribution d'argent dont seule la campagne électorale possède le secret", relève l'étudiant, adossé au mât de la tente, au milieu d'un assourdissant concert de musique.
"Tous y trouvent leur compte", poursuit-il, en citant les "restaurateurs qui alimentent les lieux, les griots et les chanteurs qui les animent" et tous les "petits travailleurs" chargés de l'organisation. Et c'est sans compter les "calligraphes, photographes et imprimeurs", dont les affaires prospèrent également.
Avant de terminer leur campagne jeudi à Nouakchott, les candidats ont sillonné le pays, en commençant par les régions pastorale de l'Est et agricole du Sud-Ouest, viviers convoités d'électeurs dans ce pays de 4,5 millions d'habitants deux fois grand comme la France.
Dans ces régions, les chefs de tribus et de clans sont particulièrement courtisés. Agissant comme de "grands électeurs", ils peuvent mobiliser autour d'un candidat, tant dans les villes que dans les campagnes, souvent pauvres et désoeuvrées.
Les prétendants ont promis une amélioration des conditions de vie, alors que la croissance économique, de 3,6% en 2018, continue sa reprise progressive tout en restant insuffisante comparée à la croissance démographique, selon la Banque mondiale.
Dans le camp du candidat du pouvoir, qui jure de "ne laisser personne au bord de la route", on estime que l'affluence à ses meetings a "constitué un plébiscite" et démontré sa "force de conviction".
L'un de ses porte-parole, Saleh Ould Dehmache, a toutefois dénoncé la diffusion sur les réseaux sociaux d'enregistrements "peu scrupuleux" mettant en cause la moralité du candidat, les qualifiant de "montages grossiers".
L'opposition a mis en garde contre un "hold-up" électoral, réclamé en vain la présence d'observateurs étrangers et accusé la Commission électorale nationale indépendante (Céni) d'être "totalement acquise au candidat du pouvoir".
Le président de cette institution assure toutefois que "tout sera fin prêt" pour une élection "dont la transparence sera assurée, même en l'absence d'observateurs".


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