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Pourquoi la violence continue de ternir le football en Amérique latine

Vendredi 22 Août 2025

Les images d'un supporter sautant dans le vide pour échapper à un lynchage, tandis que des bouteilles et des sièges volent dans un stade de Buenos Aires, illustrent la persistance de la violence dans le football en Amérique latine.
 
La scène s'est déroulée mercredi pendant de violents affrontements entre les supporters d'un club chilien et ceux d'un club argentin, qui ont fait 19 blessés, dont trois graves, et conduit à l'interpellation d'une centaine de personnes.
 
Du Mexique à l'Argentine, en passant par le Brésil, la Colombie ou le Chili, la violence continue de ternir un sport pourtant au coeur de la passion populaire.
 
Voici un aperçu de la situation:
 
L'Argentine et le Brésil, entre autres pays, ont adopté depuis plus de 20 ans des lois contre le hooliganisme, allant parfois jusqu'à prévoir des peines de prison. Mais la violence persiste.
 
Les stades sont perçus comme "des espaces où il est légitime de commettre des violences physiques mais aussi racistes ou homophobes", explique à l'AFP le sociologue argentin Diego Murze. Il a "toujours prévalu dans le football une logique tribale", note-t-il.
 
Pour son homologue colombien German Gomez, "le football est un exutoire à la frustration" pour de nombreux supporters.
 
Au Chili, rien que depuis le début de l'année, 12 matchs ont été suspendus suite à des violences, selon l'union des footballeurs professionnels. En avril, deux supporters sont morts lors d'une bousculade devant un stade de Santiago avant un match de Copa Libertadores.

En Argentine, plus de 100 personnes sont mortes au cours des 20 dernières années, 157 au Brésil entre 2009 et 2019, et 170 en Colombie entre 2001 et 2019, selon des études universitaires et des ONG.

La sécurité a été renforcée dans de nombreux stades du continent, avec notamment l'installation de caméras et, parfois aussi, d'une identification biométrique à l'entrée.
"En Argentine, on vous contrôle plus dans un stade qu'à l'aéroport", ironise Diego Murze.

Mais ces technologies ne permettent pas toujours d'identifier efficacement les supporters violents. "On pourrait penser que ces avancées technologiques permettraient d'identifier les auteurs de ces actes de vandalisme et de les tenir responsables, mais la justice n'agit pas toujours efficacement", souligne le sociologue.

German Gomez accuse de son côté de laxisme le Conmebol, instance dirigeante du football sud-américain: elle éviterait, selon lui, d'imposer "des sanctions exemplaires aux clubs" impliqués dans des violences, de peur que leur fermeture n'entraîne "d'importantes pertes financières".

En Argentine et en Colombie, les supporters de l'équipe adverse sont interdits de déplacement. En Argentine, au Chili, en Uruguay et en Colombie, plusieurs clubs sanctionnés pour des incidents ont dû jouer à huis clos l'an dernier.
Selon Diego Murze, les clubs doivent professionnaliser leurs dispositifs de sécurité, aujourd'hui "entièrement" délégués à l'Etat et la police.
 
Au Chili, la mort de deux supporters en avril a conduit le gouvernement à mettre fin au programme "Stade sécurisé", lancé en 2011 et censé lutter contre la violence dans les stades, mais jugé inefficace. L'initiative, qui confiait notamment la sécurité à des sociétés privées, devrait être prochainement remplacée par un nouveau dispositif.
 
"Réduire la violence dans le football en Amérique du Sud doit passer par des actions visant à promouvoir l'éducation et une culture du football", estime German Gomez.

Libé

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