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Symbole du désarroi de l'industrie germanique : la déroute de Volkswagen qui se prépare à fermer des usines en Allemagne et à supprimer des milliers d'emplois.
La construction automobile est le plus gros secteur d'une industrie allemande qui pèse encore 20% du PIB national, bien plus que dans la plupart des pays européens. Or, depuis six ans, cette industrie ne croît plus. La production industrielle était l'an dernier environ 9% inférieure à son record de 2018. Une nouvelle baisse de 3% sur un an est attendue pour 2024 par la fédération du secteur (BDI). "L'industrie allemande a perdu sa compétitivité en matière de prix", juge l'institut économique IW de Cologne dans une note.
L'envolée des prix de l'énergie, après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, a marqué une césure pour l'économie allemande qui profitait jusque là du gaz russe bon marché. Des secteurs-clés comme la sidérurgie ou la chimie ont été fortement pénalisés. L'Allemagne reste fière de ses excédents commerciaux, incarnation de la puissance exportatrice qui a fait sa prospérité. Mais son économie fortement tournée vers l'international - les exportations de biens et services ont compté pour près de la moitié du PIB l'an dernier - pâtit du ralentissement de la conjoncture mondiale et de la multiplication des mesures protectionnistes.
Catalyseur de toutes les craintes : la Chine, qui était devenue lors de la dernière décennie le premier marché international de nombreuses entreprises allemandes. Non seulement la faiblesse actuelle de l'économie chinoise engendre une chute de la demande pour les biens "Made in Germany", mais la Chine entre désormais en compétition directe avec les producteurs allemands. C'est le cas pour les fabricants de voitures électriques, d'acier, de produits chimiques, de machines-outils - spécialités de l'industrie allemande.
Après l'envolée des prix en 2022 et 2023, dans la foulée de la guerre en Ukraine, le recul de l'inflation n'a pas amené la reprise espérée de la consommation des ménages. "Même le championnat d'Europe de football [organisé en Allemagne] n'a pas réussi à stimuler la consommation privée", constate Geraldine Dany-Knedlik de l'institut économique DIW.
Entre mars et juin, la consommation des ménages a reculé de 0,2% par rapport à l'an dernier, bien que les salaires réels aient augmenté de 3% sur la même période. Les ménages économisent 11,1% de leur revenu disponible, un point de plus que la moyenne de la décennie 2010.
Et le moral des consommateurs, évalué mensuellement par le baromètre GfK, remonte lentement mais ne tutoie pas encore les niveaux pré-Covid. Attirer de la main-d'œuvre de l'étranger "sera la question décisive pour la croissance de l'Allemagne et le maintien de la prospérité du pays", a estimé le ministre de l'Economie et du Climat Robert Habeck.
Car l'Allemagne fait face à une pénurie de main-d'œuvre qualifiée qui s'aggrave avec le vieillissement de sa population. En 2024, cette pénurie représente 49 milliards d'euros de manque à gagner pour les entreprises allemandes selon l'IW.
Le gouvernement tend donc les bras à la main-d’œuvre spécialisée de l'étranger, par exemple du Kenya, de l'Ouzbékistan et des Philippines. "Quiconque de qualifié et prêt à travailler chez nous en Allemagne est le bienvenu", lançait Olaf Scholz devant le patronat allemand en octobre. En visite en Inde, le chancelier a promis de faciliter l'allocation de visas et de répandre la langue allemande dans le pays de 1,4 milliard d'habitants.