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Portrait : Marion Bartoli, une détermination à toute épreuve


AFP
Lundi 19 Août 2013

Portrait : Marion Bartoli, une détermination à toute épreuve
Marion Bartoli qui a décidé mercredi de mettre un terme à sa carrière, six semaines après avoir remporté le tournoi de Wimbledon, a écrit son histoire avec une détermination à toute épreuve malgré les moqueries sur son parcours atypique, son physique et la relation fusionnelle avec son père dont elle s'est aujourd'hui émancipée.
A 28 ans, la N.1 française et N.7 mondiale n'est ni la plus talentueuse ni la plus impressionnante des joueuses du circuit, mais sans doute celle qui a le mieux exploité son potentiel, à un degré qui force le respect.
Handicapée par un physique qu'elle qualifie elle-même de commun, obligée de faire "plus de sacrifices que les autres" pour afficher le niveau de forme exigé, elle n'est à la base "pas faite pour le haut niveau", a toujours dit son père Walter, un médecin, qui l'a initiée au tennis à l'âge de six ans.
A Retournac, bourgade de 2700 habitants en bord de Loire, à mi-chemin entre Le Puy-en-Velay et Saint-Etienne, la petite Marion commence à s'entraîner dans un gymnase sans recul, si petit qu'elle est "obligée de jouer dans le court" pour ne pas toucher le mur avec sa raquette.
C'est ainsi qu'elle développe son jeu vers l'avant et agressif à deux mains en revers et en coup droit, comme son idole Monica Seles.

"Toujours voulue
 être la première"

Couvée par son père en dehors de toute structure fédérale, elle met du temps à percer au plus haut niveau, une lenteur qu'elle attribue à la priorité accordée aux études jusqu'à la sortie de l'adolescence.
"Je n'avais pas le projet d'être professionnelle jusqu'à ma victoire à l'US Open juniors à 17 ans. J'avais plus de facilité à l'école qu'en tennis", explique celle qui a "toujours voulu être la première" et qui parlait de "catastrophe" lorsqu'elle ramenait un 19,5 sur 20 à la maison.
Dès ses premiers pas sur le circuit, qui en pourtant vu d'autres, elle détonne aux côtés de son père, un duo fusionnel et exclusif qui l'empêche pendant très longtemps de s'ouvrir aux autres.
Intelligente, elle réussit des Sudoku niveau 7, peint des tableaux à ses heures perdues et parle un anglais parfait. Mais peu de gens en profitent tellement elle reste enfermée dans sa bulle, envers et contre tous.
Elle refuse ainsi pendant huit longues années de jouer pour l'équipe de France de Fed Cup parce que son père, dont elle ne veut pas se séparer, n'a pas le droit de l'y accompagner, avant de faire son retour en avril dernier.
Les autres joueuses ne voient pas toujours d'un œil bienveillant cette Auvergnate orgueilleuse et susceptible, qui revendique ses origines corses.

"Pas assez blonde"
Sur internet, les anonymes se lâchent carrément. On l'y affuble de surnoms affreux. On moque son surpoids et ses séances d'entraînement baroques où elle peut apparaître harnachée d'énormes élastiques. On rigole devant ses rafales de coups à vide qu'elle fait, tournée vers les bâches, "depuis toute petite".
Bartoli, elle, a du mal à trouver des sponsors. "Je suis onzième mondiale mais je vais acheter mes chaussures et mes tenues au magasin comme tout le monde. Peut-être je ne suis pas assez blonde, assez grande ou assez mince", dit, en 2010, cette inconditionnelle de l'Olympique de Marseille.
Au prix de plusieurs soubresauts et va-et-vient, elle s'affranchit de la tutelle de son père, par consentement mutuel, insiste-t-elle, au cours d'un printemps maussade sur les courts mais déterminant dans sa vie.
Revenue en équipe de France, elle se trouve d'autres relais comme Amélie Mauresmo. Désormais entourée par une vraie garde prétorienne, elle rayonne, libérée, pour vivre le plus grand moment de sa carrière sur le Central de Wimbledon, sous les yeux émus de Walter, rendu à sa simple condition de "papa".
Mais mercredi, à Cincinnati (Etats-Unis), Marion Bartoli a encore surpris tout le monde en annonçant qu'elle mettait fin à sa carrière, expliquant que son "corps n'arrive plus à tout supporter."


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