L’ancien Président démocrate pense que les choses ont commencé à mal tourner et les droits de l’Homme bafoués juste après les événements du 11 septembre. Tout le monde y a contribué, affirme Jimmy Carter. C’est l’effet du patriot act !
Ainsi, les deux principaux partis du pays, démocrate comme républicain, que ce soit au niveau de l‘Exécutif ou du législatif, ont agi sans opposition, voire avec la bénédiction du peuple américain qui vivait alors et vit encore dans la psychose du terrorisme. En conséquence, les Etats-Unis n’étaient plus aptes à jouer le rôle, qui était jusqu’ici le leur, celui de défenseurs des droits de l’Homme.
Bien que les Etats-Unis aient pu commettre des erreurs par le passé pour utiliser un euphémisme, il n’en demeure pas moins que l’étendue des violations des droits de l’Homme enregistrées ces dernières années constitue un changement radical par rapport au passé.
C’est d’autant plus désolant, souligne l’ancien Président américain, que les Etats-Unis ont été les précurseurs de la Déclaration universelle des droits de l’Homme signée en 1948 et ayant pour fondement la défense de la liberté, la justice et la paix. Cette déclaration devait donc consolider le principe d’égalité des droits, notamment le droit à la vie, la liberté, la sécurité personnelle, l’égalité devant la justice, et la protection contre l’emprisonnement arbitraire ou l’exil forcé.
La politique de lutte contre le terrorisme, telle qu’elle est pratiquée actuellement par le gouvernement américain, loin de renforcer les principes édictés par la Déclaration universelle des droits de l’Homme, va les violer d’une manière flagrante au moins en ce qui concerne dix règles.
Récemment encore, il a été accordé au Président américain, en vertu d’une nouvelle loi, l’autorité de faire arrêter n’importe quelle personne pour une période indéterminée sur simple suspicion d’appartenance à une organisation terroriste. Cette loi exceptionnelle est étendue et reste confuse. Ce qui pourrait avoir de graves conséquences en cas d’abus sans contrôle de la justice ou du Congrès.
Cette loi constitue en fait une violation de la liberté d’expression et le principe de considérer toute personne présumée innocente jusqu’à preuve du contraire.
L’ex-Président Jimmy Carter s’en prend par ailleurs à l’utilisation par son pays des drones pour attaquer des cibles supposées abriter des terroristes et qui provoquent des dégâts collatéraux considérables, faisant des victimes innocentes parmi les populations civiles, particulièrement les femmes et les enfants, que ce soit en Afghanistan, au Pakistan, au Yémen ou en Somalie. Jimmy Carter souligne que de telles bavures ont un effet inverse et poussent les populations locales dans les bras des organisations extrémistes tout en renforçant leur haine contre l’Amérique.
Le réquisitoire de l’ancien Président contre les dirigeants de son pays qu’il accuse de bafouer les droits de l’Homme, on le voit, est sévère et sans concession.