Droit des générations futures

Carlos Moreno. Artisan d'un urbanisme "du quart d'heure"




Plaidoyers en marge du 13ème tribunal de la femme


Propos recueillis par Mohamed Taleb
Jeudi 12 Avril 2012

Plaidoyers en marge du 13ème tribunal de la femme
En marge du 13ème tribunal de la femme organisé par l’Union de l’action féminine, à Casablanca, pour «juger le phénomène du mariage des mineures et du mariage avec
le violeur», sous
le thème «Arrêtons l’infanticide de nos enfants», Libé a recueilli les
témoignages de
plusieurs militantes pour les droits de la femme. Ce tribunal a été organisé grâce à l’appui financier d’un bailleur de fonds, qui est l’Agence espagnole de coopération  internationale pour le développement (AECID).



Stéphanie Brancaforte, directrice de la campagne de l’organisation globale Avvaz

«Notre mouvement compte  plus de 14 millions de membres partout dans le monde et qui travaillent pour la justice et la paix, y compris dans le monde arabe. La mort d’Amina  nous touche tous. C’est pour cette raison que presque  800.000 personnes ont signé une pétition en solidarité avec la famille d’Amina et des associations féministes au Maroc et pour lutter contre  la violence faite aux femmes et l’abrogation de l’article 475. Promesse faite par le gouvernement marocain il y a 10 ans et qu’il n’a pas encore tenue.
Le viol doit être reconnu comme un crime. Les violeurs doivent être traduits en justice. Les filles mineures ne sont pas en mesure de décider, de remplacer le rôle de la justice. Il faut cesser l’impunité ; c’est une double violation si la fille violée doit aussi épouser son violeur.

Khadija Yamlahi, parlementaire USFP

Plaidoyers en marge du 13ème tribunal de la femme
«C’est vrai que c’est grâce au drame d’Amina Filali que ce sujet a refait surface. C’est une affaire qui a  déclenché à nouveau  le débat concernant le mariage des mineures. Nous avons depuis longtemps plaidé contre ce phénomène, même avant la nouvelle Constitution.
A présent les lois nationales doivent se conformer aux conventions internationales relatives aux droits de l’enfant. Amina devait être à l’école et non au travail pour être par la suite harcelée, violée et mariée avec son violeur. D’où la nécessité  d’une révision globale du code pénal et particulièrement l’abrogation de l’article 475. Et aussi l’amendement du Code de la famille, on ne peut accepter le mariage de filles de 14 ou 15 ans. La Moudawana pose beaucoup de problèmes :  le problème du divorce pour discorde (chiqaq), le mariage des mineures, le partage des biens ou bien du patrimoine. D’un autre côté, nous devons avoir des tribunaux spéciaux autonomes de la famille».

Nezha Alaoui, ancienne députée USFP

Plaidoyers en marge du 13ème tribunal de la femme
«Ce tribunal symbolique est un rituel (une coutume) que l’Union féminine entreprend depuis 13 ans. Nous le considérons comme un outil de lutte pour dévoiler les nombreuses souffrances des femmes. Tout au long de notre parcours, nous avons évoqué des sujets tabous. Le premier tribunal était consacré au divorce et ses impacts sur la société, nous avons aussi abordé la violence conjugale, la souffrance des femmes détenues à Tindouf. A présent le sujet d’actualité est le viol. Dans ce tribunal, nous examinons deux fléaux, le mariage des filles victimes de viol avec leurs violeurs et le mariage des mineures en général. Vous savez que le code autorise le mariage des mineures à condition du consentement du tuteur et d’expertise médicale. Imaginez une fille qui est encore enfant se trouve mère. Cela pose des problèmes de santé, 40% des décès des mamans sont constatés parmi ces femmes.
Les mineures doivent être avant 18 ans à l’école. Nous devons leur préserver le droit de choisir. Concernant l’autorisation, on ne prend pas l’avis de la mineure ; le dernier mot est celui du tuteur. Nous sommes au 21ème  siècle et c’est vraiment honteux d’avoir 40.000 mariages de mineures».

Aicha Lakhmas, parlementaire USFP

Plaidoyers en marge du 13ème tribunal de la femme

«Chaque année, l’UAF organise un tribunal des femmes, pour  plaider contre beaucoup de phénomènes qui freinent le développement de la femme marocaine, notamment la violence conjugale, les bonnes qui travaillent dans les maisons.  
En 2000, nous avons organisé un tribunal contre la violence faite aux femmes, contre le viol et le harcèlement des  mineures. Nous avons toujours dénoncé ce phénomène qui a pris  de l’ampleur cette année. Pour nous en tant que mouvement féminin, ce tribunal  est une forme de pression pour lutter contre l’infanticide de nos filles.
Nous plaidons pour qu’une relation sexuelle avec une mineure, même avec son consentement, soit considérée comme un crime. On ne peut pas accepter l’impunité même lorsqu’il y a mariage, car nous n’acceptons pas ce type de mariage. Nous demandons l’amendement des articles 20 et 21. Mentionner dans la loi que le mariage des mineures est une exception, qui doit être limitée par un  seuil de 17 ans, et qu’il faut effectuer une expertise médicale, sociale et psychologique avant d’autoriser ce mariage. Le mariage d’une mineure sans l’autorisation du juge doit être poursuivi judiciairement ».


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