Paul de Sinety, directeur adjoint de l’Institut français au Maroc : La coopération culturelle est un facteur de lien social


Propos recueillis par Alain Bouithy
Samedi 15 Février 2014

L’Institut français du Maroc (IFM) a présenté récemment à Casablanca les grandes lignes de la quatrième 
édition de la Saison 
culturelle France-Maroc. Une saison particulièrement riche en événements, 
programmée autour d’une question très actuelle 
et des plus  importantes, celle du «Vivre ensemble».
Trois thématiques, «La femme», «La ville» et «Le multiculturalisme», seront ainsi développées dans 
ce cadre durant cette année, à travers 35 événements 
majeurs ouverts à tous et particulièrement aux jeunes. Des manifestations 
auxquelles le grand public est invité à assister dans 
les onze villes abritant des Instituts français du Maroc.
Directeur adjoint de 
l’Institut français au Maroc, Paul de Sinety revient sur les événements majeurs qui ponctueront cette nouvelle saison. Outre les 
rendez-vous annuels de la saison, comme le Salon du livre de Tanger, la Cigogne volubile-Le printemps des livres jeunesse et le Prix 
littéraire Grand Atlas, entre autres. Entretien

 La 4ème édition de la Saison culturelle France-Maroc est thématisée autour de la question du «Vivre ensemble». Pourquoi ce choix? 
 
Paul de Sinety : Nous avons choisi ce thème parce que nous considérons à l’Institut français du Maroc, avec les onze Instituts répartis sur l’ensemble du territoire marocain, que la coopération culturelle est un facteur de lien social. Que la notion de vivre ensemble, c’est aussi nous interroger avec nos partenaires et interlocuteurs marocains sur les conditions réunies pour que la culture puisse être un facteur de vivre ensemble.

Cette question sera développée à travers trois thématiques : «Villes et émergences», «Femmes» et «Multiculturalisme». Quels messages entendez-vous transmettre en à travers ces thèmes?
 
Il n’y a pas de messages autres que ceux qui seront portés par les artistes, les intellectuels et les entrepreneurs culturels associés à cette programmation culturelle. Nous n’avons d’autres messages à porter que celui de la diversité culturelle qui est probablement la définition de la collaboration entre les peuples et du respect des cultures au sein d’une société. Il se trouve que le Maroc est précisément traversé par ces questions, à savoir : comment vivre ensemble dans une société où cohabitent autant de langues, autant d’origines différentes. Il apparait donc assez important que cette notion de vivre ensemble puisse s’incarner dans cette programmation.

Outre les rendez-vous classiques de l’Institut, que proposez-vous pour cette nouvelle saison ?
 
Comme chaque année, nous proposons de nouveaux projets et rendez-vous. C’est ainsi que cette année nous avons essayé de mettre en œuvre d’abord des opérations destinées aux plus jeunes, à la jeunesse. A travers plusieurs événements tels que le « Festival étrange de slam & musique » où seront partenaires différents établissements scolaires marocains et qui sera marqué par la venue de l’auteur et slameur Grand Corps Malade. Mais aussi à travers la mise en œuvre d’une formidable opération intitulée « L’usine de films amateurs » dans le site mythique des anciens Abattoirs de Casablanca (Fabrique culturelle). Avec Michel Gondry, qui est probablement le plus hollywoodien des cinéastes français. Ce concept permettra aux plus jeunes de réaliser des parcours dans des studios de cinéma reconstitués et de devenir eux-mêmes les propres acteurs des films qu’ils tourneront durant ce parcours.
Egalement prévu, le grand concours international de films réalisés sur smartphone, appareil photo, tablette, «Ana, Maghribi(a)/Moi, Marocain(e)», dont le jury est présidé par Nabyl Ayouch. Ce projet donne la possibilité aux jeunes générations marocaines de s’exprimer sur leur identité, leur quête et leurs désirs. 
Enfin, le Festival international du livre et du film « Etonnants voyageurs » qui réunira, du 6 au 9 mars, à Rabat et Salé, une soixantaine d’écrivains, de cinéastes, d’intellectuels, d’artistes slameurs et rappeurs venus du pourtour méditerranéen. 
Toutes ces opérations sont nouvelles et sont accessibles à tous, puisque c’est le principe de la Saison culturelle France-Maroc. Elles sont adressées en priorité à la jeunesse, mais pas seulement.

La présence de la France au 20ème Salon du livre de Casablanca se décline sous le signe également du vivre
ensemble, des identités, des écritures et des genres pluriels. Pouvez-vous nous en dire plus ?

 
C’est une présence qui s’incarne dans deux directions, la première consistait notamment à faire venir des auteurs femmes pour réfléchir sur la place de la femme dans la création intellectuelle et plus généralement dans la société. Puis, il y a un autre volet qui présentera l’« Histoire des relations entre juifs et musulmans » publié en automne dernier en France chez Albin Michel. Il est présenté pour la première fois au Maroc avec la venue de Benjamin Stora et Abdelwahab Meddeb qui ont rédigé cet ouvrage considérable de 1200 pages, avec une centaine de contributeurs. L’occasion donc d’échanger justement sur le multiculturalisme, sur l’héritage  judaïque revendiqué dans le préambule de la Constitution de 2011 du Royaume du Maroc.

A l’instar des précédentes éditions, la collaboration entre les artistes marocains et français occupe une place importante dans la nouvelle. Qu’en est-il exactement?
 
Il s’agit d’un programme de coopération-collaboration entre artistes marocains et artistes français, autour notamment de résidences artistiques et culturelles que nous avons mises en œuvre sur l’ensemble des dispositifs de l’IFM. Cette collaboration permet aux jeunes artistes marocains plasticiens mais aussi à leurs camarades artistes de musique actuelle, de travailler avec leurs partenaires français.

Les incontournables du mois de mars

« Moi, Marocain(e)/Ana, Maghribi(a) »
 
Parmi les rendez-vous majeurs de ce mois, on retiendra « Moi, Marocain(e)/Ana, Maghribi(a) », un concours international de courts métrages réalisés sur smartphone, appareil photo, tablette dont le coup d’envoi sera donné le 5 mars prochain.
Inscrit dans l’initiative « Maroc nouvelles générations » de l’Institut du monde arabe à Paris et de la Fondation nationale des musées du Royaume du Maroc, cette compétition s’adresse à toute personne de moins de 30 ans, résidente ou non au Maroc. 
Nabil Ayouch est le président du jury de ce concours auquel « les participants sont invités à développer imagination et créativité afin de s’exprimer librement autour des questions d’identité, d’origine, de multiculturalité avec tout ce que cela pourrait leur inspirer », souligne-t-on à l’IFM. Et de préciser que les films sélectionnés seront diffusés en ligne, dans le réseau des Instituts français au Maroc ainsi qu’à l’IMA.
 
Festival « Etonnants Voyageurs »
 
Le lendemain, Rabat et Salé abriteront pour la première fois au Maroc le Festival « Etonnants Voyageurs ». L’événement proposera quatre jours de rencontres (du 6 au 9 mars) avec les grands noms et les jeunes auteurs de la littérature du Maroc, du Maghreb et de toute la Méditerranée, des cinéastes, poètes, conteurs, slameurs, rappeurs et blogueurs.
Au programme, «une centaine de rencontres littéraires, débats, lectures, contes, poésie, théâtre, concerts, films et documentaires, une grande librairie, des dédicaces, des ateliers, deux jours de rencontres scolaires », indique l’Institut. 
Il est à signaler que dans le cadre de cette importante manifestation, le Théâtre national Mohammed V de Rabat servira de cadre, samedi 8 mars, à la présentation de la pièce « N’enterrez pas trop vite Big Brother » (d’après un texte de Driss Ksikes mis en scène par Catherine Marnas).
 
 
 
Paul de Sinety, directeur adjoint de l’Institut français au Maroc : La coopération culturelle est un facteur de lien social

L’usine de films amateurs
 
Trois jours plus tard, 12 mars, l’IFM proposera cette fois-ci un tout autre projet : « L’usine de films amateurs ». Il s’agit d’un « concept itinérant qui a pour vocation de favoriser la création et l’imaginaire, de provoquer l’échange et la rencontre, au travers de décors de cinéma spécialement conçus pour l’occasion », explique-t-on.
Le public marocain pourra la découvrir jusqu’au 30 avril à la Fabrique culturelle des anciens Abattoirs.
Selon un protocole élaboré par Michel Gondry, à qui l’on doit ce projet, « les participants, par groupes de 5 à 20 personnes, créent tous ensemble leur propre film en trois heures avant de le projeter dès la fin du tournage », explique-t-on.
 
Festival étrange de slam & musique
 
Sous la direction artistique de Loubaki (Dionysia Arts), l’IFM offrira une large vitrine sur les pratiques poétiques d’artistes de France, du Maroc et d’ailleurs à travers un « Festival étrange de slam & musique » mettant en exergue le slam, la musique et le cinéma, entre autres.
Présenté dans 10 villes du Maroc,  ce rendez-vous entend aussi « réconcilier le public avec l’écriture et la poésie. Mais aussi de se rappeler au bon souvenir des règles classiques et des figures de style en s’appuyant sur le langage courant, sur la poésie de l’ordinaire, du quotidien… Et en jouant ! ».
A. B
Paul de Sinety, directeur adjoint de l’Institut français au Maroc : La coopération culturelle est un facteur de lien social


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