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Nouvelles appréciées de la littérature arabe : Le chasseur d’autruches (1)Traduit par Sahraoui Faquihi
Mercredi 23 Juillet 2014
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L’auteur est né en 1945. Il poursuivit ses études jusqu’à l’obtention d’un diplômes d’études supérieur en littérature arabe, préparé au sujet du poète préislamique Taabbata Charrane. Après, il exerça le métier d’enseignant à la faculté des lettres et des sciences humaines de Rabat, avant d’être muté à celle d’Aïn Chok. Sa patience pour l’écriture commença depuis qu’il comprit qu’écrire est une manière de s’affirmer. Ses premières nouvelles apparurent dans des revues et journaux nationaux, au début des années soixante-dix, du siècle précédent. Il publia jusqu’à présent trois recueils de nouvelles qui sont : « Revoir les personnes chères» (1984). «Ni vu ni connu (1987). «Le chasseur d’autruches» (1993). J’étais constipé, c’est pour cela que je ne fis point attention. Je laissai les clefs à la porte de la garçonnière, et me dirigeai droit aux toilettes. Quand j’étais revenu, je me trouvai soudain devant le fait accompli : Quelqu’un avait fermé la porte de l’extérieur et avait gardé les clefs. Est-ce une plaisanterie ? Personne parmi les voisins ne plaisantait avec moi. Je crie ? Je frappe à la porte de l’intérieur ? Inutile. Il y a un règlement illicite entre les habitants de l’immeuble : la non ingérence dans les affaires des autres. On ne prête aucune attention à ce que fait le voisin. Même si on tombe sur un cadavre dans les escaliers, on l’enjambe dans une indifférence totale. On active seulement le pas quelque peu pour gagner le boulevard où il y a plus de monde, c’est-à-dire où il n’y a personne, ou pour gagner nos logis étroits qui constituent pourtant cet immeuble, semblable à un archipel : des petites îles voisines, séparées cependant par des eaux profondes, au fond desquelles dorment tranquillement des dizaines de crocodiles épiant les curieux. Dans ma chambre étroite, de la porte extérieure à la porte de la salle de bains ; et de celle-ci, à la fenêtre ouverte sur le bruit et la fumée des voitures : une cage triangulaire. A l’extérieur, le monde de la fumée, du goudron, et du fer regarde en spectateur l’animal coincé, tout en riant à gorge déployée -à travers ses échappements- dans un ton moqueur. J’imaginais que je courais le long du boulevard, que je pénétrais dans une cabine, et que je téléphonais à Said que j’étais enfermé dans ma chambre, qu’il devait me rejoindre sur le champ, accompagné d’un menuisier. -«Mais d’où parles-tu?» Inutile, oh si j’avais ici même un téléphone! Imaginons qu’il vienne me rendre visite ! Mais, il ne viendra pas avant la fin de la semaine ; ou que l’avocate vienne, qu’elle se souvienne subitement de ces choses-là- qu’elle en ait la nostalgie, qu’elle chrche une réconciliation après avoir oublié notre dernière querelle. Hélas … Des mois furent écoulés depuis. Elle a sûrement trouvé un, ou des remplaçants. C’est une sorte d’assassinat avec préméditation. J’accuse le monde entier ! Et en plus de tout cela ces souliers. Je les enlève. Et les chaussettes. Maintenant, ton pied droit est sur la chaise du bureau : l’égratignure à l’extérieur du pied est infectée. Le coton, l‘alcool, le nettoyage. On éprouve un plaisir masochiste devant les morsures de l’alcool. Je prends la chaise et j’entre aux toilettes. Je les ferme difficilement après y avoir placé la chaise. C’est qu’elles sont très étroites. Je m’assieds sur la selle, et j’allonge le pied sur la chaise en bois tel un homme d’affaires américain. Au dessus de moi, se trouve la chasse, et devant moi, les escaliers poussiéreux, en bois également. En bas de l’escalier, mes anciens livres scolaires, et mes projets littéraires, oubliés. Un peu plus haut, des romans policiers, puis les recueils de poème et en fin les revues artistiques. Sur le dos de la porte en bois, un poster de Romy Schneider affichant ce sourire énigmatique qui est le sien. Un sourire plus énigmatique que celui d’Almona Louisa. Elle est extrêmement innocente et gaie à condition qu’elle cache le reste du visage. Toutefois, dans ses yeux perce une tristesse aussi profonde que celle éprouvée par l’humanité toute entière au cours de son histoire. Pourquoi ne rencontre-t-on pas une tristesse semblable dans le regard des actrices arabes ? Seulement des larmes ! Et les larmes c’est quoi ? Un verre de faiblesse renversé ; quant à la souffrance, c’est un puits profond, on n’en aperçoit au fond des yeux des personnes fortes que le soupçon d’une larme lointaine, qui brille là-bas, quelque part, tranquille et froide.
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