Mimoun Rahmani, à propos du 11ème Forum social mondial a Dakar : “La défense de l’unité territoriale du Maroc nous permettra de faire face à l’impérialisme et à sa volonté de balkaniser le monde”


Propos recueillis par Montassir SAKHI
Mardi 8 Février 2011

Mimoun Rahmani, à propos du 11ème Forum social mondial a Dakar :  “La défense de l’unité territoriale du Maroc nous permettra de faire face à l’impérialisme et à sa volonté de balkaniser le monde”
Jusqu’au 11 février 2011, Dakar, capitale du Sénégal, accueille la 11ème édition du FSM (Forum social mondial), la plus grande rencontre
des mouvements
altermondialistes.
Samedi, des centaines de jeunes acteurs associatifs, des
syndicalistes et
des militants d'ONG marocains avaient donné, à la marche inaugurale du FSM, une magnifique
prestation de
patriotisme et d'union sacrée autour de
l'intégrité territoriale du Royaume.
Au cours de cette interview, Mimoun Rahmani, membre d'ATTAC Maroc,
du Conseil de pilotage
du Forum social
maghrébin
et du groupe
de coordination
du Comité pour
l'annulation de la dette du tiers-monde nous rappelle le rôle prépondérant que le Forum social mondial devrait jouer dans la lutte anticapitaliste.

Libé : Qu’en est-il de la genèse du Forum social mondial ? Dans quel contexte international l’édition de Dakar s’inscrit-elle ?

Mimoun Rahmani : La première édition du FSM a eu lieu au Brésil en 2001 au même moment où s’organisait le Forum économique mondial de Davos, marquant ainsi la naissance du mouvement altermondialiste. Il est à rappeler, par ailleurs, que dès le début des années 90, les contestations, mobilisations et luttes contre le capitalisme sous toutes ses formes ont pris une dimension internationale et donné naissance à un mouvement anti-mondialisation à l’échelle planétaire. De la lutte des Chiapas au Mexique à partir de 1994 jusqu’aux mobilisations à Seattle contre le Sommet de l’OMC en 1999, en passant par plusieurs rencontres et mobilisations contre le G8, le FMI et la Banque mondiale, et le Sommet de Davos … des centaines de milliers de militants, représentant diverses organisations à travers le monde se sont engagés à se rencontrer pour manifester leur colère contre les guerres et la domination par le capital… Ayant tous la pleine conviction qu’il faut désormais se "mondialiser" pour pouvoir résister à la mondialisation néolibérale.
La naissance du Forum social mondial à Porto Alegre en 2001 va marquer alors le passage de l’anti-mondialisation à l’altermondialisation. Dès lors, le mouvement altermondialiste ne cesse de grandir et les Forums sociaux d’essaimer.

Quels sont les défis d’organisation que devrait surmonter le FSM de Dakar ?

L’actuelle édition du Forum social mondial semble mal partie. D’après les informations qu’on a pu recueillir, le processus de préparation est très en retard, les commissions mises en place il y a deux ans n’ont pas fait leur travail pour des raisons liées essentiellement à leurs incompétences et manque d’expérience. Mais surtout du fait que le nouveau recteur de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) voulait remettre en cause la décision prise il y a plusieurs mois, de mettre à la disposition du comité d’organisation les locaux de l’université. Ce problème a été réglé mais les négociations ont pris du temps au détriment de la préparation logistique. Du coup, à une journée d’ouverture du FSM, le programme n’était pas encore prêt et la répartition par salles des activités autogérées n’a pas été faite ! Il est normal alors qu’à la première journée (7 février) les participants aient été un peu perdus. Si le problème n’est pas réglé au plus vite, ce sera la panique générale.
L’autre problème de ce 11ème FSM sera certainement la coupure fréquente d’électricité à Dakar, problème qui persiste depuis plusieurs mois sans que les autorités prennent des décisions concrètes. C’est la société Senelec, jusqu’ici publique, qui se charge de la gestion de l’énergie au Sénégal et qui relève directement du ministère de l’Energie dont le chef (ministre) n’est autre que Karim Wade, le fils du président, accusé de détournement de fonds et de mauvaise gestion dont l’objectif consiste en la destruction du secteur de l’énergie et préparer ainsi sa privatisation, et la première société intéressée n’est autre que l’EDF « Electricité de France ». D’ailleurs, le mouvement hip-hop (l’un des mouvements les plus engagés et les plus contestataires dans les banlieues de Dakar) réclame un audit au niveau du ministère et en particulier de la Senelec. Quant aux jeunes des quartiers de Dakar, ils ont trouvé l’idée de brûler des pneus chaque fois qu’il y a obscurité!

Décrivez-nous le déroulement du Forum lors de sa première journée et quelles sont les attentes?

L’ouverture du Forum a été lancée cet après-midi (6 février) par une grande manifestation dans les rues de Dakar. La journée du 7 février est dédiée à l’Afrique, des activités autogérées sont prévues les 8 et 9, des assemblées thématiques de convergence les 10 et 11, l’Assemblée des mouvements sociaux l’après-midi du 10, pour finir le 11 avec la nouvelle «invention» dite «assemblée des assemblées» qu’on ne sait pas encore comment l’organiser mais qui réunit toutes les assemblés thématiques pour la lecture des déclarations respectives.
Des chefs et ex-chefs d’Etat dits progressistes sont attendus à cette 11ème édition. On peut citer en particulier Evo Morales, l’actuel président de la Bolivie, qui a pris la parole à la séance d’ouverture. Il y aura probablement aussi la bête noire des Etats-Unis, le président vénézuélien Hugo Chavez, le très contesté par les mouvements sociaux, l’ex-président brésilien Lula Da Silva.
Par ailleurs, ce qui a marqué ce FSM c’est l’organisation de plusieurs caravanes venant en particulier d’Afrique de l’Ouest. La caravane des mouvements sociaux, initiée par le CADTM Afrique, ATTAC Afrique et No Vox, partie de Cotonou (Bénin) a rassemblé pas moins de 500 personnes. Elle a malheureusement connu des problèmes et des tensions entre les délégués à cause de la fatigue et des difficultés d’organisation. Cette caravane n’a pourtant pas été financée par le FSM! Le comité d’organisation a plutôt préféré filer de l’argent à d’autres «personnalités» venues en «caravanes» que de soutenir les mouvements de lutte.

Qu’en est-il de la participation marocaine?

Une grande délégation marocaine officielle est venue participer au FSM ; on parle d’un peu plus de 1000 participants. Par ailleurs, plusieurs militants marocains engagés et progressistes sont présents à cette édition. Ils sont venus pour débattre des grandes questions sur l’Afrique, le Maghreb et le monde entier. Ces militants sont conscients de la complexité du dossier du Sahara et veulent que la paix règne dans la région, tout en défendant l’unité territoriale de notre pays qui, seule, permettra de faire face à l’impérialisme et à la volonté de balkaniser le monde.


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