Mhakkak à l’occasion de la sortie de son recueil de poèmes «Le collier de la colombe »

“L’aimance est mon thème préféré”


Propos recueillis par Frédérique Aufrère
Samedi 7 Mars 2009

Mhakkak à l’occasion de la sortie de son recueil de poèmes «Le collier de la colombe »
Noureddine Mhakkak a publié aux Editions  “Mille Poètes LLC”, cinq recueils de poèmes, à savoir “Le jardin des passions”, ”Les sirènes de la Méditerranée”,
“Les fleurs de l'Orient”, “Le livre des Mille et une Nuits”, et “Le collier de la colombe”. Entretien

Libération :   L’amour, est-ce un sujet que vous préférez à tout autre dans l’écriture ?

Noureddine Mhakkak : Je peux vous dire que l’amour dans sa globalité, c'est-à-dire dans son sens large qui prend le nom de l’aimance, selon le grand écrivain et penseur marocain Abdelkebir Khatibi, est mon thème préféré. Car l’amour était depuis toujours le thème le plus émouvant. En plus, qui dit « amour » dit  bien sûr «jeunesse spirituelle » et même corporelle éternelle, d’une part ; et d’autre part, « l’union des contraires, féminin et masculin, dans sa solidité qui dépasse la sexualité en intégrant en elle  la sensibilité et la spiritualité ». C’est pour ces raisons-là que parler de l’amour signifie parler de la vie elle-même dans toutes ses manifestations humaines et humanistes. Et il n’y a pas mieux que la poésie pour parler de l’amour ou plutôt pour faire l’éloge de l’amour.

Pourquoi avez-vous choisi ce titre qui parle du «collier» et de « la colombe», et qui nous plonge dans un monde un peu mythique  surtout que «la colombe» prend tant de significations ?

J’ai toujours été fasciné par la forme de «la colombe», par la douceur de son roucoulement, et par la blancheur simple et presque exemplaire de ses plumes, car la terrasse  de notre maison était grandement occupée par ce merveilleux volatile, et j’étais moi-même un bon éleveur de colombes. Lorsque j’avais intégré le collège puis le lycée, j’ai été fasciné par la symbolique de «la colombe» qui signifie la simplicité, la pureté, la paix et le bonheur retrouvé. Et en choisissant le nom de « la colombe », pour qu’il soit  présent dans le titre de mon recueil de poèmes qui fait éloge de la bien-aimée, j’ai essayé de rassembler toutes les significations et les métaphores de ce vocable pour désigner un état d’âme qui fait accroire que le monde entier n’est qu’amour, paix et tolérance.
De plus, ce titre, dans sa globalité, rappelle celui d’un célèbre ouvrage arabe du grand philosophe andalou Ibn Hazm, intitulé « Le collier du pigeon », qui parle lui aussi de l’amour, des passions, des émotions et même des folies des amoureux.

Le nom d’Aphrodite revient souvent  dans tous les poèmes de ce recueil. Que représente  Aphrodite pour vous, et pourquoi pas Vénus par exemple?

D’abord j’ai choisi le nom d’Aphrodite pour désigner la femme que j’aime et dont je ne voulais pas annoncer le vrai nom, pour que  les poèmes soient dédiés à toutes celles que j’ai aimées et à toutes les femmes du monde qui vont lire ce recueil de poèmes. En plus, en choisissant ce nom mythique d’Aphrodite, qui désigne « les forces irrépressibles de la fécondité, non pas dans leurs fruits, mais dans le désir passionné qu’elles allument chez les vivants», je veux déclarer à travers lui mon amour pour toute la beauté féminine du monde.

  Il y a plusieurs poèmes qui sont pleins de paroles d’Aphrodite, pourquoi cette importance ? Est-ce  que les paroles d’une femme feraient le bonheur et le malheur d’un homme ?

En écrivant ce recueil de poèmes, j’ai décidé de laisser la parole de temps à autre à la bien-aimée pour qu’elle puisse exprimer ses sentiments envers moi, ou plutôt envers son amoureux qui n’est que le poète lui-même, le poète qui me représente dans ce recueil bien sûr. Cela donne une grande place à la femme en général et à la bien-aimée en particulier. Car parler de l’amour sans laisser la parole à la bien-aimée, cela devient  une envie maladive  de possession et pas un signe d’amour comme l’a déjà souligné notre philosophe Ibn Hazm depuis longtemps. C’est peut-être ici l’occasion de noter sur un point précis le thème de l’amour dans sa vraie essence, celle de la tolérance qui existe  entre les deux amoureux et  celle de la paix qui règne dans l’atmosphère  qu’ils partagent.

 Certains poèmes montrent l’attachement exclusif à une seule femme, l’élue de son cœur, sans qui il n’est plus rien. Est-ce de la poésie qui  pourrait se concrétiser dans la vie  ?

Oui. Le poète, dans ce recueil, parle d’une seule femme dont le nom choisi pour la présenter est celui d’Aphrodite qui symbolise la beauté. Car ce recueil  reflète une seule expérience, celle du grand amour, qui dépasse et qui efface tous les amours  avant celui-ci. Et ce genre d’amour pour une seule femme existe depuis toujours. On le trouve chez les anciens poètes arabes tels Jamil Boutaina et Qaïss Layla et bien d’autres, comme on le trouve dans toutes les cultures d’ailleurs. En plus, cet amour-là, dans ce recueil, dépasse la réalité de sa vraie existence pour devenir un symbole, celui de l’amour dans sa signification humaine.

Une bonne partie des poèmes de ce recueil montre que l’homme est loin de cette femme. L’amour peut-il survivre  longtemps quand les amoureux vivent loin  l’un de l’autre ?

Depuis qu’il existe, l’homme cherche la beauté féminine qui signifie pour lui tant de choses, et lorsqu’il retrouve sa bien- aimée, sa deuxième moitié, selon le grand philosophe grec  Platon, il ne la laisse jamais s’éloigner de lui. Et si cela arrive, il reste toujours dans un état de quête ou d’attente selon ses propres situations. Il y a un proverbe arabe qui dit : «Loin des yeux, loin du cœur », mais il y a un autre adage : « Etre loin des yeux, cela incite l’œil du cœur à s’ouvrir pour mieux le voir». Ces deux proverbes montrent que nous ne voyons pas les choses avec la même vision. Car chaque personne fait sa propre expérience et chaque amour vit des situations  différentes.

A part  la poésie, est-ce que vous pensez écrire un roman sur l’amour ou plutôt sur l’aimance selon votre propre vision ? Et avez-vous un autre projet d’écriture  en vue?

J’ai déjà écrit deux romans, mais en langue arabe. Le premier, «Le temps de partir», parle de  l’expérience de la migration vers l’Occident, et le second intitulé «Le courrier de Casablanca» rappelle  la vie d’un enfant qui a vécu dans un quartier populaire de la métropole et qui a pu devenir un écrivain célèbre. Je suis en train d’écrire un troisième roman, cette fois en langue française, pour relater une histoire d’amour extraordinaire entre un Marocain et une Américaine.


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