Marine, la mystérieuse compagne radicalisée du jihadiste Radouane Lakdim

Marine P, qui s'est convertie à l'islam à l'âge de 16 ans, présente tous les signes d'une radicalisation, dixit le procureur de Paris


Vendredi 30 Mars 2018

"Jolie, souriante, discrète", Marine P., inculpée d'association de malfaiteurs terroristes, est une fille de 18 ans aux yeux bleus pétillants. Elle est aussi la "compagne" de Radouane Lakdim, qui a tué quatre personnes dans une attaque dans le sud de la France, et fichée comme lui pour radicalisation.
"Elle a peut-être eu des propos extrêmes, mais elle n'est pas une criminelle, elle a été manipulée", répète inlassablement sa soeur aînée, qui souhaite garder l'anonymat.
"Ma soeur n'est pas une criminelle (...), elle avait repris l'école, eu son BEP (diplôme, ndlr) de vente. Elle allait bien" et cherchait un emploi, ajoute entre deux sanglots la jeune femme.
Interpellée vendredi après les attentats commis au nom du groupe Etat islamique par Radouane Lakdim et placée en garde à vue, Marine a été présentée mardi dans la soirée à un juge antiterroriste. Elle a été mise en examen (inculpée) pour "association de malfaiteurs terroristes" criminelle.
"Sans antécédent judiciaire", la jeune fille, qui "s'est convertie à l'islam à l'âge de 16 ans, présente tous les signes d'une radicalisation", a déclaré lundi soir le procureur de Paris François Molins.
Au moment de son interpellation, elle va jusqu'à crier "Allah Akbar (Dieu est le plus grand, Ndlr)" et a posté sur Internet, le matin du périple sanglant de son compagnon, une sourate promettant l'enfer aux mécréants, selon M. Molins.
"Elle avait peur, c'est pour ça", répond sa soeur aînée, effondrée.
Sur une photo de famille, Marine, dont le nom musulman est Assia, est apprêtée, souriante, maquillée, les cheveux remontés en chignon. Comme beaucoup d'adolescentes, la jeune fille fait la moue devant l'objectif.
"Elle s'habillait normalement, elle n'était pas voilée, toujours maquillée", abonde de son côté une voisine, proche de la famille.
Celle-ci, modeste, vit depuis plusieurs années dans un logement social d'une résidence située aux confins de Carcassonne, qui borde le cimetière de la commune. De petites maisonnettes, grises ou beiges, de deux étages, loin du centre-ville animé, et où s'abat la pauvreté.
"Le père est si gentil, si souriant... Il travaille tout le temps, du matin au soir, le pauvre", explique une des habitantes.
La mère, "sens dessus dessous", est persuadée que sa fille n'est "responsable de rien". "Tu as été embobinée", lui a-t-elle dit avant que la police n'emmène sa fille.
Tous se disent "choqués". Jeune fille sans histoire, Marine passait ses journées à la maison et ne se "rendait jamais à la mosquée", selon sa soeur. "Elle faisait la prière le matin, mettait ensuite une sourate sur son compte Facebook", et ensemble, entre deux cigarettes fumées dans leurs chambres, elles "regardai(ent) des films sur Netflix".
 Quand Marine fait le ramadan, les parents, qui "ne sont pas croyants", selon la fille aînée, "mangent du porc à table". "Et il n'y avait aucun problème", souligne-t-elle, "parce que nos parents nous ont laissées choisir".
Marine "avait très peu d'amis... trois ou quatre. Son meilleur ami est homosexuel", ajoute sa soeur, avant de s'interroger: "Pourquoi elle s'est mise avec un mec comme ça ?", évoquant Radouane Lakdim.
Leur relation reste "très discrète" pendant trois ans "parce que seul l'homme avec qui on va se marier vient chez les parents", explique-t-elle.
Marine "vit avec nous. Elle n'est jamais allée chez lui, il n'est jamais venu ici", résume sa soeur, qui avait simplement "connaissance" de l'existence de l'idylle.
Sa petite amie ? "On ne savait même pas qu'il en avait une", lâche un des amis d'enfance de Lakdim.
Ensemble, le couple va "faire de la marche dans les sentiers du coin, courir". "Ni fête", "ni voyage"... selon les amis de l'un et la famille de l'autre.
Le couple faisait l'objet d'une fiche pour radicalisation, Marine pour "fréquentation des milieux islamistes radicaux", selon les premiers éléments de l'enquête.
"Elle conteste toujours avoir été associée au projet", a confié une source proche de l'enquête, "mais quand on évoque les faits, elle n'exprime pas un sentiment d'indignation".


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