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Marc-Aurèle : Le Chemin de la sagesse


Par Miloudi Belmir
Jeudi 6 Août 2020

Issu d’une vieille famille princière romaine particulièrement mêlée aux événements et aux guerres de l’empire romain. Empereur et philosophe stoïcien. Il débuta dans la vie philosophique par un ouvrage célèbre (Pensées pour moi-même). Ses ouvrages sont honnêtes et moraux, souvent même moralisateurs Leurs contenus et leurs leçons conviennent à toutes les conditions, aux esprits ordinaires, aux esprits cultivés, aux personnes du peuple, aux braves guerriers, comme aux gens plus instruits ou lancés journellement dans le tourbillon mondain. 
 De plus, la plupart de ses écrits renferment des enseignements où sont traitées des questions, qui supposent, surtout chez ceux qui les lisent entre les lignes, non seulement un jugement droit et des intentions pures, mais encore une éducation spéciale, l’éducation de la pureté et de la sagesse.
 Le livre (Pensée pour moi-même) rassemble les plus belles citations sur le sens de la vie. Les lecteurs y trouveront des souvenirs des hommes philosophes dont leurs noms sont déjà oubliés, mais aussi, de belles pensées, des idées, des prophéties, des sentences, des conseils pour la vie, etc. bref, une leçon de vie.   
 Avec son livre (Pensées pour moi-même), Marc-Aurèle s’est imposé comme le philosophe de la conscience le plus profond et le mieux informé de la philosophie de l’homme. Chez lui se manifeste le souci de l’homme et de son destin. Il a marqué de son génie toute la sagesse de son temps. La fécondité philosophique a été aussi remarquable que sa vogue mondaine : « Mon entendement suffit-il à cette œuvre, oui ou non ? S’il suffit, je me sers de cet ouvrage comme d’un outil qui m’est donné par la nature universelle. S’il ne me suffit point,  je remets cet ouvrage à celui qui pourra mieux le réaliser ».
 Le livre (Pensées pour moi-même) ordonne notre réalité humaine. Il exige clarté, il assujettit  à la raison et à l’idée, il commande de parfaire la vie humaine sur une voie morale. Pour Marc-Aurèle, la clarté ne peut frayer en rien d’essentiel. C’est l’obscurité qui nous fait vivre dans un monde dément.   L’homme, dés qu’il se trouve dans ce monde, par la force de cette obscurité qui est en lui et qui est la croyance, marchera vers l’inconnu et l’imprévisible.
 C’est autour des problèmes de la morale et de la conscience que tourne la quintessence de cette œuvre. Dans son ensemble, elle est une critique des conditions de l’activité humaine et une recherche des valeurs. Si nous lisons cet ouvrage, nous sommes frappés par la convergence des interrogations. Est-ce le déclin de la civilisation humaine ? La morale de la conscience  est-elle nécessaire à la vie des hommes ? L’homme assistera-t-il sans rien dire à la catastrophe d’une nouvelle ère ?  Autant de mises en question des valeurs sur lesquelles notre existence est fondée.  
 Les enseignements de Marc-Aurèle sont toujours mêlées à la morale, et on les  voit dans des lignes comme celles-ci : De Diognète : réprouver les futilités ; ne point ajouter foi à ce que racontent les charlatans et les magiciens sur les incantations, la conjuration des esprits et autres contes semblables. De Resticus : avoir pris conscience que j’avais besoin de redresser et de surveiller mon caractère. D’Appollonius : L’indépendance et la décision sans équivoque et sans recours vaux dés ; ne se guider sur rien d’autre, même pour peu de temps, que sur la raison. D’Alexandre le Grammairien : s’abstenir de blâmer ; ne pas critiquer d’une façon  blessante ceux qui ont commis un barbarisme, un solécisme, ou quelque autre faute choquante. De Maximus : être maître de soi et ne pas se laisser entraîner par rien ; la bonne humeur en toutes circonstances, même dans les maladies ; l’heureux dans le mélange, dans le caractère, de douceur et de gravité, l’accomplissement sans difficulté de toutes les tâches qui se présentent ; la conviction où tous étaient qu’il parlait comme il pensait. 
 Le livre (Pensées pour moi-même) n’est pas un traité dogmatique, mais un ouvrage moral, politique  et exemplaire, et un recueil de maximes et d’exemples visant à faire naître de bonnes idées et de bons conseils. L’éducation de Marc-Aurèle n’a qu’un but, former un homme libre, conscient et  capable de défendre sa liberté et sa dignité ; et pour former un homme libre, il n’est qu’un seul moyen : respecter sa liberté et sa dignité : « Le salut de la vie consiste à voir à fond ce qu’est chaque chose en elle-même, quelle est sa matière, quelle est sa cause formelle ; à pratiquer la justice et à dire la vérité. Que reste-t-il, sinon à tirer parti de la vie pour enchaîner une bonne action à une autre, sans laisser entre elle le plus petit intervalle »
 Marc-Aurèle a donné son nom à son siècle. C’était l’époque des chemins du savoir et d’un apogée de l’art de la sagesse. Rome était le prytanée intellectuel et le rendez-vous des hommes de talent du monde romain. Marc-Aurèle y apportait des conseils à intéresser les disciples, surtout les disciples ambitieux de jouer un rôle utile dans la société. Ses disciples préférés étaient les jeunes gens moyens qui tentaient la politique et prônaient la justice et  la liberté.
 Dans son livre, Marc-Aurèle cherche ce qui est la sagesse, la honnêteté, la patience, l’endurance, le courage, la tolérance, la clémence, le bonheur, l’espérance, la fraternité, etc. Il restera fidèle toute sa vie à ces vertus. Il croira que la vertu est le but suprême de toute existence, et que c’est dans le bien qu’il faut chercher l’explication de l’existence humaine : « Bonheur de l’homme : faire de ce qui est propre de l’homme, c’est d’être bienveillant envers ses pareils, de mépriser les sens, de discerner les idées qui méritent créance, contempler la mature universelle et tout ce qui arrive conformément à la loi ».
Marc-Aurèle a été un penseur de l’éthique et de la conscience, un penseur politique. Il a été, toute sa vie, soucieux du sort de l’homme. Le lien entre l’éthique et la politique de Marc-Aurèle a pour but de découvrir la dimension morale de l’homme et de prévoir des événements futurs. Dans cette vision, on croit avec quelle logique ce grand penseur resta fidèle à lui-même et réalisa en morale et en politique ce qu’il avait compris : « Il faut toujours avoir à la disposition ces deux percepts : l’un, de n’accompagner uniquement que ce que l’inspire, dans l’intérêt des hommes, la raison de ton pouvoir. L’autre de changer de conduite, s’il se trouve quelqu’un pour redresser et modifier ton opinion. Il faut toutefois que ce changement procède toujours d’un certain motif soutenable, de justice par exemple, ou d’intérêt général, et tels doivent être exclusivement les mobiles qui puissent t’y déterminer, et non point ce qui te paraît glorieux ou agréable ».
Ce qui nous a le plus séduits chez Marc-Aurèle, c’est le caractère anti-obscurantiste et l’ouverture sur la raison par rapport aux philosophes de son temps, de leurs enseignements des événements contemporains. Des aspects de sa doctrine nous ont particulièrement frappés. D’abord à propos de la relation entre morale et politique. Marc-Aurèle dit du politique qu’il était avant tout un moraliste. D’où sa difficulté à ne pas condamner moralement ceux qui nient cette réalité, et qui disent que la politique n’est pas la lutte entre le monde de riches et de pauvres, mais le choix entre l’utile et l’inutile   : « N’estime jamais comme utile à toi-même ce qui l’obligera un jour à transgresser la foi, à quitter la pudeur, à éprouver de la haine pour quelqu’un, à suspecter, à maudire, à désirer ce qui a besoin de murs et de tentures. L’homme qui, avant tout, a opté pour sa raison, son génie et le culte dû à la dignité de ce génie, ne joue pas la tragédie, ne gémit pas et n’a besoin ni d’isolement ni d’affluence ».
 Ce n’est donc pas un hasard si l’œuvre de Marc-Aurèle comporte les puissants enseignements de vie. Ces leçons sont formulées à la manière stoïcienne. Un grand nombre d’enseignements de Marc-Aurèle sont des citations et pensées sur l’éducation et le destin de l’homme. Le livre (Pensées pour moi-même) est rempli de ces pensées dans l’ordre célèbre :
Le temps de la vie de l’homme, un instant ; sa substance, fluente, ses sensations, l’assemblage de tout son corps, une facile décomposition ; son âme, un tourbillon, son destin, difficilement conjecturable ; sa renommée, une vague opinion. Pour le dire en un mot, tout ce qui est de son corps est eau courante ; tout ce qui est de son âme, songe et fumée. Sa vie est une guerre, un séjour sur une terre étrangère ; sa renommée posthume, un oubli. Qu’est-ce donc qui peut nous guider ? Une seule et unique chose : la philosophie.
N’use point la part de vie qui te reste à te faire des idées sur ce que font les autres, à moins que tu ne vises à quelques intérêts pour la communauté, car tu te prives  ainsi d’une autre tâche, celle, veux-je-dire, que tu négliges en cherchant à te faire une idée de ce que fait tel, du but qu’il se propose, de ce qu’il dit, de ce qu’il pense, de ce qu’il combine et de toutes les autres préoccupations de ce genre, qui t’étourdissent et t’écartent de l’attention que tu dois à ton principe directeur.
La raison et la logique sont des facultés qui se suffisent à elles-mêmes, et aux opérations qui en relèvent. Elles partent d’un point de départ qui leur est propre, et elles marchent tout droit vers le but qui leur est proposé. Voilà pourquoi les activités de ce genre se dénomment « actions droits », signifiant par un mot la rectitude de leur voie.
Les principes vivent. Comment d’ailleurs pourraient-ils mourir, à nous, à moins, que ne s’éteignent les représentations ? Or, ces représentations, il est en ton pouvoir de les ranimer sans cesse. Je puis, sur chaque chose, me faire l’idée qu’il faut. Et si je le puis, pourquoi me troubler ? Ce qui est en dehors de mon intelligence n’est absolument rien pour mon intelligence. Comprends-le, et te voilà sur pieds.
Le repentir est un blâme à soi-même pour avoir négligé quelque chose d’utile. Or, le bien doit être d’utile, et l’honnête homme doit en avoir souci. Mais d’autre part, aucun honnête homme ne se blâmerait pour avoir négligé un plaisir. Le plaisir s’est donc, ni chose utile, ni bien.
Si tu supprimes ton opinion sur ce qui semble t’affliger, tu te places toi-même dans la position les plis inébranlables -Qui toi-même ? La raison. – Mais je ne suis pas que raison – Soit ! Que la raison du moins ne se chagrine pas elle-même. Mais si quelque chose en toi vient à souffrir, qu’elle s’en fasse une opinion raisonnable.
Quand ayant reconnu que tu dois agir, ne crains pas d’être vu agissant, même si la foule devait défavorablement engager Si, en effet, cette action est mauvaise, évite de la faire ; si elle est bonne, pourquoi crains-tu ceux qui ont tort de te blâmer.
Dans les conversations, évite de rappeler souvent les dangers courus. Si t’es agréable, en effet, de te rappeler les dangers que tu as traversés, il n’est pas également agréable à autrui de l’entendre dire ce qui t’est survenu. 
Fixe-toi à présent un modèle et un type que tu suivras, lorsque tu seras avec toi-même, et que parmi les hommes tu te trouveras.
Combien de temps encore, différeras-tu de te juger digne de ce qu’il y a de meilleur, et de respecter tout ce que décide la raison ? Tu as reçu les maximes envers lesquelles il fallait s’engager, et tu t’es engagé. Quel maître attends-tu pour lui confier le soin de ton amendement ? Tu n’es plus un jeune homme, mais un homme fait. Si maintenant tu te négliges et deviens nonchalant. Si tu ajoutes toujours les délais aux délais, si tu renvoies d’un jour à l’autre le soin d’être attentif à toi-même, tu oublieras que tu n’avances à vivre et mourir comme un homme vulgaire.     
 Ainsi les enseignements de Mar-Aurèle tiennent dans son œuvre philosophique, la place qui est des vases sacrés dans l’histoire philosophique. La sagesse et la morale auxquelles s’attache ce grand penseur sont toutes rationnelles, parce qu’il est à la fois homme moral et homme de raison. Il a été l’un des premiers philosophes à comprendre par intelligence et méthode que toute pensée valide a ses racines dans la vie des hommes et que le rôle de la morale est de rendre à la dignité sa place dans le monde des humains.
La bonté, la piété, la bienveillance, l’amour du  beau, du vrai et du bien, la bonne humeur, l’humilité, le courage, etc., Marc-Aurèle a utilisé ces mots dans la vie de ses disciples, des mots qui ont une signification courante, mais qui ont aussi une portée profonde, philosophique.
 Dans son livre, Marc-Aurèle nous invite à suivre ses maximes, et que nous devrons prendre au sérieux ses enseignements moraux pour avancer dans la bonne voie. C’est grâce à ses enseignements que nous connaissons le chemin de la sagesse. Marc-Aurèle, fidèle disciple de l’école stoïcienne, s’attache comme les disciples de cette école à définir les idées morales. Il recherche à qui est la sagesse et la vertu. Il reste fidèle toute sa vie à cette école. Comme ses gourous, il honora leur mémoire et croira que le bien est le  but suprême de toute existence, et que c’est dans le bien qu’il faut trouver le sens de la vie.  
Sans ces enseignements, nous ne reconnaîtrons rien dans notre vie humaine, or, dans la vie, nous ne pouvons ni arrêter le destin de l’homme vers sa destinée, ni construire un monde idéal pour lui. Nous ne comprenons donc notre vie qu’à l’aide d’idées qui conditionnent notre compréhension et notre conscience.
Ainsi, se résume l’un des œuvres de l’histoire de la pensée humaine et de l’évolution morale de l’humanité. C’est pourquoi cette œuvre (Pensée pour moi-même) n’a qu’une seule ambition : « L’amour du beau, du vrai, du bien, l’égalité des droits, le respect de la liberté ».
Enfin, il importe de noter que le livre de Marc-Aurèle n’est pas seulement un travail raisonné ou un recueil de quelques maximes sur les principaux événements survenant à son époque, comme l’indique son historique, il est aussi une grande œuvre de philosophie, de réflexion, d’éducation et d’érudition. Il a même prétention d’être une doctrine universelle de la morale. 


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