
Malgré les "excuses" du gouvernement aux victimes de brutalités policières des jours précédents, des milliers de manifestants ont envahi à la nuit tombée la place Taksim d'Istanbul, où ils ont scandé des slogans réclamant le départ du Premier ministre. Plusieurs milliers de personnes se sont également réunies en soirée à Ankara.
La Confédération des syndicats du secteur public (KESK), qui a appelé mardi à un arrêt de travail de deux jours par solidarité avec les manifestants, devrait être rejointe mercredi par la Confédération syndicale des ouvriers révolutionnaires (DISK), qui revendique 420.000 membres.
Des heurts ont également eu lieu dans la ville de Hatay (sud-est) à la frontière syrienne où un jeune homme de 22 ans était décédé la veille après avoir été blessé lors d'une manifestation.
Mardi, au lendemain d'une nouvelle nuit de violences marquée par la mort d'un deuxième contestataire, le vice-Premier ministre Bülent Arinç avait tenté d'enrayer le mouvement en qualifiant de "légitimes" les revendications des écologistes à l'origine des troubles et invité les mécontents à rester chez eux.
A l'opposé du ton ferme du chef du gouvernement, en tournée au Maghreb jusqu'à jeudi, M. Arinç avait dispensé un discours plus conciliant.
Depuis le début de la contestation vendredi, les manifestants accusent M. Erdogan de dérives autoritaires et de vouloir "islamiser" la Turquie laïque.
Ce discours a tranché avec l'intransigeance de M. Erdogan qui, sûr de son poids politique, a balayé les critiques et renvoyé ses détracteurs aux élections locales de 2014. "A mon retour de cette visite, les problèmes seront réglés", a-t-il lancé, provocant, lundi à Rabat.
Les excuses du vice-Premier ministre ont été saluées par les Etats-Unis, qui s'étaient inquiétés de l'usage "excessif" de la force. "Nous saluons les efforts du président Gül et d'autres pour calmer les choses", a réagi la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki.
Hormis les deux personnes décédées dimanche et lundi, les violences des quatre derniers jours ont fait plus de 1.500 blessés à Istanbul et au moins 700 à Ankara, selon les organisations de défense des droits de l'Homme et les syndicats de médecins.