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Trois morts dans les actes de violence et de vandalisme perpétrés à Leqliaa
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Certaines formes de protestation ont connu une escalade dangereuse impliquant un grand nombre de mineurs qui a dépassé les 70%, voire 100% dans certains cas
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Veillée religieuse présidée par SAR la Princesse Lalla Meryem
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SM le Roi, Amir Al-Mouminine, préside une veillée religieuse
Le Maroc vit aujourd’hui une crise de confiance profonde, alimentée par la colère sociale, le désarroi de la jeunesse et l’aggravation des inégalités. Confronter le discours officiel à la réalité du terrain, c’est dévoiler un fossé inquiétant entre les déclarations et les réalités.
Vous dites que vous « tenez compte des orientations Royales »
Le communiqué affirme s’inscrire dans le sillage des Hautes orientations Royales, or la réalité démontre le contraire. Plus de 60% des communes rurales restent exclues de tout programme structurant (rapport CESE 2024). Les inégalités territoriales ne cessent de se creuser : le revenu moyen par habitant dans les régions centrales est presque deux fois supérieur à celui des provinces du nord et du sud. Le temps que l’investissement public est censé corriger ces déséquilibres, ce dernier a reculé de 12% entre 2022 et 2024. Peut-on parler d’application fidèle des discours Royaux quand tant de territoires sont abandonnés à leur sort ?
Vous dites que vous « interagissez avec la jeunesse »
Officiellement, le gouvernement affirme écouter et comprendre les revendications des jeunes. Mais sur le terrain, les mobilisations pacifiques de septembre 2025 dans les grandes villes du Maroc n’ont trouvé aucun canal de dialogue. Au contraire, plusieurs voix critiques ont été oppressées pour leurs protestations dans les réseaux sociaux. Le fossé est criant : 72% des jeunes urbains déclarent n’avoir aucune confiance dans les institutions politiques (HCP, 2025). Dans un pays où près de 40% d’entre eux sont sans emploi, l’absence de réponses concrètes alimente un sentiment d’abandon et d’exclusion. Où est donc le terrain pour le dialogue et le changement?
Vous dites que vous «réformez le système de santé »
Le secteur médical est la parfaite incarnation de la discordance entre discours et réalité. Le Maroc ne compte aujourd’hui que 1,7 médecin pour 1.000 habitants, loin de la norme de 4,5 fixée par l’OMS. Le déficit s’élève à 12.000 infirmiers et techniciens, tandis que 45% des postes ouverts restent vacants dans certaines régions. Les hôpitaux publics sont saturés, les urgences débordées, et seulement 35% des citoyens se disent satisfaits du service public de santé (baromètre politique, juillet 2025). Quant aux Groupements Sanitaires Territoriaux, présentés comme la grande réforme, ils apparaissent comme une coquille vide : sans ressources humaines, sans équipements, sans logistique. Est-ce cela, réformer et territorialiser ?
Vous dites que vous «valorisez les initiatives parlementaires»
La motion de censure déposée récemment a été balayée comme une manœuvre politicienne. Plutôt que de saisir cette opportunité pour rendre des comptes, le gouvernement s’est contenté d’un discours défensif, sans transparence ni autocritique. Aucune reddition claire n’a été présentée : ni sur les réalisations, ni sur les échecs, ni sur les retards d’implémentation. Peut-on prétendre valoriser le rôle du Parlement tout en refusant le contrôle démocratique qu’il incarne ?
Vous dites que vous «construisez l’Etat social»
L’Etat social reste l’un des slogans les plus répétés, mais aussi les plus creux. Le chômage des jeunes urbains tend vers 40%, tandis que le taux de chômage global dépasse les 13% (HCP, 2025). Plus d’1,5 million de Marocains demeurent sans couverture médicale malgré les promesses de généralisation avant fin 2024. Le taux de l’inflation alimentaire est de 6,8% selon Bank Al-Maghrib, ce qui réduit à néant le pouvoir d’achat de milliers de familles. Le logement social est à l’arrêt : à peine 10.000 unités livrées en 2024 contre 45.000 en 2016.
Quant à la crise hydrique, elle devient alarmante : en 2025, le déficit en eau a dépassé 1,2 milliard de m³. Comment parler d’Etat social quand l’accès aux droits les plus élémentaires tels que le travail, le logement, l’eau et les services de santé reste hors de portée pour une large sphère de la population ?
Conclusion : Un discours usé face à une réalité implacable
Oui, la majorité peut multiplier les communiqués, user d’un langage policé et répéter des promesses. Mais les jeunes et les moins jeunes ne s’en contentent plus. Vous dites que vous réalisez, la réalité dit que vous êtes en retard. Vous dites que vous écoutez, la réalité dit que vous excluez. Vous dites que vous réformez, la réalité dit que vous déformez les faits. Vous dites que vous représentez le peuple, la réalité dit que le peuple se détourne de vous.
Depuis 2021 vos promesses étaient de réformer la santé et l’éducation, autonomiser la jeunesse, relever les défis de l’eau et du logement. Mais ces engagements n’ont laissé aucune trace tangible. La question est désormais claire : ces promesses peuvent-elles encore calmer une colère sociale nourrie par la désillusion, ou bien le peuple continuera-t-il à réclamer, par sa voix et sa détermination, un véritable changement, du communiqué aux actes, de la tribune au terrain, du langage officiel à la vie quotidienne ?

Par Mohamed Assouali
Secrétaire provincial de l’USFP à Tétouan