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Loin des images de guerre, le Liberia, nouveau paradis des surfeursJeudi 3 Juillet 2014
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Large sourire aux lèvres, Sam Brown Jr saute prestement sur sa planche de surf, apprivoisant la vague monstrueuse qui se dresse derrière lui comme un animal déchaîné et écumant. Ce jeune homme de 21 ans fait partie des passionnés de surf de plus en plus nombreux au Liberia, attirés par les rouleaux qui font de ce pays d’Afrique de l’Ouest l’un des derniers paradis encore intact pour les surfeurs de la planète. «Ce qui rend le surf si bon au Liberia, c’est les vagues, dit-il, de retour sur la plage. Difficile d’imaginer des surfeurs insouciants dans un pays surtout connu pour les guerres civiles qui s’y sont succédé de 1989 à 2003, faisant plus de 200.000 morts, laissant le pays en ruines. Des images d’enfants-soldats drogués brandissant des mitrailleuses ont fait le tour du monde. Mais le tourisme du surf s’y développe lentement et le Liberia commence à acquérir une certaine réputation à cause de ses parfaits «point breaks» (lieux où les vagues se brisent au large), ses plages spectaculaires, ses eaux chaudes et l’accueil amical de ses habitants. La légende veut que les premiers surfers soient apparus au Liberia dans les années 70, mais il a fallu attendre qu’un film sur ce sport remporte des prix à des festivals en 2008 pour que les touristes commencent à s’y rendre en plus grand nombre. «Sliding Liberia», tourné au Liberia en 2006 par Nicholai Lidow et Britton Caillouette, relate l’histoire d’Alfred Lomax, devenu le premier surfeur du pays après avoir trouvé un bodyboard (planche) dans une décharge de Monrovia alors qu’il tentait d’échapper à des rebelles. Le film a attiré des surfeurs d’Amérique et d’Europe, mais inspiré aussi des expatriés installés à Monrovia, qui ont à leur tour donné des idées à des natifs du coin comme Sam Brown, qui vit avec ses parents dans le village de pêcheurs de Robersport (nord-ouest). «Nous ne connaissions rien au surf au Liberia durant la guerre. Ce sont les touristes qui ont introduit ce sport au Liberia», dit Sam. Les meilleurs vagues du Liberia se trouvent autour du village de Sam Brown, accessible à pied de la Sierra Leone, sur la péninsule de Cape Mount, juste au-dessus du Lac Piso qui domine l’ouest du Liberia. Une piste serpentant entre les champs de manioc, les plantations de palmiers à huile et une épaisse forêt mène à Robertsport. Après trois heures de route pour parcourir les quelque 110 kilomètres séparant le village de la capitale Monrovia, le chemin de terre débouche sur une côte spectaculaire. Une profonde fosse sous-marine au large d’une courte bande de côte orientée vers le sud-ouest est à l’origine de cinq spots parfaits et l’on peut se rendre à pied de l’un à l’autre. «Au début, surfer était vraiment dur car ça fatigue les muscles. Quand nous n’avons pas de quoi manger à la maison, nous ne surfons pas, parce qu’après le surf, on peut avoir faim», dit Claudius Bright, 20 ans, originaire de Robertsport, qui pratique le surf depuis trois ans. Comme Sam Brown et Claudius Bright, une trentaine de personnes surfent à l’endroit appelé Shipwreck. L’océan Atlantique s’y jette contre la côte en formant un rouleau comme un pipeline sur lequel les surfeurs peuvent glisser sur au moins 180 mètres. Moritz Fahsig, 38 ans, et sa petite amie Susi Brandt, 31 ans, qui travaillent à Munich dans le marketing en ligne, sont venus surfer à Robertsport, séduits par les vastes étendues de côte déserte, loin des plages bondées d’Australie ou d’Afrique du Sud. «Ailleurs, quand vous êtes seul, vous avez de la veine. Ici, c’est quand quelqu’un partage avec vous une bonne vague que vous avez de la chance», dit Moritz à l’AFP. Les surfeurs devaient au départ camper sur la plage, mais le confort s’est amélioré depuis que Sean Brody et Daniel Hopkins, tous deux âgés de 29 ans, ont ouvert il y a cinq ans Kwepunha Retreat, la première école de surf du Liberia dotée de chambres. «Je ne peux pas dire que le surf à lui seul maintienne la paix mais je crois qu’il y contribue», déclare Sean Brody, frère de l’acteur américain Adam Brody. «Quand une forte population de jeunes n’ont rien à faire, ils sont tentés d’être impliqués dans des affaires de drogue, d’armes», estime-t-il. Kwepunha a mis en place un système permettant aux jeunes d’emprunter des planches à condition de fréquenter l’école, de participer au nettoyage des plages et d’être plus généralement des citoyens responsables. Lu 436 fois
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