
La dernière prouesse en date? Une tentative burlesque de faire croire à un changement de position de la France sur le dossier du Sahara marocain. Quelques titres de presse triomphalistes, des manchettes criardes dans des médias inféodés, et voici le pouvoir algérien convaincu qu’il a réussi un coup magistral.
Tout commence avec un simple coup de fil entre Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune. Rien de bien spectaculaire : quelques politesses, un échange pour calmer une énième crise fabriquée par Alger, et sans doute quelques non-dits gênants. Mais en Algérie, ce banal entretien s’est immédiatement transformé en une fresque héroïque où la France, terrifiée par la fermeté algérienne, aurait plié sous la pression et abandonné son soutien au plan d’autonomie marocain pour le Sahara. La presse officielle s’emballe, les chroniqueurs d’État exultent, les courtisans applaudissent.
Mais la réalité est cruelle et implacable. Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, n’a eu besoin que de deux phrases, devant l’Assemblée nationale, pour réduire en miettes cette énième supercherie : la position de la France est claire, constante et sans équivoque. Paris soutient la souveraineté du Maroc sur son Sahara et considère que le plan d’autonomie marocain est la seule solution réaliste. Rideau. En quelques mots, l’illusion algérienne s’effondre comme un édifice de sable emporté par la marée.
Ce n’est pas la première fois que l’Algérie s’essaie à ce genre de manipulation. Avant la France, c’était l’Espagne qui avait eu droit à la même mascarade. À chaque fois, la mécanique est identique : le régime, en manque de victoires tangibles, s’invente un triomphe imaginaire et le proclame à grands coups de trompettes. Le problème, c’est que la réalité finit toujours par s’imposer. Après la mise au point française, la propagande algérienne a dû reculer en silence. Et comme toujours, on ne dément rien, on ne corrige rien, on ne s’excuse de rien. On fait semblant de ne pas entendre, on détourne les regards et on attend la prochaine occasion de se remettre en selle pour une nouvelle série de manipulations.
Le plus savoureux dans cette affaire, c’est l’incapacité chronique du régime algérien à tirer des leçons de ses échecs répétés. Comme si, à force de falsifier la réalité, il avait fini par s’auto-intoxiquer et croire à ses propres fictions. Après la tentative infructueuse de faire pression sur l’Espagne, le scénario s’est répété avec la France : chantage diplomatique, menaces à peine voilées, puis repli piteux. C’est une constante dans la diplomatie algérienne : avancer avec la certitude de l’influence, reculer devant l’évidence de l’impuissance.
Mais cette obstination à transformer les échecs en victoires imaginaires en dit long sur l’état d’esprit des dirigeants algériens. Le pouvoir n’agit pas pour faire avancer son pays sur la scène internationale, mais pour préserver les apparences auprès de son opinion publique. Peu importe si le mensonge est éventé quelques jours plus tard : l’essentiel est d’alimenter l’illusion, de divertir un peuple qui, faute de blé, se nourrit de ces mises en scène diplomatiques.
Il faut bien admettre que cette nouvelle aventure rocambolesque illustre une nouvelle fois la solitude diplomatique d’Alger. Incapable de faire plier ses partenaires, prisonnier d’une posture idéologique dépassée, le régime ne récolte que des rebuffades et des humiliations. Son isolement est d’autant plus flagrant que le monde, lui, avance sans lui. Les grandes capitales, de Madrid à Paris en passant par Berlin, considèrent désormais le plan d’autonomie marocain comme la seule solution viable. Pendant ce temps, Alger s’obstine dans un combat d’un autre siècle, maniant le déni comme stratégie et l’esbroufe comme programme.
À force de s’inventer des batailles gagnées, le régime algérien risque bien de se réveiller un jour sans armée, sans alliés et sans crédibilité. Mais peut-être est-ce là la finalité de cette mise en scène perpétuelle : ne jamais affronter la réalité, continuer à jouer la comédie, jusqu’au dernier acte. Celui où le rideau tombe sur un pouvoir qui n’aura su produire que des illusions, et jamais un destin.
Mehdi Ouassat