Les recettes des uns et des autres ne sont pas brillantes : Anciens et nouveaux médias, un même combat


Par Paul Cauchon *
Mercredi 7 Avril 2010

Les revenus de tous les mnouveauédias traditionnels sont en chute libre, mais les nouveaux médias sur le Web ne sont pas rentables. Les consommateurs d'information se déplacent de plus en plus sur Internet, mais ils y trouvent d'abord les informations des médias traditionnels.
Seulement 14 % des sites d'information en ligne produisent véritablement du contenu original. Les autres sites d'information? Ils sont liés à des médias dits «traditionnels». Ou alors, ce sont des agrégateurs de nouvelles, qui utilisent essentiellement le contenu des médias traditionnels.
Une fois par année, aux Etats-Unis, tout le monde attend avec impatience The State of the News Media, un rapport d'une grande ampleur (il totalise près de 180 000 mots!), produit par le Pew Research Center's Project for Excellence in Journalism. L'édition 2010 a été mise en ligne le 15 mars dernier.
À travers une impressionnante masse de statistiques et d'analyses économiques, quelques constantes.
D'abord, on ne s'étonnera pas que le rapport confirme les difficultés économiques des médias américains. Les revenus publicitaires des journaux ont chuté de 26 % en 2009, et de 43 % depuis trois ans. Selon les auteurs du rapport, les pertes de revenus des journaux depuis 2000 sont estimées à 1,6 milliard!
Pertes également dans d'autres médias: baisse des revenus de 22 % pour la télévision locale en 2009, de 8 % pour les grands réseaux (les «networks»), de 22 % pour la radio, de 17 % pour les magazines.
Mais attention: les revenus des sites d'information en ligne ont également diminué de 5 % en 2009. La crise économique a frappé partout.
Au-delà de ces chiffres, c'est surtout le comportement du consommateur en ligne qui est intéressant à suivre. The State of the News Media en trace un portrait contrasté.
Les nouveaux sites d'information en ligne produisent peu de nouvelles en soi, comme je le mentionnais en début de chronique. On remarquera également que 80 % des liens affichés dans les blogues et sur les réseaux sociaux renvoient directement au contenu des médias traditionnels.
L'avenir des anciens et des nouveaux médias est plus lié qu'on l'imagine, souligne le rapport. Les nouveaux sites d'information sur le Web demeurent encore très limités dans leur capacité à produire du contenu original. Cette capacité va évoluer, mais les nouveaux sites font face au même dilemme que les «vieux» médias: comment financer l'information? Comment faire payer l'utilisateur? Le rapport fait valoir que des alliances devront se faire, dans certains cas, entre anciens et nouveaux médias, pour trouver réponse à ces questions.
Internet est-il un territoire où se multiplient les sources d'information? Oui et non. Car on assiste aussi à une concentration des forces sur le Web. Le rapport constate que 7 % des sites d'information accaparent 80 % du trafic. Et la majorité des sites de nouvelles sur le Web sont liés à des médias traditionnels.
Le rapport indique également que si 60 % des Américains prennent quotidiennement leurs nouvelles en ligne, seulement le tiers peut citer un site de nouvelles favori. L'internaute butine et «chasse» la nouvelle d'un site à l'autre, selon les sujets et les événements (ce qui, en passant, s'oppose au modèle traditionnel du média de masse, qui veut offrir toutes les nouvelles à tout le monde).
Le défi du financement de l'information demeure total. Selon les données du rapport, très peu d'Américains sont prêts à payer pour l'information en ligne. Et, mauvaise nouvelle pour les annonceurs et les entreprises d'information, 79 % des Américains affirment ne jamais ou rarement cliquer sur les publicités en ligne. «Ils passent outre, tout simplement», constate brutalement le rapport.

* Journaliste au quotidien canadien Le Devoir



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