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Les «prêteurs d’yeux» du MaracanaAFP
Mercredi 9 Juillet 2014
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Dans leur cabine de commentateurs, Eduardo et Gabriel scrutent le Maracana de Rio. L’un regarde la pelouse, l’autre les tribunes. Leur mission, faire vivre une expérience unique à des aveugles installés dans les tribunes. «Il faut tout leur décrire fidèlement. L’ambiance dans les tribunes, l’apparence physique de joueurs, leurs tenues, les couleurs, les images diffusées sur les écrans géants. Ça n’a rien à voir avec les commentaires de radio habituels», explique Eduardo Butter, jeune journaliste de 23 ans. «Avec nous, ils savent par exemple que le col de Neymar est relevé». Pour la première fois en Coupe du monde, la Fifa a mis en place ce dispositif d’audiodescription dans les douze villes-hôtes avec le concours de l’ONG brésilienne Urece, spécialisée dans les services aux aveugles et malvoyants. Dans le monde, 285 millions de personnes sont aveugles ou atteintes de troubles graves de la vision et 6,5 millions au Brésil, selon les chiffres officiels. «Le système a été testé avec succès lors de l’Euro-2012 en Pologne et en Ukraine et nous sommes en train d’étudier avec la CBF (Fédération brésilienne de football) sa mise en place future lors des matches de championnat du Brésil», explique Mauana Simas, l’une des coordinatrices du projet. Les commentaires des deux volontaires sont envoyés par ondes radio FM de courte portée à leurs auditeurs venus «ressentir» le match, qui peuvent les écouter à l’aide de leurs smartphones. «C’est vraiment mieux qu’à la radio, où il y a beaucoup de publicités et des commentateurs qui crient +gooooooool!+ très longtemps sans décrire ce qui se passe», explique à l’AFP Ali Herrera da Silva, trentenaire né aveugle et devenu mal voyant après une opération dans sa jeunesse. Aujourd’hui, il est venu assister au quart de finale France-Allemagne (0-1) avec une poignée d’autres malvoyants. «Ils nous donnent de précieux détails comme la couleur des chaussures des joueurs, leurs numéros, leurs expressions, leur attitude», poursuit ce fanatique du club carioca de Flamengo, également adepte du Goalball, un jeu de balle pour non-voyants. Pour les commentateurs, les exigences sont très particulières. «C’est très spécial, au moment du but par exemple, ce sont des secondes précieuses pour nos auditeurs qui ont besoin de tout savoir pour vibrer avec les autres spectateurs», explique Eduardo. «Il y a beaucoup de choses dont ils n’ont aucune idée. Récemment j’ai accompagné un groupe sur la pelouse et ils étaient tous surpris de découvrir les bancs des remplaçants. Ils étaient ravis de savoir que c’est comme des abribus, mais en plus confortable.» «On a délimité des zones pour qu’ils sachent où se trouve le ballon, il faut le situer en permanence» poursuit le jeune homme, qui a suivi plusieurs formations depuis février pour maîtriser ces techniques. «On commente pendant trois minutes, chacun son tour. Lorsque je commente, mon partenaire regarde ce qui se passe hors de la pelouse et me fait signe lorsqu’il s’y passe quelque chose, comme une ola, un entraîneur en colère ou des images qui font réagir le public sur écran géant». Dépourvu de temps morts, l’exercice est particulièrement exigeant pour ces jeunes volontaires. «C’est épuisant, très intense, on n’a pas le temps de respirer», poursuit Eduardo, posté en tribune de presse sous son antenne FM. De l’autre côté du stade, branchée sur la fréquence 88.9, Moira Braga suit religieusement la rencontre. Elle profite pour la première fois de ce système et se dit «très impressionnée par le professionnalisme» des locuteurs. «C’est bien mieux que la radio et la télé et même qu’avec un accompagnant. Celui-ci est souvent trop absorbé, trop nerveux pour me raconter fidèlement ce qui se passe», raconte cette femme de 35 ans atteinte de la maladie de Stargardt, qui l’a privée de la vue lorsqu’elle était enfant. «Là j’arrive à m’imaginer comment les joueurs s’embrassent après les buts, je sais quand un joueur se met la main sur la bouche. Et puis on sent le public vibrer, et ça c’est vraiment super!», se réjouit-elle. «J’aimerais que ce soit plus fréquent, dit-elle encore. Mon rêve maintenant serait d’assister à un match de Botafogo, mon équipe, dans les mêmes conditions».
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