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Les industriels du béton fustigent les contradictions du gouvernement Benkirane

Le manque de contrôle de la filière par les pouvoirs publics dénote d’une absence de volonté politique

Samedi 21 Novembre 2015

Les fabricants des matériaux de construction en béton (béton précontraint) font, encore et toujours, le pied de grue. En effet, le secteur se trouve très en retard par rapport aux pays de même niveau, du fait du manque de volonté politique des pouvoirs publics. Dans ce sens, l'Association marocaine de l'industrie du béton (AMIB) souhaite arrêter les frais. Plusieurs argumentaires à son actif ont été, en effet, exposés lors d’une conférence de presse, organisée récemment à Casablanca, sur le thème : «La loi de Finances met en péril l'industrie du béton et 5 milliards de dirhams de recettes fiscales».
Ainsi, d’une réelle menace qui plane sur les citoyens à l’Etat qui prend des décisions aberrantes en passant par le manque de contrôle des opérateurs de l’informel, l’Association tape du poing sur la table en clouant au pilori le ministère des Finances. 
Certes, nous explique Mehdi Maâchi Haddou, vice-président de l’AMIB, « nous avons été reçus, nos doléances ont été déposées et l’on nous a accordé un vif intérêt de la part dudit ministère. Quoique, précise-t-il, si nos tentatives sont restées lettre morte, c’est que le ministère estime que le problème n’est pas si grave ».
Et pourtant, à cette occasion, M. Haddou, a eu le mérite de vulgariser la problématique aux néophytes en dévoilant que l’exonération de la TVA sur l’auto-construction va  créer un important marché informel au sein de l’industrie du béton. Résultat des courses, d’aucuns parmi les usagers, par souci d’économie, vont bifurquer vers l’informel et ce, à leurs risques et périls. Un de ces risques majeurs justement, tonne-t-il, est le fait de voir le ciel leur tomber sur la tête.
Tout de go, il a pointé du doigt une forme d’injustice latente en déclarant à Libé que bien qu’il soit vrai que le logement social est exonéré d’impôts mais celle moyenne ne l’est pas ! Pis encore, la couche la plus aisée paie une somme epsilon ! Dans la foulée, il a relevé une autre distorsion patente dans le marché qui favorise la fabrication énergivore des briques rouges, au détriment de l'industrie de l'agglo qui l’est moins mais qui demeure néanmoins taxée, ce qui a pour conséquence d’aggraver, par la même occasion, le déficit énergétique.  
Autre bémol, nous signale-t-il, qui dit auto-construction pense immédiatement à un manque de contrôle évident qui nous renseigne sur l’absence de volonté politique, alors qu’il n’est pas sorcier de recenser les grands fabricants opérant au noir alors qu’ils sont connus et reconnus de tous. Plus terre à terre, il nous a développé ce point, en faisant savoir que les pouvoirs publics évitent de sanctionner les opérateurs de l’informel par crainte de créer des émeutes sociales. Alors que, selon lui, l’on confond deux choses : une tension sociale a plus de chance de s’aiguiser quand ce sont les petits vendeurs qui sont épinglés.
Et pour solutionner une partie de cette problématique de l’informel, M. Haddou a émis une proposition de paiement par chèque au lieu du règlement en espèces, qui pose de sérieux problèmes au fisc.
Pavé dans la mare, pour faire des économies, les « auto-constructeurs » peuvent encourir un risque gigantesque en utilisant des produits non conformes aux standards !
Une prise de conscience de la part  des pouvoirs publics s’impose donc, selon lui.
Même son de cloche du côté du président de l’AMIB, Azzdeddine Abaâkil, qui a mis la lumière sur l’un des effets néfastes de l’exonération de TVA qui est le manque à gagner pour l’Etat de près de 5 MMDH annuellement. Ce qui encourage, poursuit-il, la non-qualité des produits en béton et freine l'investissement dans le secteur. Calcul simple pour les néophytes : la TVA appliquée à un logement de 400.000 DH équivaut à un montant de 80.000 DH qui va être multiplié par 60.000 (le nombre concerné par l’auto-construction), donnera le résultat de 4,8 MMDH.
De même, il a précisé que le renforcement de la compétitivité de l'industrie du béton est tributaire d'une politique fiscale qui prend en compte les besoins réels du secteur.
Pour surmonter ces handicaps, M. Abaakil a, en outre, mis en relief les propositions de l'AMIB dont notamment le fait d'établir un mécanisme de récupération de la taxe spéciale sur le ciment par les industriels, d'autant que cette mesure ne privera le Fonds solidarité de l'habitat (FSH) que de 100 millions de DH. Aussi, il a souligné l’importance d’instituer un contrôle de l’exonération de la TVA sur l’auto-construction. Celle-ci serait tributaire de la présentation par les bénéficiaires de factures justifiant le paiement par leurs fournisseurs de la TVA sur les produits utilisés pour la construction.
«La prise de ces deux mesures aura pour conséquence de relancer l’essor du secteur de l’industrie du béton qui deviendra ainsi attractif pour les capitaux, ce qui lui permettrait d’atteindre le niveau de développement des autres pays comparables au Maroc», fait-il ressortir notant que l’essor de l’industrie du béton apportera au pays une importante manne économique, sociale, environnementale et fiscale. A savoir l’augmentation d’environ 0,6% du PIB industriel, l’allégement de la balance commerciale de 3 MMDH, la création des champions nationaux à l’export en Afrique et l’augmentation de la capacité concurrentielle des entreprises immobilières et de bâtiment exportatrices.   M. Abaakil a, à ce titre, fait observer l'importance du secteur de l'industrie du béton qui contribue au PIB avec plus de 2 MMDH et emploie plus de 11.000 salariés tout en participant à l'expansion de l'économie nationale.
Et en matière de contribution environnementale figure la réduction des émissions de CO2 et des gaz à effets de serre, la sauvegarde des terres fertiles… Autant d’éléments qui vont œuvrer en faveur de la préservation de l’environnement par l’utilisation de produits naturels.

Meyssoune Belmaza

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