Les impôts, ennemis des plus pauvres !


Par Luke Muller
Jeudi 26 Avril 2018

L’impôt fait partie de l’histoire de l’humanité depuis des millénaires. Il y a des traces qui remontent jusqu’aux fermiers de l’Egypte ancienne abandonnant une partie de leurs récoltes et des paysans devant offrir une partie de leur travail librement au pharaon. Au cours des siècles suivants, la fiscalité est devenue monnaie courante dans les sociétés mondiales, mais, au fil du temps, les dirigeants ont appris qu’il y avait des limites à la volonté des gens de s’y conformer.
La révolution française a été alimentée par une révolte contre les taxes onéreuses. La politique fiscale britannique envers ses colonies a aidé à initier la révolution américaine et l’émergence des États-Unis. En 1789, Benjamin Franklin a écrit « En ce monde rien n’est certain, à part la mort et les impôts ».

Quelle politique fiscale ?

Les systèmes fiscaux modernes ont radicalement changé depuis l’Antiquité, mais il n’y a pas de normes internationales uniformes. Les charges fiscales et la complexité des codes fiscaux varient considérablement d’un pays à l’autre. Au Brésil, les impôts sont élevés et complexes ; à Singapour, ils sont bas et le système est plus simple. De nombreux États (y compris l’Afrique du Sud) offrent maintenant des systèmes électroniques pour le dépôt des déclarations de revenus et le paiement des taxes. La technologie moderne permet aux gouvernements d’être plus efficaces et transparents, mais il appartient toujours aux législateurs de créer un cadre fiscal stable, prévisible et efficace.
En Afrique, l’île Maurice offre le meilleur cadre fiscal. Cela a favorisé la croissance d’une économie stable et diversifiée. Le code des impôts aux Seychelles, au Botswana et en Afrique du Sud a également permis un certain succès économique, mais il y a encore beaucoup de progrès à faire. La baisse des impôts est une incitation évidente pour les entreprises, mais un code fiscal simplifié encourage également les investissements en réduisant les coûts de transactions, en facilitant la conformité administrative et en créant une plus grande transparence. Malheureusement, l’Afrique du Sud emprunte actuellement la mauvaise voie en augmentant les dépenses gouvernementales, les impôts et en ajoutant des couches de complexité bureaucratique.

Compliquer au lieu
de simplifier


Le PIB par habitant de l’Afrique du Sud est à la traîne par rapport aux Seychelles, à l’île Maurice et au Botswana, et les récents changements apportés à notre système fiscal ne vont pas nous aider à rattraper ce retard. Selon le rapport PWC 2018, le respect du code fiscal sud-africain prend plus de temps que dans les trois autres pays. La décision du gouvernement d’augmenter la TVA à 15%, d’augmenter les taxes sur les carburants de 0,52 rands et d’introduire une taxe sur le sucre, autant de mesures contraires au bon sens. Le gouvernement augmente à la fois le niveau et la complexité de la fiscalité alors qu’il devrait s’efforcer de faire le contraire.

L’impôt touche surtout
les plus faibles


L’expansion des dépenses gouvernementales sous la direction de Zuma a augmenté la dette publique à plus de 50% du PIB, faisant pression sur l’Etat pour trouver d’autres sources de revenus. Augmenter la TVA et les taxes sur les carburants est une option attrayante pour les politiciens car elle taxe tous les Sud-Africains et est capable de générer d’énormes revenus. L’augmentation de 1% devrait coûter 22,9 milliards de rands aux contribuables sud-africains. Bien que le budget national ait annoncé des tentatives de réduire le train de vie de l’Etat et alléger le déficit budgétaire, les taxes globales continuent d’augmenter de plus de 10 milliards de rands. Cela ne réduira pas le déficit. Comme l’a souligné l’économiste Milton Friedman: « Vous ne pouvez pas réduire le déficit en augmentant les impôts. Augmenter les taxes ne fait qu’augmenter les dépenses, laissant le déficit au niveau le plus élevé que le public puisse supporter. La règle politique numéro un à respecter, est que le gouvernement dépense ce que le gouvernement reçoit, plus autant qu’il peut tirer de ces recettes ».
Ce que les taxes vont engendrer, c’est plus de pauvreté. Une TVA de 15% augmentera le coût de la vie pour tous les Sud-Africains. Les taxes sur le carburant augmenteront les coûts de transport. Les ménages à faible revenu en Afrique du Sud consacrent une plus grande part de leurs revenus au transport que la classe moyenne et les riches. Les coûts de transport (à destination et en provenance des centres de travail ou des centres-villes) ont été exacerbés par la séparation des cantons dans le cadre de la planification de l’apartheid. Une taxe sur le sucre est également pénalisante, les aliments et les boissons représentent une proportion relativement plus élevée des dépenses dans les ménages pauvres que dans celles des ménages riches.
Les changements fiscaux ont un triple effet sur les ménages à faible revenu et aggravent l’inégalité des revenus dans un pays où ce problème est déjà alarmant. Le gouvernement devrait encourager un environnement économique stable plutôt que d’essayer d’augmenter les dépenses, les impôts et la dette publique, afin de permettre à l’Afrique du Sud de rattraper son retard en termes de croissance par rapport aux vedettes africaines.
L’histoire a montré que les personnes éprouvant des difficultés ne seront pas disposées à donner une part croissante des revenus à un Etat cupide. Alors, apprenons de l’histoire et de nos voisins et créons un système fiscal simplifié qui soit favorable au progrès de notre société et de notre économie.

* Economiste indépendant.
Article publié en collaboration avec Libre Afrique.


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