
Vendredi vers 01H00 (23H00 GMT jeudi), plusieurs détonations ont été entendues dans le secteur de la résidence du colonel Kadhafi dans le centre de Tripoli, ainsi qu'à l'ouest de la capitale. Dans la journée, le centre de Tripoli et sa banlieue-est, Tajoura, avaient été également la cible de raids, selon des témoins.
L'Alliance atlantique a intensifié ses raids ces derniers jours sur les environs de la capitale. Au moment où les rebelles s'approchent de la capitale, bastion du régime, M. Mahmoudi a lancé un appel à "un cessez-le-feu immédiat" et au dialogue, tout en excluant un départ de M. Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans. "Le moment est venu pour un cessez-le-feu immédiat" , a-t-il dit, en faisant état de contacts menés par son gouvernement pour trouver une solution politique au conflit, lancé le 15 février par une contestation du régime réprimée dans le sang, qui s'est transformée en guerre civile. "Nous sommes prêts pour commencer le dialogue immédiatement en vue de mettre fin à cette crise immédiatement», a dit M. Mahmoudi, tout en répétant que le sort de M. Kadhafi " ne sera l'objet d'aucune discussion". Le président du Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion basé à Benghazi (est), Moustapha Abdeljalil, a en revanche rappelé que le départ de Mouammar Kadhafi était un préalable à toute discussion.
Des informations contradictoires ont circulé ces derniers jours sur la tenue à Djerba en Tunisie, et à Tunis de négociations entre représentants du régime et de l'insurrection.L'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin a dit au journal Le Parisien avoir participé à des "discussions" en Tunisie pour tenter de trouver une issue au conflit, mais sans en révéler la teneur et sans préciser ses interlocuteurs. L'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye, Abdel Ilah Khatib, a effectué une visite en Tunisie où il a dit avoir rencontré " des représentants du CNT et du gouvernement sans que ce soit dans le cadre de négociations officielles».
En attendant, les rebelles semblent marquer des points sur le terrain.
A une trentaine de km au nord-ouest de la ville côtière de Zawiyah, ils contrôlaient la quasi-totalité de Sabrata, à l'exception de la partie orientale de la ville, selon Abdel-Salam Othman, un porte-parole des rebelles. Les insurgés ont atteint le bord de mer dans l'extrême nord de Sabrata, a constaté un correspondant de l'AFP sur place, qui a vu des postes des pro-Kadhafi abandonnés le long de la côte. Sabrata et Zawiyah sont situées sur la route côtière reliant la Tunisie à Tripoli, qui sert à l'approvisionnement du régime.
"L'étau se resserre autour de Tripoli, depuis les montages de l'Ouest, à Sorman, à Zawiyah et sur le flanc est de Tripoli" , a affirmé M. Abdeljalil qui a dit espérer fêter dans la capitale l'Aïd el-Fitr, qui marquera la fin du mois de jeûne musulman du Ramadan fin août. Il a toutefois dit craindre que la bataille pour la prise de Tripoli ne tourne à "une véritable boucherie au vu du comportement de Kadhafi". Avec l'étau qui se resserre autour de Tripoli, la tension est de plus en plus perceptible sur les visages des Tripolitains, dont la vie est rythmée par les raids de l'Otan et perturbée par la pénurie de carburant, la multiplication des points de contrôle. Les insurgés ont attaqué mercredi, à 250 km à l'est de la capitale, la localité d'Al-Hicha, située au sud de l'enclave rebelle de Misrata et sur la route reliant Tripoli à Syrte, bastion militaire du régime.