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“Une robe haute couture, c’est rarement moins de cent ou deux cents heures de travail”, explique à l’AFP la directrice de Lemarié, Nadine Dufat, entourée de la dizaine de plumassières qui ont travaillé plusieurs jours sur la robe pour le couturier Alexandre Vauthier. Les modèles coûtent au final des dizaines, voire des centaines de milliers d’euros.
Lors du passage de l’AFP dans les ateliers, quelques jours avant le début des défilés haute couture, les employées travaillaient sur deux robes Chanel en plus de celle d’Alexandre Vauthier. De nombreuses autres devaient suivre avant les shows, en pleine Fashion week parisienne.
“C’est magique, à chaque nouvelle collection”, confie Santina, plumassière depuis 35 ans. “Les modèles sont toujours différents, donc on ne fait jamais la même chose”, raconte-t-elle, tout en faisant des “grappes”, composées de tulle effrangé où elle insère les plumes d’autruche.
Alexandre Vauthier “avait envie d’une robe avec beaucoup de volume et une grande traîne”, raconte Nadine Dufat. “Il faut avoir le plus de grappes possibles pour un joli tombé”. Lemarié s’occupe de la jupe; le brodeur Lesage est chargé du bustier.
Les 60 employés de Lemarié (90 au moment des défilés), ceux du brodeur Lesage, de l’orfèvre Gossens, de Maison Michel (chapeaux) travaillent depuis quelques mois dans des locaux flambant neuf à Pantin, qui jouxte la capitale française. Tous font partie de Paraffection, la filiale de Chanel qui réunit neuf entreprises de métiers d’art toutes rachetées par l’emblématique maison.
Lemarié est né à la fin du XIXe siècle, quand Paris comptait environ 300 plumassiers. Il est l’un des seuls aujourd’hui. L’entreprise fabrique également des fleurs: des dahlias, des pivoines, des oeillets en organza, mousseline, tulle, cuir... Surtout, c’est de cet atelier que sortent les fameux camélias de Chanel, un symbole de la maison. Lemarié est aussi spécialisé dans la parure (plissé, incrustation de pierres, etc.).
L’entreprise, qui ne connaît pas la crise, attire des femmes jeunes: la moyenne d’âge est de 30 ans.
Elles montrent avec fierté les photos de superbes robes du dernier défilé prêt-à-porter très luxe de Louis Vuitton, passées entre leurs mains. Les plumes y étaient omniprésentes, mais parfois indétectables par un oeil inexpérimenté qui pouvait confondre la matière avec de la soie.
Un peu plus loin dans l’atelier est affiché, comme un trophée, un poster représentant Nicole Kidman dans une publicité de Chanel N°5. Sa robe rose poudré avec une longue traîne recouverte de plumes sort également de chez Lemarié. Il y a aussi une veste en plumes dorées d’Alexander McQueen, qui attend une réfection.
Les plumes sont conservées au sous-sol dans des centaines de boîtes, dont certaines datent de presque un siècle. Sur les cartons, on lit: “pies du Japon”, “paradis naturel”, “queue de tetras”, mais aussi pigeon, canard, oie, etc.
“On peut utiliser les plumes des oiseaux comestibles”, explique Nadine Dufat. D’autres plumes, comme celles des oiseaux de paradis, sont protégées. “Elles ne peuvent pas sortir de France, et sont donc utilisées pour des pièces uniques”.
Les plumes présentent “de nombreux avantages”. Elles se teignent très facilement: “On peut reproduire des camaïeus de couleurs extraordinaires, du fluo au poudré”, souligne Mme Dufat. Elles peuvent aussi être travaillées de “façons très différentes”, donnant l’impression qu’il s’agit de tissus soyeux ou de fourrures.
C’est d’ailleurs pour cette raison que Marine Rayer, apprentie, ne veut plus quitter la plume.
Avant les défilés, elle fait part de son stress. “Les délais sont toujours très courts. Il y a des montées d’adrénaline. Mais (...) c’est le moment où l’on arrive à faire les plus belles choses”, confie-t-elle. “Quand on voit les photos des défilés, nous-mêmes sommes étonnées d’avoir fait ça”.