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Les dernières analyses médicales du « patient de Londres », réalisées le 4 mars 2020 et décrites dans la revue médicale « The Lancet HIV », ont révélé que le matériel génétique du virus était indétectable depuis plusieurs mois aussi bien dans le plasma du patient, comprenez son seuil de sensibilité, que dans les tissus intestinaux et lymphoïdes. Si l’on en croit les médecins en charge, « les vestiges du matériel génétique du virus intégré dans le génome des cellules ne pourront pas reformer des virions viables et peuvent être considérés comme des fossiles de la maladie ».
Forcément, la question est de savoir comment on en est arrivé là. Dans les faits, le « patient de Londres » a subi une greffe allogénique de cellules souches hématopoïétiques n'exprimant pas la protéine CCR5 (CCR5Δ32/Δ32). La protéine en question est présente à la surface des leucocytes, c'est-à-dire des globules blancs à un (mononucléaire) ou à plusieurs (polynucléaire) noyaux, présents dans le sang. Elle permet au virus d’entrer dans la cellule. Il est à noter qu’il existe certaines personnes présentant naturellement cette mutation. En conséquence, elles sont immunisées contre une infection du VIH.
La guérison du patient de Londres qui faisait partie d’un groupe de volontaires participant au projet « Icistem » dont la raison d’être est d’étudier la greffe de cellules souches comme traitement contre le sida, est d’ores et déjà considérée comme un rayon de soleil dans le sombre univers qui est celui des personnes porteuses du sida. Difficile d’ignorer la difficulté de vivre avec une maladie stigmatisée et taboue surtout dans une société marocaine où la compassion passe souvent au second plan, derrière des jugements hâtifs et des amalgames comme ceux qui lient souvent à tort le Sida à l’homosexualité. Or, l’Association de lutte contre le sida (ALCS) contredit ces faits aussi répandus que les beignets dans les plages en été, en révélant que sur les 21.000 personnes atteintes du sida au Maroc, 40 % sont des femmes et 70 % d’entre elles ont été contaminées par leurs maris, très loin devant les professionnelles du sexe féminin (1,3%) et les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (4,5%).
Dans un document publié sur son site Internet au sujet de la situation épidémiologique du sida au Maroc, l’ALCS indique que, toujours en 2018, 30% des 21.000 malades du sida ignorent encore leur infection. Un constat glaçant, puisque non seulement les 6300 personnes en question ne peuvent suivre un traitement, mais en plus, elles exposent leur entourage au danger de contamination qui rappelons-le, se fait via les rapports sexuels non protégés et les échanges sanguins par l’intermédiaire d’une seringue. Sans oublier la transmission de la mère à l’enfant pendant la grossesse ou l’allaitement.
Somme toute, il est clair que trouver un remède au sida ne suffit pas. Car tout commence avec le dépistage. Et pour cause, comment peut-on soigner une maladie dont on ignore l’existence ? En tout cas, la guérison d’un deuxième patient s’apparente à une avancée scientifique majeure pour endiguer justement l’avancée d’une maladie qui a fait 350 victimes en 2018 au Maroc et 770.000 aux quatre coins de la planète.