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Le livre : Théocratie populiste Ou séparation des pouvoirs au Maroc ?Lundi 30 Juin 2014
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I. Les déterminants du Maroc moderne: continuité et ruptures 1. Restauration du Makhzen et instabilité politique Après l’exil de Mohammed Ben Youssef, la France proposa à l’Istiqlal de négocier le statut du Maroc sans le préalable du retour du Sultan mais essuya le refus du parti. Figure politique incontournable pour les nationalistes, celui-ci finit par l’être également pour les autorités françaises. Le nationalisme marocain réussit là où la dynamique tribale avait échoué; le contexte géopolitique international avait aussi changé; le colonialisme devenait insoutenable. La France ayant l’espoir de garder l’Algérie voulait régler l’affaire marocaine au plus vite et éviter la radicalisation du Mouvement national. Il est certain qu’il valait mieux consolider rapidement la position de la monarchie, ancien partenaire, que de permettre à l’Istiqlal de renforcer davantage sa quasi-hégémonie, sachant que celui-ci était pressé de mettre un terme à la présence française et surtout à la mainmise économique de la France sur l’économie nationale. L’ouverture du champ politique fut d’assez courte durée et réversible. Le Roi Mohammed V et surtout Hassan II firent tout pour restaurer cette prééminence exclusive des monarques sur le plan politique, mais faire ce chemin inverse n’était pas et ne sera jamais sans risque. Ce nationalisme centré sur la monarchie était propice à la restauration du Makhzen. Les nationalistes marocains considéraient à tort que cet aspect de l’histoire de leur pays était désormais révolu. Ils n’avaient pas consulté non plus l’histoire des pays ayant eu des structures sociales identiques au Maroc de 1950 (féodalité terrienne puissante, bourgeoisie autochtone très faible, paysannerie et prolétariat illettrés, petite bourgeoisie fortement imprégnée de valeurs religieuses, l’ensemble soumis à un capitalisme financier exogène, articulé à des colons pratiquant une agriculture essentiellement spéculative). Ils parlaient beaucoup d’avenir sur le ton du souhait et du vœu non en le préparant avec lucidité. Le Palais connaissait le risque auquel l’exposait une formation partisane autonome. Mohammed V avait devant lui un partenaire au pouvoir décisionnel presqu’aussi important que le sien. Le socle sur lequel la monarchie bâtit sa reconquête du pouvoir fut l’alliance vite reconstituée avec les grands propriétaires terriens. Nombreux parmi eux étaient des collaborateurs avec la puissance coloniale; cooptés, ils mirent fin à la désorganisation des réseaux d’autorité dans les campagnes (berceau du clientélisme) et s’opposèrent à toute réforme agraire ; les solidarités verticales devaient l’emporter sur les solidarités horizontales, de classe, dont la masse critique est révolutionnaire. En outre, tous les paysans, du métayer au latifundiaire, furent exemptés de l’impôt sur le revenu et ils le sont toujours. Le clientélisme est le poison des solidarités horizontales, on le sait ; la monarchie se prémunissait donc contre les soulèvements de la paysannerie et circonscrivait les conflits aux centres urbains. L’impératif d’affaiblir les nationalistes étant à la fois tactique (les couper de la paysannerie) et stratégique (les écarter du pouvoir) ; le rétablissement de l’influence de cette féodalité était jugé plus judicieux que de craindre un conflit ouvert avec les nationalistes : celui-ci était de toutes les façons inévitable ; il fallait donc se faire des alliés. La réalité sociologique de la soumission de la paysannerie aux grands propriétaires pendant des siècles fut aussi exploitée par l’État colonial ; quant au Makhzen, il n’avait pas besoin qu’on la lui apprît. En s’appuyant sur les féodaux qui venaient d’être défaits par le Mouvement nationaliste, le pouvoir fit ce qu’aurait conseillé Machiavel parce que ceux-ci, étant menacés d’épuration, n’en menaient pas large et étaient prêts à coopérer avec la monarchie, mais il fallait aussi courir le risque d’outrager les nationalistes qui avaient souffert du fait de ces féodaux. La nouvelle classe des grands propriétaires terriens qui avaient prospéré à l’ombre du Protectorat craignait plus que tout la réforme agraire préconisée par l’Istiqlal puis par l’UNFP. Supériorité stratégique de la monarchie: alors qu’elle put surmonter sa haine de ceux qui la répudièrent sans égard et renouer son alliance avec les grands propriétaires terriens, l’aile conservatrice et les progressistes de l’Istiqlal ne purent s’entendre. Evidemment, la politique des grands caïds fut abandonnée puisque le pouvoir avait désormais les moyens d’atteindre rapidement toute tribu dissidente : si sous Moulay Abdelaziz et Abdelhafid, la puissance des tribus pouvait tenir en échec le Sultan, celles-ci ne faisaient plus le poids avec les Forces Armées Royales.( A suivre)
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