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Le livre : Théocratie populiste, L’alternance, une transition démocratique?Samedi 2 Août 2014
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Transition et déstabilisation : quand l’Etat commence réellement à se réformer, c’est une période de grands dangers. De ce point de vue, le Maroc n’eut rien à craindre car ladite transition fut extrêmement maîtrisée alors que sur le plan des réformes, la situation évolua très peu entre 1998 et 2010. Avec «l’alternance», on constate l’émergence d’une presse non partisane qui a le verbe haut et qui conteste autant la gauche traditionnelle que l’Etat : les sujets les plus délicats pour le pouvoir furent abordés, d’où une série de procès pour neutraliser ces médias qui avaient pris pour argent comptant les déclarations en faveur de la démocratie et jugeaient le rythme des réformes trop lent : Le Journal, Tel Quel, Demain, Al Mishâal, Al Ayyam, Wijhat Nazar, etc. montraient inlassablement les contradictions entre un dit libéral et des répressions de toutes sortes. Les partis politiques : intégration et recomposition permanentes. Au lendemain de l’indépendance, la fragmentation excessive du champ politique persistait et se manifestait aussi par une personnalisation exagérée (narcissisme des forces partisanes : on a l’impression que les partis sont la propriété de leaders qui y font la pluie et le beau temps). Les leaderships de nombreux partis ne pensent qu’à faire avancer leurs intérêts personnels. Il y a dans la plupart des partis, toutes tendances confondues, le rejet du débat interne : on dit à ceux qui veulent discuter des options adoptées par le leadership : vaste est la terre du Seigneur (ard Allāh wāsâa) ! C’est-à-dire qu’ils sont priés de déguerpir. C’est la même attitude que celle du Makhzen vis-à-vis des intellectuels dissidents: ils sont invités à l’exil quand ils sont épargnés. Les partis calquent leur attitude sur ce modèle, d’où la redondance des partis qui ont la même idéologie avec des militants et des structures dirigeantes différents. Il n’y a pas de débat d’idées mais un débat narcissique d’idées quelconques. Quelle est la différence idéologique entre l’USFP, le PPS, l’OADP, le PSD et d’autres? Quelle est la différence entre le RNI, l’U.C. et le PAM? entre l’Istiqlal et le PJD? Les électeurs votent généralement davantage pour une personne que pour un programme. Dans ce contexte, il ne peut y avoir de parti dominant; le meilleur fait un score de 10 à 11% des sièges. Il s’ensuit que le programme politique de gouvernement est disparate ou immobiliste. En 2007, on a dit que l’Istiqlal a remporté les élections législatives en prenant 12% des sièges. Qu’est-ce que ça signifie? Avec des pourcentages de 12, 11, 10, 9%, etc., comment constituer une majorité? L’extrême fragmentation empêche une réelle «majority rule»; les majorités de gouvernement sont superficielles et hétérogènes. Ce n’est pas le scrutin uninominal à un tour qui rassemblera les forces partisanes et qui mettra fin à la fragmentation du champ partisan. La fragmentation de celui-ci fait de la monarchie le foyer dans lequel se résolvent les contradictions sociales, les disparités régionales, les clivages ethno-linguistiques, les conflits politiques et les différences culturelles. Qui envisage de surmonter cette fragmentation autrement que par la séparation des pouvoirs ne peut que postuler pour un absolu qui doit dominer concrètement la société, celui de la foi ou de la force. Les recompositions ou regroupements des forces politiques demeurent exceptionnels et de portée limitée. Les partis tendent vers un compromis avec le Roi sans débordement et attendent de lui qu’il mette en oeuvre les réformes, selon son propre calendrier, parce que ce qui importe d’abord, c’est le maintien du statu quo. Aucun parti en tant que tel ne réclamait une réforme constitutionnelle quelconque avant 2011. On a vu certains agiter l’épouvantail de la réforme constitutionnelle en 2009 à seule fin d’obtenir un poste ministériel puis se taire dès que satisfaction leur fut donnée. Inversement, si les partis étaient capables d’organiser de vastes coalitions basées sur des programmes articulés, la monarchie procéderait à une redéfinition des attributions constitutionnelles. De même que cette fragmentation assoit le pouvoir de la monarchie en tant qu’arbitre suprême et que l’incompatibilité entre certaines forces politiques doit demeurer la règle, la convergence entre les libéraux et les islamistes– si elle se produisait– constituerait une grave menace pour cette fonction décisive d’arbitrage. Au lendemain de la création du PAM, on a vu s’esquisser un rapprochement entre le PJD et l’USFP qui causa beaucoup de remous et suscita un remaniement ministériel. Ayant constitué une majorité, quelles capacités celle-ci a-t-elle pour gouverner et légiférer? La force des partis et leur crédibilité sont fonctions de l’enjeu du pouvoir: gouverner. Or, il n’y a pas cet enjeu dans les élections: celui-ci réside plutôt dans des avantages de toutes sortes. Le pouvoir traite toujours sévèrement les formations partisanes; et si celles qui ont sa bénédiction se renforcent, il les calibre; la capacité indiscutable du Makhzen de créer, diviser, ou regrouper les formations partisanes, de coopter ou de marginaliser se double d’une tendance scissionniste exagérée des partis, surtout ceux de l’opposition nationaliste. A mettre les choses dans une perspective historique, on peut parler d’un complexe de Sisyphe : la gauche est condamnée à la scission et à la division, pour des générations, aussi longtemps qu’elle n’aura pas mis la séparation des pouvoirs au coeur de son programme. Si les Marocains ont une certaine réticence à s’identifier aux partis politiques (le taux d’adhésion et le nombre de militants sont excessivement bas au Maroc), c’est certainement le résultat de l’objectif de dépolitisation recherché par Hassan II dès le début de son règne. Depuis, la politisation a repris laborieusement son chemin. Les Marocains ont le sentiment d’une opacité plus ou moins totale vis-à-vis du gouvernement, de la politique et même des directions partisanes. Ils perçoivent clairement le déphasage entre eux et les partis qui ne sont pas à leur écoute et le déplorent. Dès la fin des élections, les directions partisanes n’envisagent plus que le Palais et les autres forces politiques, entrent dans des tractations secrètes et négligent leurs mandants jusqu’aux élections suivantes. Bien que le taux de participation électoral soit très bas (27% en 2007), il est conforme à un système politique dont le centre est ailleurs : ce que les élections décident est secondaire et donc l’intérêt pour elles. Si en 2002, le taux de participation était nettement supérieur, c’est parce qu’on croyait que l’enjeu politique était réel. Les motivations de l’abstentionnisme sont diverses : absence d’enjeu de pouvoir, sentiment que le vote ne change rien puisque «le Makhzen décide de tout», on peut aussi en être satisfait et trouver fastidieux de voter. L’abstention peut être encore une sanction à l’égard d’une classe politique discréditée, thèse de A. Ghazi : « Ce qu’on semble oublier au Maroc, c’est que la classe politique a perdu sa crédibilité. Je ne parle pas de droite ou de gauche (…). D’ailleurs, l’expérience de l’alternance a démontré l’inexistence de ce clivage dans le champ politique marocain: l’opportunisme, telle est la caractéristique généralisée et partagée par l’ensemble des composantes».
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