Les diplômés chômeurs lauréats des universités, instituts et écoles supérieures, affiliés à la Coordination nationale des cadres supérieurs chômeurs, sont mécontents. Depuis la semaine dernière, ils manifestent quotidiennement pendant plusieurs heures devant les sièges de la Primature, le Parlement et dans les grands boulevards de la capitale. Différentes coordinations solidaires ont participé à cette grogne, à savoir les coordinations Al Morabita, Al Mowatina et Al Oula. La colère des manifestants est montée d’un cran lorsqu’ils ont appris par leurs interlocuteurs, un conseiller du Premier ministre, un représentant de l’Intérieur et d’autres officiels, que le gouvernement a gelé le décret ministériel portant sur le recrutement de tous les diplômés chômeurs dans l’immédiat. Ils ont également appris que quelque 4304 ont été effectivement recrutés dans différentes régions. Une initiative que les coordinations qualifient de non transparente et de non démocratique. De ce fait, ils réclament des explications sur le déroulement de cette opération, sachant que leur nombre n’a pas diminué. Contacté par Libé, Abdeslam El Bekkari, conseiller du Premier ministre chargé de la gestion de ce dossier, est resté aux abonnés absents. Pour sa part, l’assistante de Saâd Al Alami, ministre de la Modernisation des secteurs publics, nous a informés que l’agenda du ministre ne lui permet pas de répondre à nos questions. Certains responsables avertis, sous le sceau de l’anonymat, ont nié en bloc les accusations de la coordination et affirmé que le gouvernement compte toujours résoudre le problème et embaucher les chômeurs dans les limites du besoin. Une opération qui, d’après eux, se poursuivra jusqu’à l’année prochaine. La coordination considère que cette date butoir n’est qu’une manœuvre du gouvernement pour se désengager. Mais le conseiller du Premier ministre avait déclaré auparavant que «depuis le lancement par le gouvernement de l’actuelle initiative, 28 groupes ont opté pour le dialogue au lieu des sits-in. Ce qui a permis aux responsables d’accélérer le processus de leur recrutement (39 groupes à ce jour). D’autres groupes sont sur une liste d’attente. Idem pour des groupes en constitution, avec une priorité exceptionnelle aux chômeurs ayant obtenu leurs diplômes avant 2005. Cette catégorie qui ne bénéficie pas directement du décret adopté par le gouvernement la semaine dernière aura sa chance durant 2011 et 2012».
Deux mois plus tard, les réalités s’avèrent tout à fait différentes. Les chômeurs sont descendus dans la rue et la tension monte. Les manifestations de ce début de semaine sont loin d’être négligeables. Les concernés refusent d’admettre le comportement des officiels qui ont lié, lors de la dernière réunion avec les représentants des coordinations, notamment la Coordination nationale des cadres supérieurs chômeurs, la résolution de la situation des cadres chômeurs à la lettre adressée par la Primature aux membres du gouvernement. Laquelle demande aux ministres d’établir leur besoin en ressources humaines, sans préciser de date pour cette opération, d’où la colère des cadres chômeurs surtout que le conseiller du Premier ministre avait annoncé leur recrutement dans l’immédiat. Mais sans donner de garantie et sans préciser le nombre de bénéficiaires parmi les listes officielles déposées auprès de son département.
Ainsi, la Coordination déplore cette solution qu’elle qualifie de partielle, estimant que le recrutement doit avoir lieu dans l’immédiat et non plus tard. D’autant que «le Maroc est appelé à des changements politiques de grande envergure dans les mois à venir. Le gouvernement risque d’être dissous. C’est pourquoi il faut trancher dans la question des cadres chômeurs sans perdre de temps», précise la Coordination dans son blog officiel.
Par ailleurs, la Coordination, représentant 39 groupes, soit plus de 3000 cadres chômeurs, réclame davantage de transparence et d’explication sur le cas des 4304 recrutements annoncés par le conseiller du Premier ministre dans les différentes régions du pays. Notons ainsi que la Coordination dont les membres viennent de toutes les régions, n’enregistre pas encore parmi ses rangs des bénéficiaires de cette opération dont parlent les officiels.