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Ibrahim, 13 ans, est mort en février lorsqu’un kamikaze, portant une ceinture d’explosifs, a fait irruption dans le stade pendant un match. Quelques minutes plus tard, une voiture piégée, garée non loin, explosait. Dix-huit personnes ont été tuées, pour la plupart des jeunes footballeurs.
Ibrahim n’est pas enterré dans ce terrain de jeu, une aire de terre battue ouverte aux quatre vents, proche d’une grande route. Mais les habitants du quartier ont érigé dans un coin du terrain 18 stèles à la mémoire des jeunes victimes, chacune décorée d’une photo, de fleurs artificielles et de rubans noirs.
Certaines arborent des maillots de foot du club, ainsi que les restes du filet de but que défendait l’équipe.
“Pourquoi tuer nos enfants? Ils ne possèdent rien et leur seul plaisir était de jouer au football”, lance la mère d’Ibrahim.
“C’était des enfants innocents”, souligne pour sa part Abou Amir qui a perdu trois de ses neveux, âgés de 11, 12, et 15 ans dans cet attentat.
Depuis plusieurs mois, des stades, des joueurs et des cafés diffusant des matches de football sont régulièrement pris pour cible par des extrémistes.
Au total, quelque 50 personnes ont péri dans au moins dix attaques liées au foot à Bagdad, ses environs, et dans le nord du pays, selon un décompte effectué par l’AFP.
Pourtant, début juillet, l’engouement pour le football est reparti de plus belle avec le palmarès surprise de l’équipe nationale au Mondial des moins de 20 ans en Turquie.
La défaite de l’Irak aux pénalties en demi-finale contre l’Uruguay constitue le meilleur résultat de l’histoire du pays dans une épreuve organisée par la Fédération internationale de football (Fifa).
L’équipe a “rendu sa fierté à l’Irak, quelque chose dont les politiques se montrent incapables depuis des années,” avait lancé un supporter, Yassin Alabd, après la victoire des Lions en quart de finale.
Le football, sport favori des Irakiens, est un des rares terrains où les différentes communautés du pays, à commencer par la majorité religieuse chiite et la minorité sunnite, peuvent se retrouver et partager une passion commune.
Or, un des objectifs des extrémistes semble être de relancer la sanglante guerre confessionnelle qui a fait des dizaines de milliers de victimes, notamment en 2006 et 2007, et dont les plaies n’ont jamais été refermées.
“C’est un changement de cible pour les terroristes. Après avoir visé par le passé des objectifs tels que les marchés et les mosquées, il s’agit maintenant de frapper les jeunes pour que les Irakiens perdent confiance en leur gouvernement”, estime le politologue Ihsan al-Chamari de l’Université de Bagdad.
“Cibler les civils, et en particulier les enfants, est un crime contre l’humanité, parce que les enfants n’ont rien à voir avec la politique”, lance Abdulamir Aboud, un membre du comité olympique irakien qui fait également office d’entraîneur de jeunes footballeurs.
“Le nombre de jeunes qui viennent s’entraîner sur ce terrain a baissé depuis l’attentat, et certains matches se déroulent sans le moindre spectateur”, ajoute-t-il.
Sur un autre terrain de foot, dans la zone industrielle de Zaafaraniya, dans le sud de la capitale, les joueurs sont revenus dix jours après un autre attentat à la voiture piégée qui a fait cinq morts et une dizaine de blessés.
“On a repris l’entraînement. On ne va jamais abandonner”, affirme Basim Sakran, un membre du conseil municipal responsable du terrain de sport.
L’attentat “a miné le moral des joueurs, mais ça ne va pas nous arrêter”, reconnaît pour sa part Saif Abdilhussein, capitaine de l’équipe de Zaafaraniya.
“Les terroristes veulent qu’on suive leur chemin, mais nous ne renoncerons jamais au football”, dit-il en s’épongeant le front après un entraînement.