Le deuxième souffle de Woodstock


Par Jean-Claude Péclet
Mercredi 26 Août 2009

Généralement considéré comme un «accident cosmique», le plus grand festival de tous
les temps était aussi porteur d’un message politique qui semble reprendre de la vigueur avec 40 ans de recul
Les plus belles légendes tiennent parfois à un fil. Celle de Woodstock est certes bien accrochée à la foule gigantesque et heureusement pacifique – 400_000_personnes, deux fois et demi plus qu’attendu – qui envahit les prairies de Bethel du 15 au 17_août 1969. Elle est aussi suspendue à quelques images fortes, dont celle du dernier concert: Jimi Hendrix torturant l’hymne américain sur sa guitare, évoquant de façon saisissante les bombardements du Vietnam face aux champs boueux, déjà aux trois quarts abandonnés par les festivaliers.
Or ce moment a failli ne pas exister. Pour clore Woodstock, Michael Lang, directeur de production du festival, avait invité Roy Rogers, le «cow-boy chantant» dont le tube «Happy Trails» aurait laissé une note finale, disons plus… guimauve. Rogers ayant décliné, la scène s’ouvrait à la magie d’Hendrix.
Michael Lang a raconté cette anecdote en présentant le livre qu’il vient de publier sur les préparatifs du festival_. A cette occasion, il a tiré un parallèle entre ce qui s’est passé il y a 40 ans et l’élection de Barack Obama: «En Amérique, et probablement dans le monde, les choses étaient assez sombres. Nous luttions pour sortir de la guerre au Vietnam. La décade avait été marquée par les combats autour des droits civiques, nous réalisions que nous étions en train de détruire la planète sur laquelle nous vivions. Le fossé entre les générations était énorme. Certains groupes, frustrés, cédaient à la violence pour faire passer leur message. Le gouvernement conservateur restait muet face à ces préoccupations. Woodstock a surgi dans ce contexte comme un stupéfiant moment d’espoir. J’aime comparer cela à l’investiture de Barack Obama, qui est aussi arrivée à un moment sombre pour l’Amérique et le monde.»
Dans les semaines précédant le festival, les organisateurs avaient débattu la question de lui donner un contenu politique ou pas. Ils avaient décidé de rester plutôt en retrait, les concerts parlant d’eux-mêmes.
«L’événement était le message politique», dit Lang: même débordé par son succès, secouru par les hélicoptères des autorités qu’il vomissait, Woodstock montrait au monde qu’il était possible de mettre sur pied quelque chose d’exceptionnel, de réunir une masse dans un esprit de fraternité.


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