Le dernier des ténors s’en est allé: La musique arabe orpheline de Sabah Fakhri


H. T
Mardi 2 Novembre 2021

"Le cœur de Sabah a cessé de battre. Il nous a quittés". C’est en ces termes que le fils de l’icône de la chanson arabe, Sahah Fakhri, a annoncé la mort de son père à Damas à l'âge de 88 ans. « Son coeur a cessé de battre. Il nous a quittés », a affirmé Anas Fakhri à l’AFP, ajoutant toutefois que son père était "une légende d'Alep et de la Syrie", et que "les légendes ne meurent pas". Sabah Fakhri, de son vrai nom Sabah Eddine Abou Kaws, né le 2 mai 1933 à Alep en Syrie, est un chanteur ténor. C'est l’un des derniers maîtres du répertoire des qoudoud alépins. Sabah Fakhri étudia au Conservatoire d'Alep puis à celui de Damas. Il fut le disciple de grandes figures de la musique arabe telles que Ali Darouich, Omar Batch et Mohammad Rajab. Il sortit de l'ombre grâce au « Prince du violon » Sami Chaoua. En effet, celui-ci le présenta à Fakhri Bik Baroudi qui lui apporta des performances vocales et une grande maîtrise dans ses interprétations. Finalement, il l'intégra dans son conservatoire musical puis le présenta à la Radio Télévision Syrienne. En reconnaissance de cela, Sabah choisit d'ajouter « Fakhri » à son nom artistique. Maîtrisant un répertoire très vaste incluant les grands poètes arabes classiques ou contemporains, Fakhri était considéré comme le maître incontesté du Mawwal. En 1978, il reçut la Médaille d'or de la Musique arabe de Damas. Parmi ses oeuvres éternelles on peut citer "Yā Hādī al-'Ess / Mālek Yā Ḥelwa ya Mālek, Khamrat elḤobb, Yā Ṭīra Ṭīrī, Fōg el-Nakhal, Adduka al-Mayāss, Yā Māl el-Shām, Muwashshaḥ Imlīlī/ Yā Shādī elAlḥān, Eba‘atlī Jawwāb, Ah Yā Ḥelō". Elu doyen des artistes, le défunt a occupé le poste de vice-président de l'Union des artistes arabes et directeur du Festival de la chanson syrienne. Chanteur infatigable, il était capable de tenir en haleine son auditoire pendant des heures en répétant inlassablement les couplets de poèmes arabes classiques ou contemporains. En 1968, il avait battu un record en chantant pendant dix heures d'affilée lors d'une tournée à Caracas. Ce qui lui valut de figurer dans le livre Guinness des records. « Au niveau mondial, je suis le seul chanteur qui a tenu sur scène pendant dix heures sans arrêt au Venezuela. J'ai pu réaliser cet exploit sans prendre en considération le livre des Guinness parce que d'une part dieu m'en a donné la force et d'autre part mon répertoire me l'a largement permis. Sinon imaginez si je n'avais que 10 ou 15 chansons je n'allais pas dépasser deux heures sur scène. Au fait, c'est un ensemble d'éléments qui a permis cette ténacité », a-t-il précisé dans un entretien avec le quotidien Le Matin le 5 juin 2004. En 2004, la direction du festival de Fès a décidé de rendre hommage à ce chantre de la chanson arabe en lui attribuant la clef de la capitale spirituelle du Royaume. « M'attribuer la clef de Fès pour me rendre honneur est très significatif pour moi. Parce que la clef en soi n'est qu'un symbole mais la signification profonde de cet hommage est qu'on reconnaît un artiste qui a su préserver son art et ça me prouve qu'on me respecte et qu'on respecte ce que j'ai donné pour l'art », a-t-il précisé dans l’entretien avec le même support.


Lu 1261 fois

Nouveau commentaire :

Votre avis nous intéresse. Cependant, Libé refusera de diffuser toute forme de message haineux, diffamatoire, calomnieux ou attentatoire à l'honneur et à la vie privée.
Seront immédiatement exclus de notre site, tous propos racistes ou xénophobes, menaces, injures ou autres incitations à la violence.
En toutes circonstances, nous vous recommandons respect et courtoisie. Merci.










services