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Les faits d’abord. Jeudi 4 octobre est jour de vote à Tanger et à Marrakech, deux circonscriptions dont les résultats législatifs ont été invalidés par la Cour constitutionnelle. Au total, quatre sièges sont à pourvoir dans ces élections partielles présentées comme un test pour la majorité gouvernementale et le PJD en particulier. A 9h45mn, ce même jeudi 4 octobre, une première dépêche de l’Agence France presse consacrée à ce scrutin tombe. C’est un reportage signé de l’un des journalistes du bureau de Rabat de l’AFP publié sous le titre de «A Tanger, un scrutin test pour le PJD laisse les Marocains indifférents». Un reportage qui décrit la morosité des électeurs, le désenchantement des jeunes confrontés à la crise économique, la mobilisation des ministres islamistes du gouvernement dans cette élection à caractère partiel. Coincée entre deux paragraphes, une phrase qui sera à l’origine du branle-bas de combat gouvernemental où le journaliste, auteur du reportage, parle de la participation à ces législatives de candidats « proches du palais Royal ». Pour l’Exécutif, le Rubicon est franchi. Dans une dépêche dont la première version fera le tour du monde, l’Agence France presse procède à des raccourcis jugés dangereux et inacceptables par le gouvernement Benkirane. Elle ne se contente plus de faire référence à des candidats appartenant à un parti fondé par un proche du Roi, le PAM, mais fait du Souverain un acteur du jeu électoral. «Nous sommes face à une faute professionnelle grave. Au-delà de l’anti-professionnalisme et d’une allégation avancée sans le commencement du début d’une preuve, voici une agence de presse internationale réputée pour son sérieux et son sens de la déontologie qui entend, à travers son journaliste basé au bureau de Rabat, faire croire à une sorte de bras de fer entre l’institution monarchique et le PJD. C’est inadmissible», s’indigne un cacique du parti des islamistes au pouvoir avant de faire remarquer «qu’avant même que les autorités marocaines ne réagissent, l’AFP a retiré du fil la première dépêche en question, remplaçant l’expression «des candidats proches du Roi» par «des candidats se présentant sous la bannière du PAM, fondé en 2008 par Fouad Ali El Himma, un proche du Roi Mohammed VI».
La réaction du gouvernement ne se fait pas attendre et s’en explique dans un communiqué succinct mais précis. L’accréditation du journaliste du bureau de l’AFP à Rabat est immédiatement retirée.
L’accréditation, une affaire gouvernementale dans les pays les plus démocratiques
Mostafa El Khalfi, le ministre de la Communication, celui-là même qui avait présenté ses excuses exclusives à la direction de l’AFP-Rabat après que ce même journaliste auteur du reportage de Tanger a été malmené par les forces de l’ordre au cours d’une manifestation, livre les mêmes explications au directeur du bureau de Rabat de cette agence de presse.
A Paris, on tente de minimiser. «Le reportage incriminé n’avait pas d’autre but que d’informer, de contextualiser une situation sans intention de nuire à qui que ce soit». «Nous espérons que les autorités marocaines reviendront sur cette décision», a déclaré le directeur de l’information de l’AFP avant d’assurer au bureau de l’AFP-Rabat qu’il avait «toute la confiance de la direction de l’agence».
Par cette affaire, le débat sur la délivrance de l’accréditation des journalistes étrangers refait surface, en pointillés. «C’est le gouvernement qui donne ou retire de telles accréditations. Dans tous les pays du monde, y compris les plus démocratiques, cette question est considérée comme relevant de la souveraineté nationale. C’est soit le ministère de la Communication en concertation avec le ministère des Affaires étrangères qui la délivre, soit directement le ministère des Affaires étrangères. Au Maroc, la tradition est la suivante : les ministères de la Communication et des AE travaillent ensemble pour la délivrance des accréditations de journalistes étrangers en poste au Maroc», explique une source proche du département de la Communication avant d’ajouter que «dans le cas d’espèce, les pouvoirs publics n’ont fait qu’appliquer les dispositions de la loi en vigueur autorisant au retrait d’une accréditation».
Au Syndicat national de la presse marocaine, on dit aussi réfléchir à la question, tout en admettant qu’en la matière «on marche sur des œufs». «Un bref benchmarking montre que dans de nombreux pays, y compris le Danemark qu’on ne saurait qualifier d’autoritarisme, l’accréditation de journalistes étrangers est une question de souveraineté. Et généralement, c’est le ministère des AE qui en a la responsabilité et non pas comme certains pourraient le faire croire la commission en charge de la délivrance des cartes de presse», conclut un journaliste, membre du bureau du SNPM.