Le cricket tente une opération séduction aux Etats-Unis


Libé
Lundi 16 Novembre 2015

Suivi par des centaines de millions de personnes dans le monde, le cricket s'est livré cette semaine à une opération séduction à New York pour tenter de se faire une place dans le paysage sportif américain, malgré la concurrence écrasante du base-ball. Samedi 13h10. New York. Queens. Les portes de la rame de métro s'ouvrent. Des passagers sprintent littéralement vers le stade de base-ball des Mets en hurlant. Ils ne veulent pas rater leur compatriote, l'Indien Sachin Tendulkar, souvent surnommé "le dieu du cricket", qui est déjà à la batte.
Pour une après-midi, ils sont une vingtaine de légendes du cricket fraîchement retraitées à participer à ce match de gala destiné à promouvoir un sport confidentiel aux Etats-Unis.
Pas moins de 36.000 personnes ont fait le déplacement. Tous, à une poignée d'exceptions près, sont originaires d'une des grandes nations du cricket: Inde, Pakistan, Angleterre, Sri Lanka, Australie, principalement.
Durant toute la semaine, Sachin Tendulkar et l'autre porteur du projet, l'Australien Shane Warne, n'ont pas ménagé leurs efforts pour donner de la visibilité à leur sport: conférence de presse, ouverture de la séance boursière à Wall Street, stage pour les enfants et ce match pour finir, qui a été retransmis sur l'un des canaux de la chaîne câblée américaine ESPN.
Ils disputeront deux autres rencontres, à Houston (centre-sud) et à Los Angeles (ouest). Le promoteur a signé un contrat de trois ans. "Nous voudrions revenir tous les ans pour jouer trois matchs, voire plus", annonce Sachin Tendulkar, rapporte l’AFP. "Nous sommes ici pour gagner les coeurs", explique cet homme qui, malgré son palmarès, affiche une simplicité désarmante.
Il compte notamment sur des matchs d'un format raccourci, le "Twenty20" ou "T20", d'une durée totale d'environ trois heures quand les tests internationaux (rencontres entre deux pays) peuvent s'étaler sur cinq jours à raison de six heures quotidiennes. "Il y a quelques années, le football n'était pas si connu que ça ici. Et puis, David Beckham est arrivé", rappelle Shane Warne.
Le cricket est déjà plus qu'une curiosité aux Etats-Unis. La fédération américaine (USACA) revendique 25.000 joueurs membres d'un club. Mais, en proie à des problèmes financiers et de gouvernance, elle a été suspendue par la fédération internationale (ICC). Et une fédération concurrente, l'American cricket federation (ACF), tente d'obtenir l'investiture de l'ICC.
Son secrétaire général, John Aaron, assure lui qu'il y a 200.000 joueurs actifs aux Etats-Unis et "trois ou quatre fois plus" de joueurs de "soft ball cricket", pratiqué avec une balle molle.
"C'est en train de grandir", affirme Dhaval Dharaiya qui avait monté en 2008 l'une des premières équipes universitaires, celle de New York University.
L'essentiel des pratiquants et des joueurs de l'équipe nationale américaine sont issus des grands pays du cricket, qu'ils soient naturalisés ou de deuxième génération.
Samedi, Sachin Tendulkar l'a dit, il aurait aimé que des Américains d'autres origines soient dans les tribunes, pour découvrir ce que ce sport peut proposer de meilleur.
Mais ils ne sont pas venus et restent pour l'instant à l'écart d'un sport qui, malgré ses différences, est en concurrence directe avec le sport américain le plus traditionnel, le baseball. "Le base-ball sera toujours le sport dominant", professe Philip Watt, un Australien vivant à New York et venu voir le match. Pour lui, "le cricket peut devenir un sport de niche, mais pas un sport national".
"Nous ne sommes en compétition avec aucun sport", assure en tout cas Sachin Tendulkar.
Même dans l'ombre du tout puissant baseball et en se limitant, pour l'instant, aux populations originaires du Commonwealth, le cricket prend pourtant, peu à peu, racine aux Etats-Unis.
"Il y a sept ans, dans le New Jersey, il n'y avait aucune école de cricket. Aujourd'hui, il y en a cinq", explique Avinash Gaje, président de la ligue de "soft ball cricket" de cet Etat, qui assure compter plus de cent équipes.
"S'il y avait eu un vrai match de cricket (entre équipes nationales), ils auraient fait le plein (45.000 personnes)", considère Sunny Sharma en spectateur avisé.


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