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Discours Royal du 6 novembre 1975: Serment national et matrice du Maroc contemporain
Loin de toute rhétorique, le Royaume a construit l’une des stratégies climatiques les plus ambitieuses du continent, articulant résilience et adaptation pour une économie à la fois verte et compétitive.
Du gigantisme solaire de Noor Ouarzazate à l’essor de l’éolien et de l’hydrogène vert, de la préservation des écosystèmes et des ressources à la modernisation d’une agriculture durable, le pays redessine son modèle de développement à l’aune du climat.
Cette ambition prend corps dans la Contribution déterminée au niveau national (CDN 3.0) pour la période 2026-2035, soumise aux Nations unies, en amont de la COP30 de Belém, au cœur de l’Amazonie brésilienne. Une trajectoire alignée sur la limitation du réchauffement à 1,5 °C et sur l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050.
«Bien que faiblement émetteur de gaz à effet de serre, le Maroc demeure fortement exposé aux impacts climatiques : sécheresse, stress hydrique, événements extrêmes», rappelle Bouzekri Razi, directeur des Changements climatiques, de la Diversité biologique et de l’Économie verte au ministère de la Transition énergétique et du Développement durable.
Et c’est là tout l’enjeu. La CDN 3.0, fruit d’un large processus participatif, porte la volonté de bâtir une économie compétitive, sobre en carbone et résiliente aux impacts climatiques, tout en assurant une transition juste et inclusive, explique-t-il à MAP-Brasilia.
Le cap est clair : réduire de 53 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2035, avec une sortie progressive du charbon d’ici 2040, sous condition d’un soutien financier international à la hauteur des enjeux. Derrière cet objectif, un portefeuille de 197 projets d’atténuation et d’adaptation, estimé à 96 milliards USD, couvre l’ensemble des secteurs, des plus énergivores aux plus vulnérables.
La production d’électricité, principal émetteur de GES, est au cœur de l’effort. Le Maroc compte tripler sa capacité en énergies renouvelables pour dépasser les 15 GW d’ici 2030, moderniser les réseaux et développer le stockage. L’objectif est d’atteindre un mix énergétique composé à 52% de renouvelables, réparties entre solaire (20%), éolien (20%) et hydraulique (12%).
Mais les priorités ne s’arrêtent pas là. Cela inclut la réduction des émissions de méthane, le développement de l’hydrogène vert et de ses dérivés, le renforcement des systèmes d’alerte précoce, la modernisation agricole, la protection de la biodiversité, des forêts et du littoral, la construction de barrages et le dessalement de l’eau de mer, etc. Les villes, elles aussi, amorcent leur mutation : mobilité propre, rénovation thermique des bâtiments ou encore le tri-recyclage qui gagne du terrain.
Selon M. Bouzekri, la CDN 3.0 introduit une approche méthodologique innovante, fondée sur l’efficacité économique et la mesure du coût moyen d’abattement sectoriel, tout en intégrant pour la première fois la planification budgétaire nationale (2026-2028) dans les engagements climatiques. En misant sur la finance climat et les mécanismes du marché carbone, le Maroc renforce la transparence et la soutenabilité de son action.
Cette architecture traduit une vision holistique impulsée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. «C’est cette approche, tournée vers l’action, que Nous avons préconisée, au Royaume du Maroc : Notre ambition s’est manifestée par des actions sectorielles, concrètes, précises ; elle est structurée dans des plans d’action détaillés et vérifiables, aussi bien pour l’adaptation que pour l’atténuation et la décarbonation », a dit le Souverain dans Son discours adressé au Sommet mondial sur l’action climatique à Dubaï.
De la Stratégie nationale de développement durable à la Feuille de route bas carbone à l’horizon 2050, en passant par le Plan Climat National 2030, le Plan stratégique national d’adaptation, les stratégies sectorielles, les plans climatiques territoriaux et les plans d’adaptation régionaux, l’ensemble forme une matrice cohérente destinée à ancrer la transition dans le quotidien de chaque citoyen, sur tout le territoire.
«Le Maroc est un acteur clé et un leader des négociations climatiques mondiales », souligne Ana Toni, directrice exécutive de la COP30, à MAP-Brasília lors d’une conférence avec la presse étrangère. Le pays figure d’ailleurs 8ᵉ sur 63 dans le Climate Change Performance Index 2025, une reconnaissance qui souligne autant ses progrès que l’exigence d’un financement pour maintenir le cap.
Premier pays africain à avoir accueilli et présidé deux COP (Marrakech 2001, 2016), le Maroc reste un pilier de l’Agenda de l’action pour accélérer la mise en œuvre des engagements climatiques. Et son influence dépasse les frontières. Pionnier de la coopération Sud-Sud, il partage son expertise en matière de formation, de financement et de solutions durables avec d’autres pays africains, car la transition n’a de sens que si elle est juste et partagée.
A l’heure où les délégations s’installent au bord de l’Amazone, le Maroc arrive à Belém porteur d’un message limpide : si l’Afrique subit de plein fouet le dérèglement climatique, elle a aussi les solutions de demain. Car même face à la sécheresse, l’avenir peut être fertile lorsque la volonté est ferme.
Par Wahiba Rabhi







