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La Syrie se dote d'un Comité constitutionnel mais la paix est encore loin


Mercredi 25 Septembre 2019

L'ONU a annoncé lundi la création d'un Comité constitutionnel pour la Syrie, premier pas vers un règlement politique du conflit qui reste toutefois très incertain alors que le président Bachar al-Assad apparaît de plus en plus en position de force.
Ce Comité, composé de représentants du pouvoir et de l'opposition, doit travailler sur la Constitution et ouvrir la voie à des élections afin de mettre fin à une guerre qui a fait plus de 370.000 morts depuis 2011.
"Je crois fermement que le lancement d'un Comité constitutionnel, organisé et dirigé par les Syriens, peut être le début d'une voie politique vers une solution", a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, en marge de la 74e Assemblée générale des Nations unies à New York.
"Mon émissaire (pour la Syrie Geir Pedersen) va réunir le Comité constitutionnel dans les semaines à venir", a-t-il assuré.
L'idée de ce Comité avait été agréée formellement en janvier 2018 sous l'impulsion de la Russie mais le président Assad n'a cessé depuis de traîner les pieds, retardant sans cesse sa formation.
Le Comité comprend 150 personnes, dont 50 choisies par le gouvernement, 50 par l'opposition et 50 par l'ONU pour inclure des représentants de la société civile.
L'ONU et Damas ont bataillé pendant très longtemps sur certains noms de cette dernière liste.
L'ONU, l'opposition et Damas ont aussi ferraillé sur les procédures de fonctionnement de cette instance et sa hiérarchie avant d'arriver à l'accord annoncé lundi.
Les Etats-Unis ont salué la création de ce comité. "Même si beaucoup reste à faire, c'est un pas encourageant vers une solution politique du conflit syrien", a estimé la porte-parole du département d'Etat, Morgan Ortagus.
Ce comité "longtemps attendu redonne espoir aux Syriens", s'est aussi félicitée la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne, Federica Mogherini, en appelant à sa mise en oeuvre "au plus vite".
Le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem, a pour sa part réitéré "l'engagement de la Syrie en faveur (...) du dialogue syro-syrien afin de parvenir à une solution politique (...) loin de toute intervention étrangère".
Pour les Occidentaux, l'objectif du Comité doit être de parvenir à l'organisation de nouvelles élections qui soient inclusives et intègrent les millions de réfugiés, souvent hostiles au régime syrien, qui ont fui le pays et la guerre.
Mais Bachar Al-Assad risque fort de s'opposer à toute révision constitutionnelle qui aille au-delà d'un toilettage et a fortiori à tout élargissement du corps électoral qui lui soit défavorable.
"Il est en position de force, les Russes le sollicitent pour faire des gestes (comme sur le Comité constitutionnel), mais même-là il leur a résisté pendant des mois", explique à l'AFP l'ancien ambassadeur de France en Syrie, Michel Duclos, conseiller spécial à l'Institut Montaigne à Paris.
"Il garde la possibilité de bloquer la suite de la procédure. Entre-temps, il y aura eu des élections, il aura fait élire ses pions, se sera lui-même fait réélire en 2021 si rien ne change", poursuit-il.
Appuyé par Moscou, le régime syrien a repris ces dernières années aux rebelles et aux jihadistes le contrôle de près de 60% du territoire.
Il poursuit aujourd'hui une offensive meurtrière sur la province d'Idleb (nord-ouest), dernier bastion qui lui échappe encore avec le nord-est, sous contrôle kurde.
Pour Julien Barnes-Dacey, expert à l'Europan Council on Foreign Relations (ECFR), des "questions énormes" se posent concernant ce Comité.
"Le gouvernement syrien va sans aucun doute continuer à faire obstruction à ce processus. Il ne faut pas s'attendre à un règlement politique équitable ou à des réformes substantielles de sa part", dit-il à l'AFP.
"Mais c'est aussi la seule voie, certes étroite, pour tenter toute forme de processus politique" et cela constitue une rare "ouverture", constate-t-il.
L'Europe et les Etats-Unis ont conditionné toute aide à la reconstruction de la Syrie à de réels progrès vers une solution politique. Ce coût, estimé à 400 milliards de dollars, pourra difficilement être pris en charge par les seuls alliés de Damas, parient les Occidentaux.


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