Dans l’article qui suit paru dans le site « quid.ma », Abdelhamid Jmahri, directeur de publication et de rédaction d’Al Ittihad Al Ichtiraki, met en exergue les volets confirmant la justesse de la Cause marocaine, pris comme points de départ par Moscou pour écarter le polisario des travaux dudit Forum.
En réaffirmant qu’elle ne traite qu’avec les Etats reconnus par les Nations unies, la Russie envoie un message politique clair à l’Afrique. A travers une série de positions cohérentes, de Moscou au Forum du Caire, cette orientation confirme, explique Abdelhamid Jmahri, l’isolement de la prétendue «république sahraouie» et éclaire les recompositions diplomatiques et économiques à l’œuvre autour du dossier du Sahara marocain et des équilibres continentaux.
La constance russe face à la «république de l’illusion»
La Russie a pris l’habitude d’exclure la «république de l’illusion» de ses rencontres avec les pays africains. Elle s’en tient à des relations officielles uniquement avec les 54 Etats membres reconnus de l’Union africaine. Malgré l’insistance de son allié algérien pour imposer la présence de son proxy basé à Tindouf dans les forums russo-africains, Moscou s’en est tenu à sa ligne de conduite.
En d’autres termes, que cette pseudo-république soit ou non membre de l’Union africaine, la Russie ne lui reconnaît aucune légitimité.
La même attitude a prévalu lors de la rencontre accueillie par Le Caire, ainsi que pour celle des chefs d’Etat appelée à lui succéder. Mais cette fois, l’événement revêt une portée particulière, car cette position a été formellement consignée dans le communiqué final du Forum du Caire, affirmant explicitement que la Russie ne traite qu’avec des entités reconnues par l’Organisation des Nations unies.
Un positionnement cohérent avec le dossier du Sahara
Cette prise de position intervient dans le prolongement de l’attitude de Moscou vis-à-vis de la résolution 2797, qui consacre l’autonomie comme l’unique solution au différend autour du Sahara marocain. Il est utile de rappeler ici le cadrage diplomatique mis en place en amont par le Maroc. Rabat, en coordination avec Washington, penholder du texte, n’a soumis le projet de résolution qu’après avoir obtenu l’assurance que la Russie n’exercerait pas son droit de veto. Ce fait révèle que la coordination avec Moscou a précédé l’adoption de la résolution afin d’en garantir l’issue.
Dans une interview télévisée accordée à la chaîne 2M après l’adoption du la résolution, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, avait insisté sur ce point, soulignant qu’«avant d’entamer toute discussion sur la dernière résolution, il fallait s’assurer que la Russie n’utiliserait pas son droit de veto». Il avait ajouté que dans le cas contraire, «il n’y aurait eu aucune raison de présenter la résolution, puisque le résultat aurait été connu d’avance», à savoir le rejet.
La dimension économique et continentale
Cette orientation concerne également la coopération continentale russo-africaine, notamment sur le plan économique, qui constitue l’axe central des rencontres. Elle s’inscrit dans le prolongement du discours Royal du 31 octobre, dans lequel Sa Majesté le Roi a cité la Russie parmi les grandes puissances économiques mondiales contribuant à la consolidation de la souveraineté économique du Royaume sur son Sahara, et agissant en cohérence avec cette reconnaissance.
Le discours Royal adopte une lecture inscrite dans le temps et dans la stratégie, en soulignant que «la reconnaissance de la souveraineté économique du Royaume sur les provinces du Sud a connu une progression significative à la suite des décisions de grandes puissances économiques, telles que les Etats-Unis, la Russie, l’Espagne et l’Union européenne, d’encourager les investissements et les échanges commerciaux avec ces territoires».
Cette dynamique confère à la région le potentiel de devenir un pôle de développement et de stabilité, ainsi qu’un hub économique à l’échelle de son environnement régional, y compris dans l’espace sahélo-saharien.
Signaux à l’Afrique et recompositions géopolitiques
Dans cet espace continental, la présence russe est effective, allant jusqu’à une coordination ouverte et une planification conjointe avec des pôles régionaux, notamment dans les pays du Sahel et du Sahara, une réalité qui a déjà suscité l’irritation de l’Algérie.
Il est ainsi possible d’anticiper que Moscou ne s’opposera pas à une éventuelle décision africaine visant à exclure l’entité fantôme des structures institutionnelles de l’Union africaine, sachant que l’adhésion à l’UA ne garantit pas l’accès à la scène internationale, la reconnaissance par l’ONU demeurant le fondement de la légitimité internationale et le socle des relations de la Russie avec le reste du monde.
De nombreux Etats africains, liés à Moscou, pourraient dès lors interpréter cette position comme un signal géopolitique fort, indiquant la direction que pourraient prendre les relations futures entre la Russie et le continent africain.
Par Abdelhamid Jmahri











