La Berlinale récompense un documentaire sur les réfugiés en pleine crise migratoire

Lundi 22 Février 2016

Le Festival de cinéma de Berlin a décerné samedi son Ours d’or à un documentaire sur les réfugiés à Lampedusa, “Fuocoammare”, envoyant un message politique au moment où l’Europe cherche coûte que coûte à réduire l’afflux des migrants. Ce documentaire italien (“Feu en mer”, en français) relate le sort des réfugiés qui débarquent en provenance des côtes d’Afrique du Nord sur l’île italienne de Lampedusa, ou meurent avant d’y parvenir. Brut, sans voix off ni commentaires, “Fuocoammare” décrit en parallèle le  quotidien des habitants -en particulier celui d’un jeune garçon, Samuele- et celui de ces milliers de migrants.
“En ce moment, toutes mes pensées vont à tous les gens qui ne sont jamais  arrivés à Lampedusa pendant ce voyage de l’espoir” qu’ils avaient entamé, a déclaré le réalisateur, Gianfranco Rosi, après avoir reçu son prix. Il l’a aussi dédié aux “gens de Lampedusa”, tous à ses yeux “très ouverts” et promis de venir montrer son film sur l’île, où il loue toujours un appartement, lors d’une projection “en plein air” car il n’y a pas de cinéma sur place.
Le cinéaste s’en est surtout pris aux politiques suivies par de nombreux  gouvernements européens visant à réduire l’entrée des migrants. “Les murs et les clôtures ne marchent jamais, elles ne résistent jamais”, a-t-il mis en garde. “J’espère apporter une prise de conscience, il n’est pas normal que des gens meurent en traversant la mer pour échapper à des tragédies”, a estimé Gianfranco Rosi, qui, pour “Fuocoammare” (“Fire at sea”), a passé près d’un an à Lampedusa, petit morceau de terre de 20 km2 situé entre Malte et la Tunisie. La présidente du jury de la Berlinale cette année, l’actrice américaine Meryl Streep, a souligné que les jurés avaient été “bouleversés” par un documentaire qui “allie la critique à l’art et la nuance”.
Ce film “va au cœur de ce qu’est la Berlinale”, a-t-elle poursuivi. Cinéaste bourlingueur née en Erythrée et formé aux Etats-Unis, Gianfranco Rosi a expliqué s’être “immergé” dans la vie de Lampedusa. Il a notamment accompagné des gardes-côtes secourant des bateaux en détresse, après avoir reçu des appels à l’aide par radio, montre les opérations au cours desquelles des hommes masqués et en combinaison blanche évacuent un à un les réfugiés et les cadavres de bateaux bondés. Notons enfin que Gianfranco Rosi avait déjà reçu le Lion d’or à Venise en 2013 pour le documentaire “Sacro GRA” consacré aux personnes vivant près du périphérique romain.

 

Libé

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