Des colonnes de fumée s’élevaient mardi des rues de Sittwe, capitale de l’Etat Rakhine (autrefois appelé Arakan), placé sous couvre-feu et état d’urgence depuis dimanche.
Une équipe de l’AFP a pu voir des patrouilles régulières des forces de sécurité tout au long de la nuit. Elle entendait également des tirs à la mi-journée, non loin du centre-ville.
Les violences ont fait sept morts et 17 blessés depuis vendredi, selon les médias officiels qui n’ont donné aucun nouveau bilan depuis samedi. Des centaines de maisons ont été détruites. Mais plusieurs sources ont fait état de bilans — invérifiables — nettement plus lourds.
Ces violences confessionnelles font suite au lynchage de dix musulmans, le 3 juin, par une foule de bouddhistes en colère dans le sud de l’Etat Rakhine — autrefois appelé Arakan — qui voulait venger le viol d’une femme. L’ONU a commencé l’évacuation de son personnel dans les zones touchées et les Etats-Unis se sont dits lundi «très inquiets» de la situation.
La secrétaire d’Etat Hillary Clinton a appelé «instamment toutes les parties à la retenue et à mettre fin à ces attaques» et réclamé une enquête «rapide et transparente» sur les violences.
Le président Thein Sein, qui fait face à l’une des crises les plus graves depuis sa prise de pouvoir en mars 2011, avait lancé dimanche un appel au calme qui n’a pour l’heure pas été entendu.
Human Rights Watch a de son côté dénoncé sa gestion de la crise. «Les violences meurtrières en Arakan partent dans une spirale incontrôlable sous les yeux du gouvernement», a regretté Elaine Pearson, responsable adjointe pour l’Asie de l’organisation de défense des droits de l’Homme, réclamant l’envoi d’»observateurs internationaux indépendants».
Des centaines de Rohingyas ont tenté lundi de passer en bateau la frontière vers le Bangladesh, avant que les autorités du pays ne les repoussent vers la Birmanie.
Les 800.000 Rohingyas, apatrides, confinés dans le nord de l’Etat Rakhine ne font pas partie des minorités ethniques reconnues par le régime de Naypyidaw. ils sont considérés par l’ONU comme une des minorités les plus persécutées de la planète.