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L'inévitable extinction de l'étoile Modric

Mercredi 14 Décembre 2022

L'inévitable extinction de l'étoile Modric

Une étoile s'est éteinte sur la Coupe du monde: à 37 ans, le Croate Luka Modric a dit adieu à ses rêves de victoire dans le tournoi planétaire, après sa défaite contre l'Argentine en demi-finale au Qatar (3-0).

Il a quitté la pelouse du stade de Lusail à la 81 minute sous les applaudissements respectueux de plus de 88.000 spectateurs dont beaucoup d'Argentins. Au mieux, on ne le reverra plus en coupe du monde que pour l'anecdotique match pour la troisième place samedi.

Quant à son avenir en sélection, il a jusqu'ici laissé planer le doute.

Mais à ceux qui en auraient douté, le "petit prince de Zadar" a aussi confessé à mi-mot que les années avaient prises sur son corps: "Si vous avez un secret, une recette pour moi pour rester jeune, donnez-la moi..."

A 37 ans, il peut rêver d'Euro en 2024. Pour le Mondial-2026, cela semble plus compliqué.

Il va laisser un grand vide. Entre 2008 et 2021, il est le seul joueur venu perturber la mainmise Messi-Ronaldo sur le Ballon d'Or, empoché en 2018, l'année de sa finale perdue du Mondial.

Modric, c'est "un des milieux les plus complets au monde", une "vitesse fantastique", une "vision du jeu" unique, résumait Zlatan Ibrahimovic.

"Il ne perd jamais le ballon", vantait récemment Carlo Ancelotti, son entraîneur au Real Madrid, qui en fait toujours un homme de base, crucial dans la conquête de la Ligue des champions en 2022, la dernière des cinq remportées par le Croate avec le club espagnol.

Sa signature unique, c'est cet extérieur du droit, caresse aussi désuette que merveilleuse. Mais comme Ronaldo ne se résumait pas à ses passements de jambes ou Ronaldinho à sa virgule, ce geste ne suffit pas à le décrire.

Modric c'est à la fois un N°10 à l'ancienne, qui voit le jeu plus vite que les autres, un dribbleur d'exception, un combattant, un passeur capable d'adresser des transversales, des passes dans le dos des défenses ou d'effectuer le dernier geste létal, du droit comme du gauche.

Le Mondial-2018 restera son chef-d'oeuvre. Jamais il n'y eut finaliste plus surprenant que cette petite Croatie. Ce fut le tournoi des promesses remplies pour Modric.

Certes, le jeune milieu fut désigné dans l'équipe-type de l'Euro-2008, celui de son éclosion, juste avant son transfert à Tottenham depuis le Dinamo Zagreb. Mais vinrent ensuite les vaches maigres.

Tout aurait pu mal finir en huitièmes de finale quand il a manqué le penalty de la gagne contre le Danemark (1-1 a.p.), ce qui ne l'empêchera pas de retenter lors des tirs au but.

"Je savais la pression qui pèserait sur moi si je manquais encore", a-t-il raconté dans la série Captains, produite par la Fifa. Plein centre, il gagne son face-à-face avec le gardien Kasper Schmeichel.

Car une autre caractéristique de Modric, c'est son mental. Qui peut surprendre tant il trimballe une image de grand timide hors des terrains. "Je n'aime pas trop parler de moi, c'est comme si je la ramenais. Mais j'ai toujours eu le sentiment d'être un leader", dit-il.

Ce que confirment ses compatriotes, les "sénateurs" de 2018, Demagoj Vida, Dejan Lovren, Ivan Perisic, comme la nouvelle garde.

"Luka n'a pas besoin de crier pour que nous l'écoutions", résume Andrej Kramaric. "Voir des gens comme Luka Modric courir et +mourir+ sur le terrain donne aux jeunes une énergie supplémentaire", renchérit le latéral Josip Juranovic.

"Dans ma carrière, rien ne m'a été donné facilement", explique Modric dans la série Captains. A Tottenham comme au Real, il y eut des doutes initiaux mais Modric a toujours fini par s'imposer.

Cette force de caractère, Modric la puise dans son histoire personnelle, celle d'un petit réfugié fuyant les massacres de la guerre d'indépendance croate (1991-95).

"Le football nous permettait de nous évader de tout ce qui se passait autour", se souvient-il. Ses proches racontent le gamin qui jouait sur l'asphalte devant l'hôtel de Zadar où la famille avait trouvé refuge. "Quand je regarde mes photos enfant, j'avais toujours un ballon."

De cette période, Modric garde une profonde blessure. La mort de son grand-père, son homonyme, avec qui, raconte-t-il, il passait des journées dans les montagnes surplombant la côte dalmate. "Je suis triste qu'il n'ait pas vu au moins une partie de ce que j'ai fait."

 


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