L’homme d’Etat tchèque Frantisek Bublan : Le plan d’autonomie proposé par le Maroc peut apporter une solution pacifique et assurer un avenir prospère pour toute la région


Propos recueillis par Mehdi Ouassat
Samedi 23 Septembre 2017

Ancien ministre de l’Intérieur de la République tchèque et ex-directeur du Service
de renseignement civil, Frantisek Bublan préside actuellement le Comité des affaires étrangères sur la défense et la sécurité au Parlement tchèque.
Il nous livre sesimpressions sur de  nombreux sujets, notamment les relations maroco-tchèques, les domaines de coopération entre les deux pays, la lutte antiterroriste, ou encore la nouvelle politique migratoire du Maroc.


Libé : Que pensez-vous de l’évolution des relations maroco-tchèques ?
Frantisek Bublan : Les relations entre nos deux pays sont d’un très bon niveau. C’est d’ailleurs ce qui découle de tous les entretiens que nous avons eus aux niveaux du Parlement et du gouvernement. Je peux vous assurer qu’il n’y a aucun problème qui puisse entacher ces relations.

Comment, à votre avis, peut-on renfoncer les relations bilatérales, en particulier au niveau de la diplomatie parlementaire ?
La diplomatie parlementaire est une étape introductive où il est important de se rencontrer souvent pour mieux se comprendre et se connaître pour ensuite transmettre les informations nécessaires aux hommes d’affaires, aux ministères de l’Industrie et de la Santé, entre autres, qui, à leur tour, peuvent contribuer à la réalisation de projets de coopération sur le terrain.

Que pensez-vous de l’expérience pionnière du Maroc dans la lutte antiterroriste ?
Selon nos informations, le Maroc a obtenu un grand succès en matière de lutte contre le terrorisme. C’est grâce à une coopération de qualité que le Maroc développe avec l’Espagne, la France et d’autres pays non seulement au niveau des services de renseignements mais les services de police également.

A ce sujet, quels sont les moyens à même de promouvoir la coopération en matière de défense entre le Maroc et la République tchèque ?
Disons que sur le terrain, dans les affaires de lutte contre le terrorisme, la coopération du Maroc avec l’Espagne et la France est beaucoup plus utile et donne davantage de résultats au niveau des affaires en cours et des affaires pendantes. Mais nous pouvons coopérer dans d’autres domaines tels que celui de l’équipement d’autant plus que nous avons une industrie de l’armement de très bonne qualité.
Lors de cette visite au Maroc, nous avons d’ailleurs discuté avec secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale d’une possible coopération dans le domaine de la cybersécurité.  

Les relations de coopération maroco-tchèques se diversifient pour englober différents secteurs, y compris celui de la santé, notamment au niveau de la technologie médicale et l’infrastructure hospitalière. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?
La coopération en matière de santé entre le Maroc et la République tchèque existe depuis un bon moment dans le cadre du projet «MEDEVAC». Lequel projet bénéficie du soutien de l’Etat tchèque et au cours duquel des médecins de notre pays sont venus diagnostiquer des maladies infantiles, offrir des médications nécessaires, sans oublier de dispenser une formation au personnel médical marocain dans différentes spécialités.

Un autre secteur et non des moindres se développe de plus en plus entre les deux pays, en l’occurrence le tourisme. Il y a 4 ou 5 ans, seuls 5000 touristes tchèques avaient visité le Maroc, mais depuis un an on évoque le chiffre de 20.000 personnes. Comment expliquez-vous cet engouement des touristes tchèques pour le Maroc ?  
C’est une question de l’offre et de la demande. Le Maroc se positionne  aujourd’hui en tant que destination très prisée puisque de nombreux touristes choisissent désormais le Maroc alors qu’ils étaient des inconditionnels de l’Egypte ou d’autres destinations.

Le Maroc peut-il servir de passerelle entre la République tchèque et d’autres pays africains ?
Très certainement. Nous considérons le Maroc comme un pays très ouvert à la fois sur l’Union européenne et les pays africains. Il jouit d’une stabilité politique et d’un processus démocratique avancé. De ce fait, il est en mesure de servir de passerelle vers l’Afrique et de faciliter les échanges de la République tchèque avec les pays africains.

Que pensez-vous de la nouvelle politique migratoire du Maroc ?
Personnellement, j’apprécie beaucoup cette nouvelle politique. J’estime que  Sa Majesté le Roi Mohammed VI  a opté pour une solution très sage. Sur le long terme, je pense que cette politique portera ses fruits non seulement sur le plan humain mais également en termes de développement pour le Maroc. Le Royaume peut servir d’exemple à certains pays européens qui continuent à émettre certaines réserves sur la question.

On constate pourtant que la République tchèque fait partie des pays qui s’opposent aux quotas obligatoires de répartition des migrants établis par l’UE en 2015. Le président tchèque avait d’ailleurs décrit l’afflux des migrants d’Afrique et du Moyen-Orient comme une «invasion organisée» et avait même déclaré que l’accueil des réfugiés exposerait votre pays aux risques d’attentats terroristes tels que ceux perpétrés en France et en Allemagne. Qu’en pensez-vous ?

Le président de la République exprime des opinions assez particulières. Je ne vais pas les commenter parce que des décisions sont prises au niveau du gouvernement. Mais nous avons la volonté d’aider les gens dans le besoin, en particulier les réfugiés de Syrie et d’Irak. Nous apportons d’ailleurs une aide financière assez consistante à la Jordanie et au Liban qui ont accueilli des milliers de réfugiés. Comme vous le savez, les réfugiés en général ne consentent pas à rester sur notre territoire mais préfèrent plutôt s’installer en Allemagne. Donc, en principe, nous ne sommes pas contre mais il semble que ces quotas ne fonctionnent pas correctement.
Mais cela ne veut pas dire que ce n’est pas un problème intérieur dans notre pays, car certains politiques en font un fonds de commerce et l’exploitent à des fins électoralistes. Donc, même si la problématique paraît difficile,  il est impératif de lutter contre ces tendances xénophobes que certains tentent d’exacerber.

En ce qui concerne la première cause nationale, à savoir celle des provinces sahariennes du Maroc, que pensez-vous du plan d’autonomie proposé par le Royaume ?
En ce qui concerne la position de la République tchèque, bien que notre gouvernement observe une neutralité à ce sujet, nous soutenons ce plan et pensons qu’il peut apporter une solution pacifique et assurer un avenir prospère pour toute la région. Tout séparatisme qui produit des tensions et autres conflits ne profite à personne et d’ailleurs, même le Conseil de sécurité de l’ONU et la communauté internationale soutiennent ce plan d’autonomie proposé par le Maroc. 


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