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L’état de Casablanca étrangle Casa Finance City4

Nécessité de rebâtir la cité et de la doter des ressources nécessaires


Meyssoune Belmaza
Vendredi 15 Août 2014

L’état de Casablanca étrangle Casa Finance City4
Ce n’est pas demain la veille que le Maroc deviendra un Dubaï bis ! Près de sept années se sont écoulées et la réalisation du projet CFC (Casa Finance City) tarde à voir le jour. Lancée en 2008, cette initiative qui nourrissait l’ambition de faire du Maroc un hub pour les flux financiers internationaux en direction de l'Afrique fait face à moult obstacles qui ont trait principalement au côté législatif ainsi qu’à des fondamentaux économiques (bourse, immobilier, fiscalité...).
Dans sa dernière note sur «l’attractivité au Maroc», le Centre marocain de conjoncture (CMC) a mis en exergue ce projet prometteur certes mais qui, rappellent les experts de cet Observatoire indépendant et privé, traîne encore les  pieds.
Dans la foulée, l’analyse de l’Institution de recherche et d’études précise que l’enjeu du projet est de faire du Maroc le pôle financier pour les vingt cinq économies de la région GNWA (Afrique du Nord, de l’Ouest et Centrale). A fin mai 2014, ajoutent-ils, 43 entreprises ont obtenu le statut CFC qui ouvre droit à un paquet d’avantages tant fiscaux qu’en matière de change ou de Doing Business. La visée étant de renforcer la compétitivité de l’économie nationale via l’offre exportable des services financiers en faisant de l’intermédiation entre les pays africains à la recherche de financements et les capitaux transnationaux en quête de placements rémunérateurs. En revanche, souligne le bulletin du CMC, si le pays dispose d’atouts indéniables susceptibles de l’aider à concrétiser ce projet, il n’empêche que beaucoup reste à faire…
A ce propos, une interrogation demeure en suspens : peut-on réellement être attractif aux yeux du capital étranger sans un renforcement des capacités industrielles du pays?
Mais au-delà des capacités industrielles, Nabil Adel, consultant et professeur d’économie, de stratégie et de finances, insiste pour mettre en relief la manière dont le projet a été conçu et le cafouillage dans son exécution. Dans cet ordre d’idées, il rappelle «qu’un centre financier international se réfère le plus souvent à «une grande cité abritant, au sein d’un écosystème, tous les intervenants de la finance et permettant, par les synergies qu’elle offre, un fonctionnement optimal du marché financier». Pour faire d’une agglomération un hub financier, précise-t-il, il faut donc régler le problème de la ville et celui du marché financier.L’intérêt de faire de Casablanca un hub financier régional n’est évidemment pas à démontrer, modère-t-il, avant de relever que ce qui est, par ailleurs, critiquable, c’est de lancer un méga-projet d’abord avant de se rendre compte plusieurs années plus tard que la ville qui doit l’abriter n’en a pas les moyens ! Alors qu’il suffisait, selon lui, au préalable de la moindre étude de faisabilité sérieusement menée qui aurait eu le mérite de dévoiler cette grosse lacune et nous faire éviter tant de retards et économiser des fonds. Faire du CFC, la plaque tournante des flux internationaux en direction de l’Afrique, c’est bien beau mais la nuance, de découvrir les déficiences de la gestion de Casablanca, est de taille. Ville dont, tient-il à souligner, un simple tour suffit pour nous renseigner sur son état de délabrement avancé!
Lorsque l’on sait que Dubaï est classée 25ème cité financière, Paris 29ème et Madrid 54ème, il est aisé de se faire une idée sur le niveau d’exigence de tels projets et du chemin restant à parcourir. Il est, en effet, plus facile de doter une ville d’une industrie de pointe que d’un tel centre lancé en grande pompe!
Et d’après le site électronique d’actualités «Le360», une partie de ce grand apparat, a servi à engager Dominique Strauss-Kahn en tant que consultant. En fait, toujours d’après le journal électronique, Saïd Ibrahimi, directeur général du Morocan Financial Board, société gestionnaire de Casablanca Finance City, s’était offert en février dernier pour une coquette somme estimée à pas moins de 2,5 millions d’euros, l’ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI) pour ce poste de consultant de CFC. "Certes, DSK est un spécialiste émérite de l’économie et plus précisément de l’économie politique, mais la mission et la vocation de CFC nécessitent un profil davantage rompu à la finance, et même aux aspects techniques de la finance, qu’à l’économie", explique-t-on sur la Toile.
Par ailleurs, si d’aucuns s’accordent à dire que CFC est une place financière qui vise à faire de Casablanca un hub régional pour les banques d’investissements et opérateurs liés aux activités de gestion d’actifs, de conseil et financement, ainsi qu’aux activités d’assurance, le consultant Nabil Adel appuie avec ferveur que pour ériger le Maroc en véritable centre financier régional, il faut bâtir une cité ad hoc sur de nouvelles bases et la doter de toutes les ressources nécessaires notamment une bourse régionale, un quartier d’affaires (aux normes internationales des centres financiers, en termes urbains, technologiques et fonctionnels…), un pôle scientifique (où se trouveraient des universités marocaines et internationales ainsi que les meilleurs centres de recherches spécialisés dans les questions africaines), des cités résidentielles (offrant un cadre de vie agréable avec écoles primaires et secondaires, centres de loisirs et d’attraction et installations touristiques...) et un raccordement aux principales villes du pays (par l’extension de la voie ferroviaire, la construction d’une autoroute Nord-Sud et l’agrandissement de l’aéroport de la ville). Du pain reste sur la planche en somme pour ces travaux qui s’apparentent aux douze d’Hercule!


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1.Posté par soummia le 14/08/2014 22:20
Avec l 'exode rurale, l 'insécurité et les boukhocha c 'est comparer une poubelle à dubai

2.Posté par Khalid le 15/08/2014 15:36
Pas la peine d'aller aussi loin; l'ouverture d'une simple laiterie est problématique. Pour les grands projets, l'effet d'annonce est souvent dévastateur.

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