L’animation pédagogique d’un Centre de documentation et d’information au Maroc : De l’allant et de la persuasion pour proposer sans imposer


Par DRISS BADIDI *
Vendredi 18 Décembre 2009

Un C.D.I (Centre de documentation et d’information) ou Centre de ressources est un centre chargé de traiter, de diffuser et de conserver les documents de toute nature et de tout support pour un public particulier à la recherche d’informations spécifiques.
Ainsi, le C.D.I est-il appelé dans l’avenir à constituer un centre autour duquel s’organise la vie d’un établissement scolaire. Au Maroc, malgré les efforts louables des responsables, le C.D.I est encore loin d’atteindre les objectifs qu’on lui assigne. La responsabilité d’un CDI est confiée à un documentaliste censé assumer plusieurs tâches.
1. Une fonction de gestion qui suppose une organisation du fonds documentaire, la mise à disposition de ce fonds, le contrôle du centre et une organisation adéquate du temps.
2. Une fonction pédagogique en apprenant aux élèves l’organisation du centre, un comportement à l’intérieur du centre en les initiant à trouver, seuls, les documents et à développer chez eux une méthodologie de travail et de recherche, en les aidant à s’approprier l’information, à les responsabiliser aussi, en invitant les professeurs à collaborer pour définir des activités.
3. Une fonction de communication, en gérant l’espace par une signalétique adéquate et en définissant des axes de communication avec tous les acteurs de l’établissement et en dehors de celui-ci.
4. Une fonction d’animation, capitale pour la vie d’un C.D.I.
Un C.D.I, faut-il le rappeler, est un lieu public. Veiller à sa propreté, à son aération est important. Créer des espaces de présentation et permettre la mobilité et la spontanéité des élèves, les motive et les attire davantage. Un C.D.I est aussi un espace de liberté responsable. Animer, c’est savoir gérer cette liberté.
r L’animation pédagogique
Tous les dictionnaires s’accordent à définir l’animation comme l’action de donner la vie, de mettre de la vivacité et du mouvement. Faire de l’animation dans un CDI, c’est mener une action éducative en relation avec les objectifs définis par les textes officiels. Si instruire, c’est apprendre quelque chose à quelqu’un et communiquer un savoir organisé, éduquer, c’est ajouter à ce savoir un apport personnel dans la perspective de la formation aux moyens desquels on peut s’instruire et s’éduquer.
Animer, c’est travailler en commun avec tous ceux qui prennent part à l’œuvre éducative (chef d’établissement, enseignants, etc). Un travail de proximité, dans un cadre sérieux et convivial en même temps.
Il faut aussi faire la part des choses entre l’animation pédagogique d’un CDI et l’animation socio-culturelle des groupes d’adultes qui cherchent à passer leur temps agréablement après une journée de travail mais intelligemment.
Il est vrai, quoiqu’on puisse adopter la démarche d’un animateur de groupes d’adultes de style laxiste, surtout lors des visites de galeries d’art, de musées, de zoos, de salons du livre, d’expositions, de rencontres avec des artistes, des écrivains, etc. L’animation pédagogique garde toujours en vue les finalités et les objectifs fixés par les textes officiels, à la différence d’autres animations.
L’animation, c’est l’adaptation aussi étroite que possible à son milieu, une meilleure intégration au groupe surtout quand on a affaire à une tranche d’âge pour qui discuter, débattre, échanger, communiquer, controverser et chahuter même est une exigence des plus naturelles, une occasion de s’affirmer.
D’où la nécessité de permettre une réelle participation. Les élèves ont un engouement particulier pour les techniques, supports de l’animation ; d’où l’intérêt pour le documentaliste de les utiliser et d’associer les élèves (T.V., vidéo, diapositives, magnétophone, radio-scolaire…), pour l’expression artistique (chant, peinture, théâtre…), pour les techniques visuelles et graphiques (affiches, panneaux, photos, revues, journal mural, etc.). L’animation suppose une préparation avant chaque séance, une évaluation et une analyse permanente des activités entreprises après chaque séance. L’animation exige une connaissance de soi-même et de ses propres possibilités et s’inscrit en contre-champ de la routine et des stéréotypes.  Les problèmes de l’animation ne manquant pas : carence des moyens et des outils. Mais la plupart des difficultés émanent d’une perception imprécise de ce que signifie l’animation, d’une vision floue des objectifs pédagogiques, d’un manque de motivation et d’imagination.
On peut y remédier en s’intégrant dans un réseau et en cherchant un partenariat quelconque.
r Profil du documentaliste-animateur
Accueillant, chaleureux, c’est l’agent de la communication par excellence. Il conçoit, organise et encadre des actions d’animation.
Ses qualités premières : de l’allant, de l’ardeur et de la persuasion. Il cultive les capacités de proposer sans imposer. Il propose des situations qui mettent en activité les élèves et moins il « travaille », plus les élèves apprennent. Il doit être instruit des problèmes scolaires de l’éducation et même donner la parole aux élèves, pour exprimer leurs problèmes et préoccupations personnelles.
Il doit en même temps avoir une connaissance très souhaitable des ressources de l’animation : (mass-media, cinéma, multimédia…). L’animateur doit être à l’écoute des élèves qui ne maîtrisent pas la langue pour s’exprimer mais s’expriment autrement : par des attitudes posturales, des moues, des mimiques et des gestes, pour mieux répondre à leurs besoins et attentes. En cela il doit être très coopératif, amical, sympathique et veiller à garder l’enthousiasme et le « tonus » du groupe.
L’animateur est l’intermédiaire qui suscite les initiatives des élèves, celui qui les entraîne à augmenter leur participation et leur production. L’animateur n’est pas celui qui sait tout et apporte les réponses à toutes les questions. Il est celui qui cherche avec les élèves et tous les acteurs de l’activité éducative et pédagogique, admet ses erreurs, donne la possibilité au groupe qu’il anime de trouver les réponses et les solutions exactes. Il est celui qui entre en relation avec les élèves en acceptant d’être soi-même. L’animateur doit bien gérer son temps et veiller à suivre chaque fois que l’occasion se présente des stages et des expériences pratiques de formation en pédagogie de l’animation.
r Elèves autonomes
Il encourage les échanges, la création de groupes de travail et de recherche, se tient à la disposition des professeurs et des élèves pour réaliser avec eux des expositions ou des présentations de documents.
Il aide les élèves à créer des clubs (échecs, scrabble, etc.) et les associe même à la gestion de certaines tâches au sein du CDI. Un bon documentaliste-animateur se situe hors hiérarchie, aussi bien du côté des professeurs que du côté des élèves, dans une relation où l’autorité est exclue. Il apparaît aux uns et aux autres comme un médiateur, un conseiller, un animateur de groupe.  L’animateur n’est pas un collectionneur de recettes infaillibles mais une personne, qui inspire le changement dans les groupes qu’il anime. Il doit être au courant de l’évolution de sa société et du monde.  La finalité de l’animation consiste à rendre les élèves autonomes mais interdépendants, à leur faire découvrir les moyens d’établir avec d’autres groupes et d’autres personnes des relations favorables à leur épanouissement et à la compréhension mutuelle.
L’animateur travaille à devenir inutile.  « Réussir » pour lui signifie : faire en sorte que les groupes qu’il a animés n’aient plus besoin de lui.             

* Documentaliste – animateur,
lycée Mohammed VI, délégation
El Fida – Mers Sultan

Types d’animation effectués à Casablanca

- Exercices rituels : dictionnaires, encyclopédies surtout au début de l’année scolaire.
- Confection de dossiers et divers collages : recherche thématique sur les questions brûlantes de l’heure (sida, pollution, etc.).
- Exercices de groupe : expositions tournantes : Bandes dessinées par exemple (plusieurs établissements) avec l’Institut français – Expériences simplifiées de physique.
- Sorties et visites : Salons du livre, expositions dans des galeries, bibliothèque des centres culturels, F.I.T.U.C, etc.
- Travail en réseaux : invitation des élèves à se déplacer dans d’autres C.D.I pour rechercher les documents qu’ils ne trouvent pas dans le leur.
- Autres activités : Initiation à la peinture, chant solfège, théâtre, etc. Invitation d’écrivains, d’artistes, de médecins pour donner des conférences.
- Activités pédagogiques : participation régulière des animateurs aux séminaires.
- Activités de soutien aux élèves pendant la période des examens en collaboration avec les professeurs.
- Contacts permanents entre les documentalistes des réseaux.
- Participation interactive : projet académique – ateliers d’écriture : conte, nouvelle, poésie.
- Technologies modernes : exploitation de l’audiovisuel, de la radio-scolaire, enregistrement audio, interviews par exemple. Projection de documentaires et de films. Informatique : exploitation de l’informatique : - Oued Eddahab, Rabéa, Adaouia, Kastalany, entre autres.
- Internet dans plusieurs écoles, collèges et lycées.
- Production de courts métrages éducatifs.


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