L’amélioration de l’arboriculture s’impose


ENTRETIEN REALISE PAR IDRISS OUCHAGOUR
Lundi 9 Mars 2009

L’amélioration de l’arboriculture s’impose
Dans la commune
de Tassrirt relevant 
de Tafraout,
Taghawt qui est connu pour sa légendaire
culture arboricole
dont l’amandier occupe la première place, n’est qu’une illustration grave malaise qui affecte  l’amanderaie locale.
Entretien avec Mohamed  Al Allami Ouddane,
chef de service de 
la Direction de
la production agricole
à Tiznit


Libération : Comment réagit votre direction à  la dégradation effrénée dont souffre l’amanderaie dans la région de Tiznit?

Mohamed Al Allami Ouddane :  Evidemment, cette situation alarmante nous interpelle. Nous ne sommes pas restés les bras croisés. Nous avons entrepris nombre d’actions qui visent la sauvegarde de ce patrimoine arboricole. Entre 1996 et 2000, par exemple, nous avons réalisé un projet-pilote  au niveau de la province qui s’attelait à  l’entretien et la lutte contre les maladies qui s’attaquent aux amandiers. Cela englobe, entre autres, la sensibilisation des paysans quant aux techniques de taille, des travaux de sol et des soins à prodiguer contre les infections dont souffrent ces arbres.  Et dans la foulée, nous avons distribué le matériel de taille et celui de traitement   menu des produits phytosanitaires. Le projet s’intéressait aussi à l’incitation des agriculteurs à s’organiser au sein de structures associatives (coopératives notamment) pour bénéficier de manière optimale de notre  assistance et aussi   pour la valorisation de ce produit. Dans ce cadre, il faut signaler que plus de 4000ha d’amandiers sont traités par nos soins. Mais il faut avouer, par contre, que l’impact de ces actions sur cette filière n’a pas  atteint le résultat escompté. En raison de la succession de plusieurs années de sécheresse qui ont frappé la région. Voilà pourquoi, il s’est avéré a posteriori  que ces actions ont  péché par le fait que ce projet n’a pas pris en considération la problématique de l’eau. Il faut avoir le courage de  le dénoncer  aujourd’hui.

La filière arboricole locale des amandiers  est-elle prise en compte par le Plan Maroc Vert ?

Oui. Et on peut dire que le Plan Vert est bénéfique pour cette filière et son amélioration, dans le mesure où ce nouveau projet a le mérite de ne pas oublier  dans son approche le problème de manque d’eau récurrent dont pâtit  la région. Parce que le grand écueil au développement et à la sauvegarde des amandiers dans cette zone reste la non-disponibilité d’eau d’irrigation. La superficie des amandiers concernée par le Plan Maroc Vert est de 6000 ha, répartie entre Anzi (2000 ha) et Tafraout (4000 ha). Plus de 7000 agriculteurs seront bénéficiaires des actions de ce plan. Un budget de 46 millions de dirhams est  alloué à cet effet sur 3 ans et permettra la création de 200.000 jours de travail à l’horizon 2020.
D’autre part, une étude sera faite durant la première année d’application de ce Plan, qui aura trait à la mobilisation des ressources en eau (notamment les eaux superficielles). A cet effet, trois barrages collinaires sont programmés dans les différentes régions de Tiznit à déterminer par les études qui seront menées. En plus, vingt-cinq  forages de points d’eau seront réalisés à travers la province afin de permettre l’amélioration de la mobilisation de l’eau souterraine et donc  l’extension des périmètres plantés d’amandiers irrigués.
Des bassins d’accumulation vont être  construits également et des camions-citernes seront mis à la disposition des associations agricoles pour les besoins d’irrigation pendant les deux premières années de l’exécution du Plan. Une fois l’aménagement de ces infrastructures hydro-agricoles réussi, le Plan  passera à l’amélioration du volet technique. Lequel vise dans son action la sauvegarde des amandiers et l’amélioration du rendement. Cela concerne l’aménagement des impluviums autour des arbres pour la rétention des eaux pluviales; c’est une opération d’une importance cruciale eu égard à la  nette régression des terres labourées. S‘ensuivent  la taille et les soins. A cela s’ajoutent  la  densification du peuplement par l’augmentation de nombres d’arbres plantés dans l’hectare, l’arrachage et l’abattage des plantes malades  et mortes et leur remplacement par des variétés adaptées au climat et à la terre de la région.  Toutes ces opérations sont assumées par le  Plan. Lequel prévoit, d’autre part,  la distribution de ruches dans les zones concernées pour favoriser et optimiser la pollinisation. Bref, le  plan projette ainsi de doubler le  rendement  actuel  évalué à  0,7 quintal d’amandes décortiquées par  hectare, et qui est jugé très faible. Ce qui fera passer la production d’amandes dans la province, selon nos prévisions, de 90 à 600 tonnes d’ici 2020. Et cela permettra de pouvoir créer ainsi des coopératives de valorisation et de conditionnement du produit. Les agriculteurs  verront par conséquent   l’augmentation de leurs revenus.

Beaucoup d’expériences et tentatives  ont été opérées avant, pour promouvoir cette filière et la protéger sans vraiment prendre. Croyez-vous que le Plan Vert réussira là où les autres actions ont échoué?

Je suis optimiste. Quitte à le répéter, les autres programmes incriminés ont fait beaucoup confiance à la clémence du ciel pour réussir et se sont concentrés davantage sur les questions techniques aux dépens de ce paramètre. Or, il s’est avéré que la rareté d’eau est une donne structurelle dans la région et il faut faire avec, dans tous les projets agricoles à réaliser dans cette zone. Le Plan Vert mobilise des moyens énormes pour surmonter cette difficulté. C’est un programme ambitieux et pragmatique  qui prend en compte des contraintes. En ne visant pas uniquement l’amélioration du rendement par l’extension des superficies plantées d’amandiers, mais aussi la sauvegarde de l’existant qui ne cesse de se dégrader. Mieux, le Plan va plus loin.  Il n’accompagnera pas  les paysans  uniquement en amont, mais aussi en aval, c’est-à-dire pour la valorisation du produit. Et c’est là où doit aussi résider la pertinence de son approche.



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